Interview. Alain Deloche: " LAfrique peut et doit exiger un système de santé moderne"

Lundi 8 Août 2016 - 14:45

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Dans une interview avec notre consœur Clarisse Juompan-Yakam de Jeune Afrique, à paraître ce 8 juillet sous le titre « La Françafrique de la médecine n’existe pas », Alain Deloche, chirurgien cardiaque et cofondateur de Médecins du monde annonce l’ouverture, en janvier 2017, à Dakar, au Sénégal, du premier centre cardio-pédiatrique d’Afrique de l’Ouest.

« Montant global du projet : 7 millions d’euros, entièrement financés par une généreuse donatrice monégasque, Elena Cuomo », précise Alain Deloche, plutôt à juste titre. Car pour ce praticien qui parcourt l’Afrique depuis 40 ans le financement des systèmes de santé demeure l’un des problèmes majeurs. Il relève que l’Afrique forme des médecins en nombre, mais le manque de spécialistes ajoute aux dysfonctionnements causés par « des structures de santé mal préparées ».

Comme si cela ne suffisait pas, il y a ce fléau de médicaments contrefaits proposés aux patients : « Par exemple, à l’hôpital Georges-Pompidou, à Paris, où j’exerce, je ne me préoccupe pas de savoir si j’ai des médicaments trafiqués. Dans certains pays africains, c’est un vrai souci. De plus si l’Afrique forme de médecins en nombre, elle manque de spécialistes : à peine une équipe chirurgicale valable pour 1 million d’habitants », explique-t-il.  

 Alors que progressent sur le continent les maladies « des pays riches » comme le diabète, les maladies cardiaques, cancers, il n’est pas aisé d’obtenir de tous les partenaires extérieurs l’appui indispensable à la promotion d’initiatives salutaires comme la formation des spécialistes. Alain Deloche concède sur cette dernière considération que « La Françafrique de la médecine n’existe pas ». Et de préciser : « J’ai essayé de faire former une équipe de dix Sénégalais en France pendant neuf mois. Obtenir le visa s’est révélé kafkaïen, alors j’y ai renoncé, et je les ai envoyés au Vietnam, dans notre réseau ».

En dépit de nombreux problèmes qu’il énumère dans son interview, le cofondateur en 1980 avec Bernard Kouchner de Médecins du monde reste optimiste sur l’avenir du projet qu’il lance à Dakar. « Nous avons deux priorités : bâtir et former. Il s’agit d’élargir l’offre de soins en cardiologie et en chirurgie cardiaque à tous les enfants de la sous-région en construisant de petites unités de 100 à 400 lits, essentiellement dans les grandes villes », expose Alain Deloche qui projette en même temps la formation des équipes de médecins dans « des villes satellites » retenues parmi lesquelles Abidjan, Brazzaville ou encore Bamako.

 « Nous sommes dans une dynamique de transmission des connaissances. Encore faut-il savoir qui va payer », s’interroge le chirurgien cardiaque pour qui « le secteur de la santé peut expérimenter d’autres systèmes de gestion tel le partenariat public-privé ».

Les Dépêches de Brazzaville

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