Électricité : la dépense publique jugée insuffisante et irrationnelle

Jeudi 31 Mai 2018 - 19:45

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La Banque mondiale a estimé, dans une analyse, que pour garantir une meilleure efficacité, le pays est invité à se doter d’une véritable politique nationale dans le secteur et à résoudre l’épineux problème du déficit énergétique de l’opérateur public, la Société nationale d’électricité (Snel).

Dans son analyse, la Banque mondiale (BM) révèle que, pour l'heure, la majorité de la dépense d’investissement du secteur de l’électricité s’effectue essentiellement sur la base des ressources externes. On sait, par exemple, que cette institution financière a investi plus de 1,5 milliard de dollars américains dans les infrastructures et autres centrales énergétiques au cours des dernières années. « Les interventions financées par les partenaires bilatéraux et multilatéraux ont permis d’augmenter de près d’un tiers la capacité de production disponible depuis 2010 », souligne la BM.

Outre les ressources externes, la Snel a recouru à des partenariats publics privés (PPP). Quant au budget national, il demeure insuffisant et confirme en tout cas un retard accumulé par le pays au niveau de la mobilisation des financements à orienter vers le secteur des infrastructures : technologies de l’information et de la communication, énergie, routes, eau et assainissement. « Le niveau d’investissement sur ressources propres a été en moyenne de 1,2 million de dollars américians sur une période de plus de 6 ans, soit entre 2006 et 2013 », précise l'institution de Bretton Woods. 

En comparant la situation de manière périodique, la capacité de la Snel est passée progressivement de 48 % en 2010 à 64 % en 2014, soit une évolution positive de la disponibilité. Les travaux ont visé la fiabilisation de l’électricité, notamment dans le cadre du Projet de marché d’électricité pour la consommation domestique et à l’exportation. A ce stade, près de 35 % de la capacité installée n’est pas disponible. «  La consommation d’électricité par habitant n’était que de 110 kWh/personne pour l’année 2014, un niveau resté plus ou moins le même depuis. Ce niveau est largement inferieur à la moyenne africaine pour la même année se situant à 488 kWh/personne et à la moyenne mondiale de 3 100 kWh/personne », indique-ton.

Au regard de ces chiffres désastreux, il est inutile de parler d’un déficit criant d’électricité en RDC. Dans son analyse, la BM touche du doigt plusieurs problèmes à résoudre. Les coûts d’exploitation et de maintenance dépassent déjà les recettes de la Snel et participent ainsi à creuser davantage son déficit. Si le plan de l’entreprise a prévu une flexibilité tarifaire et un plan d’investissement au cours de la période 2012-2016, il faut constater que la Snel ne dispose pas d’un quelconque pouvoir de négociation des tarifs avec les privés. Avec ce handicap dans un marché libéralisé, il lui sera difficile de baliser suffisamment le terrain pour promouvoir les PPP d’autant plus qu’elle se trouve souvent en position de faiblesse.
Plus loin, la BM déplore un problème de traçabilité et de cohérence des investissements du secteur énergétique. Elle explique que les investissements à la Snel ne sont pas soutenus par une planification énergétique. « L’essentiel des investissements depuis 2006 a été financé sur ressources externes en dehors de toute politique énergétique définie », fait savoir la BM. 
L’absence d’un tel outil ne permet pas de mieux coordonner les interventions des partenaires extérieurs et d’évaluer, le cas échéant, l’impact réel des différentes actions. Entre-temps, la société s’était dotée d’un plan d’entreprise 2012-2016 jugé à la fois « réaliste » et trop « optimiste ». En effet, ce plan prévoyait des actions et projets ainsi que des stratégies managériales et une mobilisation de financement dans des sites où ses activités sont inexistantes ou faibles. Nous y reviendrons.      

 

 

 

Laurent Essolomwa

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