Goma : une manifestation de la Lucha vire au drame

Lundi 30 Octobre 2017 - 17:31

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Des cas de morts ont été enregistrés le 30 octobre, dans le chef-lieu de la province du Nord-Kivu, au cours d’une manifestation organisée par un collectif d’actions de la société civile réclamant des élections d’ici au 31 décembre.   

Journée confuse et agitée que celle vécue par les habitants de Goma. Des éléments de la police déployés sur plusieurs tronçons de la ville ont eu maille à partir avec des manifestants qui, tôt le matin, ont pris d’assaut les grandes artères. Le remous était perceptible dans les quartiers nord, notamment à Majengo, Kibweti-Ville, Ndosho et Katindo où des mouvements de foule ont été observés. Les manifestants avaient répondu à l'appel à la grève du collectif d’actions de la société civile avec, au premier plan, le mouvement Lutte pour le changement (Lucha). Cette manifestation avait pour motivation essentielle la réclamation des élections, ou mieux le départ du président de la République avant le 31 décembre, conformément à l’accord de la Saint-Sylvestre.

Le déferlement des manifestants sur la route n’était pas sans conséquence. Cela a mis la ville sens dessus-dessous, créant la psychose parmi les habitants dont plusieurs sont restés terrés chez eux à la suite des accrochages entre manifestants et policiers. Écoles fermées, activités économiques tournant au ralenti, voies publiques barricadées au moyen des pierres, pneus brûlés, gaz lacrymogène, etc., un tableau quasi apocalyptique d’une ville qui tenait à exprimer son ras-le-bol face aux tergiversations des politiques à conduire le pays aux élections. Cependant, dans d'autres coins de la ville, les activités ont fonctionné normalement, apprend-on. La collusion entre policiers et manifestants a donné lieu à des échauffourées qui ont causé mort d’homme.

D’après des témoins, la police aurait tiré à balle réelle sur des manifestants. Ces derniers ont eu recours aux armes blanches et, dans la foulée de l’action, auraient ravi deux armes aux policiers. Ce qui a fait dire au général Place Nyembo, (commissaire de la police au Nord-Kivu) que des brigands s’étaient infiltrés parmi les manifestants au regard du désastre causé par cette action de rue. « Ce ne sont pas des manifestants normaux, ce sont des brigands, des bandits. Ils ont ravi deux armes de la police et nous avons réussi à les récupérer. La population doit dénoncer ces manifestants qui barricadent la route. Ce sont des malfaiteurs qui ne veulent pas que les gens puissent vaquer à leurs occupations. Il faut dire que ce sont des malfrats », a-t-il souligné.  

Dans leur furie dévastatrice, des manifestants auraient poussé l’outrecuidance jusqu’à investir un sous-commissariat de police, tuant au passage un agent en faction à coup de grosses pierres. Quant au bilan de cette folle journée, il diffère selon des sources. La société civile parle de neuf morts (six civils, deux policiers et un autre élément) tandis que des sources policières avaient fait état, en liminaire, d’un bilan provisoire de deux morts (un civil et un policier). Plusieurs manifestants ont été grièvement blessés. Pour l’heure, le calme semble revenir progressivement. La police s’emploie à évacuer les pierres déversées sur la chaussée par les manifestants.     

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

L'atmosphère dans l'un des quartiers nord de Goma

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