Emergency, ONG italienne, tire les leçons de sa lutte contre Ebola

Samedi 24 Octobre 2015 - 13:52

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Spécialisée dans l’urgence sanitaire, l’ONG italienne s’est dépensée sans compter en Sierra Leone pour y combattre avec succès le virus Ebola

L’épidémie d’Ebola n’est pas vraiment totalement éradiquée dans les trois pays d’Afrique de l’Ouest où elle a sévi l’an dernier, mais les scientifiques et les humanitaires peuvent souffler. Le nombre d’infections a opéré un spectaculaire reflux, et l’OMS a pu même déclarer la maladie totalement disparue d’un pays comme le Libéria. En Guinée, quelques poches subsistent dans des zones rurales reculées, mais elles y sont sous contrôle.

Même constat dans un pays comme la Sierra Leone, qui a été celui dans lequel l’ONG italienne Emergency s’est investie et a remporté ses résultats les plus éclatants. À commencer par la guérison de son propre médecin infecté Fabrizio Pulvirenti, rapatrié en avion médicalisé à l’hôpital romain spécialisé Spallanzani. Le mode opératoire autour de ce malade a ensuite fourni un protocole d’action imité par tous les autres pays qui ont été confrontés au rapatriement de leurs concitoyens infectés : Grande-Bretagne et Etats-Unis d’Amérique en particulier.

Aujourd’hui, l’organisation italienne peut tirer les leçons de son expérience sur le terrain, et elle le fait avec quelque autorité. Entre novembre 2013 et le milieu de cette année Emergency a vu passer un bon nombre des malades de cette pandémie, ensuite guéris. Signalons qu’Ebola en Afrique de l’Ouest ce sont 28.000 malades en tout et 11.000 morts en près de deux ans. Une première leçon à tirer est que « les malades d’Ebola doivent être soignés, pas isolés seulement », a réaffirmé Gino Strada, le fondateur d’Emergency au cours d’une exposition sur Ebola à Rome.

Les humanitaires italiens dénoncent aussi « un racisme ». Auteur du livre de témoignages « Zone Rouge » Alessandro Bertani, vice-président d’Emergency, souligne que « dans les pays riches, personne ne se préoccupe de savoir qui est né dans la mauvaise zone où on ne peut se soigner, où il n’y a pas les moyens ni les disponibilités économiques pour cela. Ebola vaincu? Non, seulement contenu. Je rappelle que le virus existe depuis 1976, même si la grande épidémie a été jusqu’ici celle de l’année dernière. Beaucoup des malades guéris ont été soignés sur place quand ils étaient des nationaux, alors que les expatriés prenaient le chemin des structures modernes en occident », a-t-il relevé.

Pour lui, c’est le racisme qui explique la persistance de ce virus : « il y a racisme à affronter les problèmes des pays pauvres. Comme personne n’allait sur place pour soigner ces malades, on les transportait vers les centres de santé locaux. C’est ce qui a contribué à diffuser le virus. Les routes et les veillées funèbres ont été les vecteurs principaux pour la diffusion d’Ebola. Ce virus est fascinant à observer d’un point de vue scientifique, mais il est d’une terrifiante capacité à tuer », a relevé Bertani. Pour Emergency, un mal comme Ebola a été même à l’origine d’un début de xénophobie même dans un pays comme l’Italie.

Lucien Mpama

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