Interview. Eric Nice : « J’ai juste traduit les murmures de la société »

Jeudi 29 Août 2019 - 15:04

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Le single Gouvernement ebimi, sorti à quelques jours du gouvernement par le jeune chanteur, leader du groupe Credo, est bien prisé. Dans cette interview exclusive que l’auteur du nouveau morceau a accordé au Courrier de Kinshasa sept jours après sa mise en onde sur quelques radios locales et la diffusion de son clip sur quatre télévisions kinoises, il affirme avoir fait en sorte de mettre en chanson les attentes du peuple qui ont duré sept mois.

Le single Gouvernement ebimi Le Courrier de Kinshasa (L.C.K.) : Peut-on savoir ce qui vous a inspiré à écrire une pareille chanson  ?

Eric Nice (E.N.) : Les attentes du peuple étaient tellement énormes ! Moi, j’ai juste traduit les murmures de la société depuis sept mois. Je les ai décrits avec mes mots et je les ai mis en musique. Mon inspiration est née du souhait du peuple par rapport à la forme et au contenu du gouvernement, de chacun de ses membres. J’ai écrit cette chanson sachant que le peuple a des attentes pour chaque poste et les profils qui y correspondent. Mais encore j’ai aussi profité de cette œuvre pour lui apprendre les rôles dévolus aux ministres. Certains sont définis en deux mots dans ma chanson comme celui des Affaires étrangères, de la Communication. Je veux qu’il comprenne ce qu’il est attendu du ministre qui occupera tel ou tel autre poste.  

L.C.K. : Gouvernement ebimi est chanté sous un air de rumba, une sorte de reprise d’un vieux tube de Luambo à la Eric Nice. Pourquoi avoir choisi celui-là ?

E.N. : Le choix de Luambo s’est imposé parce que c’était un artiste qui peignait la société zaïroise, celle de son temps. Ses textes étaient très inspirés par ce qui se passait autour de lui. Et pour moi, c’était clair qu’il fallait travailler sur un de ses morceaux car je n’ai vu aucun autre artiste qui soit comme lui, très à cheval entre la politique et la société. Et donc, je suis revenu à lui comme avec un marteau à travers le message de la chanson pour rappeler qu’il y avait autrefois ce grand artiste de la musique congolaise qui ne manquait pas l’occasion d’illustrer ou ponctuer les moments forts de son pays.Eric Nice dans un extrait du clip Gouvernement ebimi

L.C.K. : De nos jours, la musique engagée passe pour le lot des rappeurs et autres chanteurs hip-hop, les chanteurs rumba font figure de lovers. Eric Nice vient-il grossir les rangs à côté des plus connus comme Lexxus Legal ou le fameux Alesh ?

E.N. : Non, non ! Pour commencer, ce concept d’artiste engagé je ne l’ai jamais bien saisi ni maîtrisé. Du reste, je ne l’aime pas trop de sorte qu’à l’occasion d’une guerre, épidémie, catastrophe, etc., lorsqu’on m’invite à joindre ma voix à d’autres chanteurs, je ne le fais pas car je n’aime pas trop chanter la douleur. Je ne suis pas un artiste engagé mais tout simplement, je crois qu’un artiste a des sensibilités liées à son environnement, ce qui l’entoure. Et c’est ce qui se passe en ce moment autour de moi. Quoi donc de plus naturel lorsqu’au fil des jours, je ferme les yeux la veille et les rouvre le lendemain avec la même actualité que cela m’interpelle et influence ma musique. Aujourd’hui plus qu’hier, j’ai mûri, je suis père de deux enfants, je ne porte plus le même regard sur ma société. J’évoque certains sujets dans l’espoir de faire évoluer les choses à ma manière. Il y avait une vraie congestion pendant pratiquement un mois où les gens étaient dans une attente fiévreuse, celle de la sortie du gouvernement. Et donc, si cela peut avoir contribué à bouger les choses, c’est bien. À propos de mes textes, il ne faudra pas s’étonner que demain je chante Bon anniversaire, Gouvernement ebimi ne veut pas dire que j’ai choisi de ne parler que de la politique.  

Propos recueillis par

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Le single Gouvernement ebimi Photo 2 : Eric Nice dans un extrait du clip Gouvernement ebimi

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