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Environnement: le véritable combat commence

Samedi 1 Avril 2017 - 17:33

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Que cela plaise ou non aux esprits nobles et généreux qui tentent depuis des décennies d'ériger la protection de la nature au sommet des préoccupations humaines la bataille est d'ores et déjà perdue. Une preuve, nouvelle et accablante, vient d'en être donnée lorsque le nouveau Président des Etats-Unis, le milliardaire Donald Trump, a annoncé sans prendre la moindre précaution de langage qu'il allait remettre en question les dispositions prises par son prédécesseur, Barack Obama, au sortir de la Conférence de Paris sur le climat - COP 21 -. Et ce n'est probablement que le début d'un rétropédalage général qui verra les grandes nations industrielles revenir l'une après l'autre en arrière, sous des prétextes divers, afin de préserver les gigantesques acquis que leur a procurés l'exploitation abusive des ressources naturelles de la planète dans les siècles antérieurs.

Doit-on pour autant sombrer dans le pessimisme et considérer que l'espèce humaine vit ses derniers instants ? Assurément non car, fort heureusement, les atteintes portées à l'environnement le sont par une minorité de nations qui rassemblent, grosso modo, un tiers de la population mondiale et n'occupent guère que le cinquième ou le sixième de la surface terrestre. Concentrées dans l'hémisphère nord les activités polluantes qui dégradent l'environnement ont, certes, des effets négatifs sur l'hémisphère sud, mais elles n'y mettent pas la vie des peuples en danger car la nature y demeure largement intacte. Pour l'instant du moins.

De ce qui précède ressortent deux conclusions majeures que les nations de ce qui était jadis appelé le Tiers-Monde feraient bien de tirer sans trop attendre.

° La première est que les pays de l'hémisphère sud devraient mieux s'organiser pour défendre eux-mêmes la nature qui les entoure. Exactement comme elles ont décidé de le faire il y a quelques jours, lors de la Conférence d'Oyo sur le Fonds Bleu du Bassin du Congo qui a vu une dizaine de gouvernements signer un Mémorandum dont les principes collent parfaitement avec cette défense. Si les nations africaines mutualisent maintenant leurs efforts pour protéger l'environnement largement intact qui est le leur, elles gagneront à coup sûr la bataille de l'émergence tout en évitant les terribles dérapages dont commencent à pâtir durement les peuples du nord.

° La deuxième conclusion est que les nations du Nord devraient contribuer beaucoup plus qu'elles ne le font aujourd'hui au travail de fourmi qu'entreprennent les nations du Sud pour se protéger des conséquences désastreuses de la suractivité industrielle. Elles devraient s'imposer d'autant plus ce devoir que leur richesse présente est largement due à l'exploitation, souvent inhumaine, des ressources naturelles africaines, sud-américaines et asiatiques auxquelles se sont livrées leurs entreprises des siècles durant. Soutenir activement les initiatives telles que le Fonds Bleu serait, pour elles, une façon noble de réparer les abus des temps antérieurs.

Il est probable que dans les années à venir la perception des causes et des effets du dérèglement climatique changera de façon radicale. Ne pouvant plus nier leurs responsabilités dans une dérive qui les conduit droit vers l'abîme les pays riches se livreront à une introspection qui les conduira tout à la fois à plus d'humilité, moins de faconde, plus d’engagement. Et, de leur côté, les pays du Sud se montreront plus exigeants dans la redistribution des richesses engendrées par l'exploitation de leurs ressources naturelles.

Oui, indiscutablement, le véritable combat pour la protection de l'environnement commence.

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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