Interview. Exaucé Elvin Ngaba Nsilou : « Révéler de nouveaux talents est la raison d’être des Éditions Renaissance Africaine »

Jeudi 20 Juin 2019 - 20:42

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

L’écrivain congolais et fondateur des Editions Renaissance Africaine séjourne depuis mi-mars à Paris, en France, où il a pris part à la cinquième édition du festival Quartier du livre et à la première Assemblée générale des éditeurs francophones. C’est de son métier d’éditeur, de son livre et de sa conception de la littérature qu’il nous fait part ici.

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Peut-on être à la fois éditeur et écrivain ? Si oui, sous quelle veste  vous vous sentez mieux ?

Exaucé Elvin Ngaba Nsilou (E.E.N.N.) : Je pense qu’on peut être à la fois éditeur et écrivain, c’est un phénomène aussi vieux que la littérature. Si un bon éditeur est potentiellement un écrivain, pourquoi n'écrirait-il pas ? Il arrive que des auteurs préfèrent travailler avec un éditeur qui a déjà écrit un roman. Question d'affinités. D’autres pensent qu'un éditeur-écrivain se consacre davantage à sa propre œuvre plutôt qu'à celle d'un autre, moi par contre je me sens nettement mieux avec cette double casquette, après tout, il n’y a pas confusion des rôles.

L.D.B.C. : Pouvez-vous présenter votre maison d’édition ?

E.E.N.N. : Les Éditions Renaissance Africaine ont démarré officiellement le 16 juillet 2016, à Brazzaville, avant de s’étendre à Paris puis en Côte d’Ivoire et bientôt à Kinshasa. Révéler de nouveaux talents est notre raison d’être. Nous sélectionnons les textes de valeur et accompagnons leurs auteurs tout au long de la publication. Nous recherchons pour et avec eux les meilleures chances de laisser une empreinte sur la scène littéraire. Publier aux éditions Renaissance Africaine c’est opter pour un partenariat et un savoir-faire fiables. À ce jour, nous sommes à plus de cinquante titres dans notre catalogue, avec près de trente-quatre auteurs qui nous font pleinement confiance. Le premier auteur publié par notre maison d’édition fut le poète Huppert Malanda avec son recueil de poèmes "Aux quatre coins du vent", puis Prince Arnie Matoko, Gaëtan Ngoua, Digne Elvis Tsalissan Okombi, Winner Dimixson Perfection, Florent Sogni Zaou, Willy Gom, etc. La liste n’est pas exhaustive. Aujourd’hui, nous avons encore un poète talentueux Pensée Sem Essé-Nsi avec "Écume des maux".

L.D.B.C. : Quels sont les avantages et les inconvénients de votre métier ?

E.E.N.N. : Le principal avantage de ce métier est qu’il est véritablement passionnant, qu’il est le prolongement professionnel de la passion de la lecture qu’a tout éditeur. C’est un métier où l’on ne s’ennuie jamais. Je dirais que l’inconvénient de ce métier est justement qu’il est passionnant et cette passion est sans cesse renouvelée, ce qui veut dire qu’il ne faut jamais s’arrêter de lire, ce qui est parfois lassant.

L.D.B.C: Est-ce facile d’être publié ?

E.E.N.N. : Pas du tout, la publication d’une œuvre d’esprit, selon l’image consacrée, s’apparente plutôt à un véritable parcours du combattant. Sauf exception, quand un auteur écrit un texte, même s’il a déjà publié, même s’il adresse son manuscrit à un éditeur avec lequel il a déjà travaillé, il n’a aucune certitude que son texte sera publié. Il faut attendre plusieurs mois, parfois un an, la réponse de l’éditeur, qui reçoit beaucoup de manuscrits. Si la réponse est négative, tout n’est pas perdu : il faut persévérer et soumettre le manuscrit à d’autres éditeurs. Mais quel bonheur quand l’éditeur vous appelle pour vous dire qu’il a beaucoup aimé votre texte et qu’il souhaite le publier !

L.D.B.C.: De quoi parle succinctement votre dernier ouvrage ?

E.E.N.N. : Un temps pour toute chose – Mémoires d’un enfant de la rue" est un récit autobiographique retraçant le parcours apocalyptique d’un garçon de 12 ans, Elvez Kimpolo Kimpolo, accusé à tort de sorcellerie par ses parents et abandonné à lui-même. D’infortune en infortune, ce dernier deviendra un jour député de l’un des quartiers populaires de Ntôville. Ce roman a remporté le prix du meilleur roman sélection 2018 en France, et finaliste du Grand Prix littéraire Dada-Gbêhanzin du meilleur écrivain africain 2019, au Bénin.

L.D.B.C. : Entretenez-vous une vie de couple (avec enfants) ? Si oui, trouvez- vous assez de temps à consacrer à votre petite famille ?

E.E.N.N. : Je vis en couple avec un enfant à charge. Concilier la vie professionnelle avec la vie familiale n’est pas une chose aisée. L’écriture nécessite plus de solitude et de concentration ; tandis que la vie de famille exige beaucoup d’attention et de disponibilité. Tant soit peu, j’essaie d’être à la hauteur de mes tâches.

L.D.B.C. : Comment appréciez-vous la littérature congolaise ?

E.E.N.N. : La littérature congolaise depuis Jean Malonga est à mon avis très florissante, il suffit de faire un tour des libraires pour s’en rendre compte. Seulement cette littérature souffre d’un grave problème d’accompagnement.

Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

Exaucé Elvin Ngaba Nsilou

Notification: 

Non