Hôpital Biamba-Marie-Mutombo : appel à une synergie d’actions des acteurs pour l’élimination des fistules obstétricales

Samedi 13 Décembre 2014 - 14:45

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Cela découle des conclusions de toutes les interventions faites au cours du symposium tenu à l’issue des opérations réalisées par le spécialiste et professeur en chirurgie urologique, le Dr Serigne Magueye Gueye.

Les assises tenues le 12 décembre auxquelles ont participé des professeurs, médecins, infirmiers et partenaires dans le domaine de la santé a connu trois grands exposés faits par les équipes de l’hôpital hôte, Biamba-Marie-Mutombo (HBMM) et des Cliniques universitaires de Kinshasa (CUK) ainsi que par le professeur sénégalais Serigne Magueye Gueye. Ces trois exposés ont suscité plusieurs interventions dont les conclusions ont toutes plaidé pour une synergie d’actions des différents acteurs qui interviennent dans ce domaine précis de la santé.

Les interventions de l’HBMM, portées par les Dr Youyou Tampoy et Lumingu, ont tablé sur le rapport de la prise en charge, par cette formation médicale, des femmes porteuses de fistules. Cette équipe a travaillé sur des résultats de la période 2012-2014.

Soulignant que la majorité des femmes fistuleuses reçues- dont l’âge varie entre trente et trente-quatre ans, est venue de la province du Bandundu, cette équipe a noté  un taux de réussite de quatre-vingt sept pour cent. Cependant, l’absence de suivi médical et psycho-social des femmes opérées, la faible sensibilisation de la population sur les fistules obstétriques et l’absence d’une expertise ont été considérées comme des points faibles.

La formation des médecins et infirmiers en la matière, l’accroissement de performance, l’acquisition des nouvelles connaissances, la collaboration avec d’autres structures de prise en charge, la charité manifeste de l’HBMM et l’implication personnelle de son chairman, l’ancienne star de la NBA, Mutombo Dikembe ont été considérés comme des points forts.

Une pathologie datant de l’époque coloniale

L’équipe des CUK, représentée par le Pr Mpunga, a parlé de l’historique des fistules urogénitales en RDC. Cet urologue, professeur à l’Université de Kinshasa, a donné des chiffres indiquant la situation de cette pathologie dans le pays depuis l’époque coloniale jusqu’à ce jour. L’exposant a reconnu que les chiffres présentés pourraient être loin de la réalité, étant donné le tabou qui entoure cette maladie.

Alors que son collègue de l’Université Cheik Anta Diop et praticien à l’Hôpital général de Grand Yoff, au Sénégal, Serigne Magueye Gueye, a parlé sur le rôle des acteurs en vue de l’élimination de cette affection, après avoir loué les conditions de travail au sein de cet hôpital qui l'a reçu pour ces opérations. "C'est le genre d'institutions qu'il faut ériger en Afrique, surtout au sud du Sahara", a-t-il dit en substance. En rappelant les grandes lignes de la campagne mondiale pour l’élimination des fistules obstétriques, le professeur sénégalais a appelé à explorer l’apport des uns et des autres dans la prise en charge de ces affections.

À l’en croire, cette action devra s’appuyer sur les trois axes d’intervention que sont la prévention, le traitement et la réinsertion (réintégration) sociale des femmes atteintes de cette pathologie. Pour le Pr Serigne, les défis de la prise en charge sont notamment de retrouver les femmes porteuses de cette maladie et de les orienter vers les centres de traitement, de susciter l’intérêt des praticiens dans la chirurgie des fistules obstétriques, de développer des programmes de réinsertion sociale, de pérenniser le financement des activités et de sensibiliser la communauté. Dans les exposés et les échanges qui ont suivi, tous ont reconnu que la fistule obstétrique est un réel problème de santé publique. Ils ont plaidé pour une synergie d’actions des partenaires ainsi que pour une coordination effective et efficiente.

Déjà, dans son mot de bienvenue, l’administrateur délégué de l’HBMM, Jacques Mpoy Louman, qui a salué le dévouement du personnel de son institution hospitalière et l’accompagnement du Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap), dont le partenariat a permis ces opérations et la tenue du symposium, a rassure sur la disponibilité de cet hôpital de travailler pour relever le défis de la prévention, du traitement ainsi que de la réinsertion sociale des femmes atteintes de fistules obstétriques.

Pour Dr Hamar, du Fnuap, en RDC, quarante mille femmes souffrent des fistules obstétriques, avec chaque année, trois mille nouveaux cas. À l’en croire, les fistules obstétriques sont un grand problème de santé publique. « C’est ce qui a motivé le Fnuap a lancé, en 2003, la campagne mondiale pour l’élimination des fistules », a-t-il dit. Selon ce médecin, cette action et la campagne nationale menée en 2006 ont conduit à des progrès. Ce qui ne devrait pas conduire, selon tous les participants, à baisser les bras.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Une salle d'opération de l'HBMM