Festival Plateau Jeune Création : Entre passion et résistance

Mardi 6 Juin 2017 - 21:09

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A Libreville, le festival Plateau jeune création, dont la cinquième édition s’est déroulée en avril dernier, est la seule plateforme professionnelle de détection, production et de diffusion des jeunes créations gabonaises spécialisée en danse. Organisé depuis six ans, son directeur artistique, Jean Rémi Ogoula Latif mène chaque année un parcours du combattant pour mobiliser les moyens et soutenir la scène locale.

Depuis 2012, Jean Rémi et son équipe de production persistent malgré l’absence de financement du festival combiné à un environnement peu propice au développement de ce secteur. Absence de salle de spectacle public, cherté des salles privées disponibles, absence d’accompagnement de l’Etat et des sponsors, manque de public. Cela ne réduit pas pour autant l’engagement des organisateurs, passionnés et attentifs à la professionnalisation des artistes locaux.

En effet, derrière ce combat existe surtout le désir avoué de Latif de « pallier le manque de visibilité du Gabon sur les scènes internationales, en favorisant la professionnalisation des artistes ». Dès lors, la formation apparait comme la condition nécessaire à la structuration des jeunes danseurs et au développement de leur écriture chorégraphique.

Tchekpo Dan Agbetou, « regard extérieur » 2017

Cette édition du festival s’est faite en présence du « regard extérieur » de Tchekpo Dan Agbetou, chorégraphe d’origine béninoise et directeur artistique de DAnsart. Deux semaines durant, le professionnel installé en Allemagne a partagé des bribes, néanmoins importantes de sa riche expérience avec plus d’une vingtaine de danseurs gabonais. Tous étant issus du milieu hip hop, la pratique de la danse contemporaine ou danse de création est récente. « Je n’ai rien contre. Le hip hop fait partie de leur corps et de leur esprit. En revanche ce qui m’intéresse, c’est qu’ils trouvent la balance entre la force et la souplesse », confie le chorégraphe ravi de la réception de son expérience. La souplesse qu’il relève a justement été au centre de la première partie de l’atelier de danse. « Elle consistait à les faire travailler sur la respiration. Dans toute discipline et dans la vie en général, la respiration est la base de tout. Je les ai amenés à être conscients de l’importance de l’échauffement avant tout exercice en leur expliquant comment s’échauffer en travaillant tout le corps. C’est une sorte de méditation qui aide à prendre confiance en soi car la confiance vient aussi de la respiration », a-t-il expliqué.

« Le regard extérieur » a marqué la seconde partie de cet atelier. Un moment privilégié où chaque compagnie de danse sélectionnée s’est livrée au professionnel en présentant tour à tour sa création avant qu’elle soit présentée sur la grande scène du festival en public. « Cela m’a permis de voir le travail qu’ils font (les danseurs. Ndlr) dans leur compagnie. Ils ont le talent et la qualité de l’improvisation. Mon rôle a été de les amener à donner une structure à cette improvisation », a précisé Dan.  Puis d’ajouter, « certaines pièces étaient très chargées et manquaient de structure et d’architecture. Du coup pour l’écriture chorégraphique, il fallait penser à la dramaturgie, à la narration en les aidant à mieux installer leurs histoires dans l’espace ».

Somme toute, les conseils avertis de ce professionnel ont permis d’installer chez les danseurs un certain recul sur leur propre travail et d’ajouter des choses qui manquaient. La différence s’est d’ailleurs fait ressenti sur scène lors des différentes représentations. Une énergie nouvelle a nourri chaque pièce renforçant l’expérience de chaque compagnie et favorisé une meilleure réception du public. Prochaine étape, la distribution de certaines de ces pièces sur les scènes internationales comme souhaité par quelques-uns des danseurs.

Meryll Mezath

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