Infrastructures : la société civile s’insurge contre les projets Transaqua et Inga III

Lundi 16 Mars 2020 - 16:27

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Des ONG réunies exhortent à la prise de conscience collective sur les menaces qui pèsent sur les rivières du pays ainsi que sur le fleuve Congo par le fait de ces dits projets, susceptibles de détériorer la biodiversité et l’environnement.

Les ONG de la République démocratique du Congo (RDC) œuvrant pour « l’accès à l’énergie pour tous » ont exprimé, le 14 mars, leurs préoccupations face aux menaces qui pèsent sur les rivières et les cours d’eaux du pays ainsi que sur le fleuve Congo. Ces organisations en appellent ainsi à la prise de conscience collective sur ces dangers, en vue de préserver la biodiversité, l’environnement, les forêts et les populations riveraines.

Dans un communiqué conjoint signé par une vingtaine d’organisations de la société civile à l’occasion de la Journée internationale d’actions pour les rivières, qui vise de les protéger contre les méfaits et conséquences de grands projets de barrages dans le monde et penser à ceux qui militent pour leur protection, ces dernières ont dit identifié au cours de leur monitoring plusieurs menaces sur la vie des eaux de rivières de la RDC et du Fleuve Congo. A en croire ces structures, ces menaces proviennent principalement du comportement des citoyens, des activités des entreprises et autres exploitants ainsi que de grands projets étatiques avec des conséquences désastreuses sur les populations riveraines, les écosystèmes, l’environnement, le climat, etc. dans leur monitoring, ces ONG ont identifié la rivière Katapula, dans le Haut-Katanga, Kalamu, à Kinshasa et à Boma.

Des rivières transformées en dépotoirs

Ces organisations ont fait remarquer que les populations riveraines de diverses rivières et cours d’eaux ainsi que celles de centres urbains déversent journalièrement des quantités énormes d’immondices et autres déchets domestiques, en grande partie de plastiques, dans les différentes rivières. Ce qui réduit sensiblement, selon ces ONG, leur lit et affecte leur qualité tout en provoquant des inondations et diverses maladies hydriques pour les populations. « Le volume toujours croissant des ordures et plastiques dans ces rivières baissent de plus en plus le débit de la plupart d’entre elles, affluents du fleuve Congo où ces ordures sont reversées. Le risque de la disparition de certaines d’entre elles s’accentue si rien n’est fait », ont-elles averti.

Aussi ces organisations ont-elles regretté que les industries minières, chimiques et autres rejettent à leur tour impunément les déchets souvent toxiques de leurs activités dans les mêmes rivières. Ce qui détruit, assurent-elles, l’environnement, l’écosystème et la qualité de ces eaux avec les conséquences désastreuses sur les populations. Ces organisations ajoutent également  à ces industriels l’exploitation artisanale intense des minerais dans les rivières et cours d’eau à travers la République, avec les mêmes conséquences qui conduisent au sèchement de ces cours d’eaux.

Une éducation environnementale insuffisante

Pour ces organisations, le comportement des populations est consécutif à l’absence ou à l’insuffisance de l’éducation environnementale qui fait d’elles des agents de destruction des rivières. Alors que celui des entreprises est lié à l’irresponsabilité des services étatiques en charge de la protection de l’environnement, qui pèchent par la non-application des dispositions légales et règlementaires existantes aux actes destructifs de l’environnement par les industries. Sonnant, en ce jour, l’alarme, ces organisations de la société civile pensent ainsi attirer l’attention et appeler à la mobilisation de l’opinion publique, sur Inga III et Transaqua, deux grands projets qui, selon elles, menacent l’avenir des eaux du fleuve Congo jugées très vitales pour des millions des personnes qui en dépendent.

Le premier projet, explique la société civile, initié par le gouvernement de la RDC avec le soutien de la Banque africaine de développement vise l’érection sur les eaux du fleuve Congo à l’Inga d’un méga complexe du barrage hydroélectrique tandis que le second, soutenu par certains Etats de la région africaine, cherche à détourner les eaux de la rivière Ubangi, principale affluent du fleuve, pour aller alimenter le lac Tchad. «Les deux projets sont porteurs des graves risques sur l’avenir du fleuve qui devra perdre son débit, dégrader son écosystème et son environnement aquatique, avec la disparition de plusieurs espèces et des inondations pour ne citer que ceux-ci. L’expérience vécue en Amazonie, au Brésil et ailleurs avec ce genre de méga projet nous détermine à prendre conscience sur ces dangers avant d’y renoncer », ont indiqué ces organisations.

Dans leur plaidoyer, ces ONG attendent  du gouvernement de la RDC de renoncer à la mise en œuvre du projet Inga III, pour préserver le fleuve Congo et l’environnement ; de décourager toute tentative tendant à la réalisation du projet Transaqua, pour préserver l’équilibre écologique du Bassin du Congo et de sensibiliser et éduquer les populations sur le respect de l’environnement. A l’Union africaine, la CEAC et la BAD, ces organisations recommandent de reconsidérer tout soutien aux projets Inga III et Transaqua pour ne pas détériorer l’équilibre écologique du Bassin du Congo et garantir les droits des communautés riveraines du fleuve Congo ; et d’inviter les Etats de la région à ne pas troubler l’équilibre environnemental du Bassin du Congo. Ces ONG appellent, enfin, les populations congolaises à s’abstenir de tous comportements qui détériorent les rivières et autres cours d’eaux.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo: le barrage d'Inga/Radio Okapi.

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