Inga 3 : les ONG de la société civile demandent un arrêt immédiat des démarches en cours

Mardi 20 Juin 2017 - 17:05

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Ces organisations disent s’insurger contre l’endettement à hauteur de 14 milliards de dollars américains pour exporter le courant vers l’Afrique du Sud.

 

Pour ces ONG réunies au sein du Collectif d’actions de la société civile, qui se sont référées au communiqué diffusé le 13 Juin 2017 par l’ADPI, annonçant la passation du marché de construction du barrage d’Inga 3 basse chute, aux consortiums sino-espagnols pour le développement du projet, un gouvernement issu d’un accord entre regroupements politiques, qui ne fait qu’expédier des affaires courantes, après l’expiration du mandat légalement reconnu, ne pouvait engager le pays dans un accord aussi important. Ce projet, ont dénoncé ces organisations de la société civile, engage le pays sur un endettement énorme qui le remet sur l’expérience d’éléphants blancs de la RDC, entre autres les barrages d’Inga. « Basé sur l’expérience au niveau international et à Inga, aucun barrage ne peut produire le courant à hauteur de 100% selon les prévisions, or le gouvernement s’est déjà engagé avec l’Afrique du Sud pour l’exportation de 40% de la production d’Inga 3 », ont-elles dit dans un communiqué du 19 juin 2017.

La société civile a également dénoncé la violation répétitive des droits des communautés locales d’Inga sans réparation des préjudices causées depuis le premier barrage. « Et rien ne garantit le respect de leurs droits à ce stade », ont-elles souligné.

Ces organisations ont aussi fustigé la corruption à tous les niveaux, gangrenant la gouvernance actuelle du pays ; l’absence d’études d’impact environnemental et social, qui ne sont pas encore menées à ce jour pourtant constituant un préalable très important pour le développement d’un projet d’aussi grande envergure. D'autre part, elles ont relevé l’incertitude de la distribution du courant aux Congolais, qui sont à 15% d’accès dans les centres urbains et 1% dans les milieux ruraux, quoique le pays regorge du potentiel pour le développement des micro-barrages, des centrales solaires, etc.

Un secteur non régi par un programme

Ces ONG ont aussi décrié l’inexistence, à ce jour, d’un programme stratégique national régissant le secteur de l’énergie en RDC ainsi que l’absence d’une politique énergétique clairement définie. «D’où nous naviguons à vue et cela pourrait causer des catastrophes ingérables pour les générations futures », ont écrit ces organisations pour qui la construction d’Inga 3 n’est encrée ni dans un programme stratégique national ni dans une politique nationale régissant le secteur de l’énergie.

Aussi ont-elles dénoncé le chevauchement entre la mission assignée à l’ADPI et celle du ministère de l’Energie; l’opacité totale, le manque de transparence et de recevabilité face à la société civile et aux citoyens congolais en général dans le développement du projet Inga 3. Alors qu’elles ont justifié leur crainte par la mégestion des ressources dans le secteur énergétique, en citant le cas de l’exportation du courant vers le Congo-Brazzaville, suivi d’un détournement flagrant. « La gouvernance actuelle ne rassure nullement », ont-elles souligné.

Pour ces ONG, en effet, un tel endettement ne favoriserait aucunement le développement durable de ce dernier en termes de contribution à la lutte contre la pauvreté. Alors qu’elles sont, en outre, fait constater la complicité entre les deux gouvernements au moment où l’Afrique du Sud jouerait un rôle très ambigu dans la consolidation de la démocratie, la bonne gouvernance et l’état de droit en RDC. « L’implication d’un proche des gouvernants actuels, partie prenante dans les entreprises qui négocient ce marché, risque de déboucher à un contrat léonin », ont-elles affirmé.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Le site du barrage d'Inga.

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