Interview. Jean-Martin Bauer : « le PAM utilise actuellement un modèle mixte d’alimentation scolaire »

Lundi 12 Mars 2018 - 13:06

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Dans le souci d’étendre le programme des cantines scolaires à l’échelle nationale, le Programme alimentaire mondial (PAM) et le ministère en charge de l’Enseignement de base ont organisé, les 6 et 7 mars, un forum national sur l’alimentation scolaire. Représentant de cette agence onusienne au Congo, Jean Martin-Bauer tire les leçons de cette première rencontre du genre dans le pays.

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Après  deux jours de travaux, le premier forum national sur l’alimentation scolaire est arrivé à son terme. Quelles leçons peut-on tirer de cette rencontre ?

 Jean Martin-Bauer (J.M.B.): Nous avons organisé ce forum afin de mettre sur la même table les parties prenantes concernées par la Politique nationale d’alimentation scolaire (PNAS) et de débattre des questions importantes liées à son opérationnalisation. C’est une politique qui a été adoptée en 2016. Pour nous, il s’agit de trouver les voies et moyens d’atteindre son objectif qui est celui de mettre dans chaque école, une cantine scolaire approvisionnée par la production locale.

L.D.B. : Les Etats-Unis ont récemment signé une convention avec l’Etat congolais pour le financement du programme des cantines scolaires sur une période de cinq ans. Votre agence a été choisie pour exécuter ce programme d’un montant de quinze milliards F CFA. Cette somme vous permettra-t-elle d’atteindre toutes les écoles du pays?

J.M.B.: Ce qui est important, c’est que les fonds soient effectivement décaissés pour permettre aux différents acteurs impliqués de jouer leur rôle (ministère et partenaires). L’hypothèse c’est le décaissement effectif de ces fonds. Nous avons parlé de la nécessité de revoir le modèle financier des cantines scolaires car ces dernières années, il a été très difficile pour la cantine scolaire congolaise de fonctionner à cause d’une irrégularité pour le décaissement des fonds. Donc, nous avons essayé de voir comment le secteur privé pouvait apporter sa contribution ; comment réduire les coûts de la cantine scolaire congolaise en s’appuyant davantage sur les produits locaux qui sont moins cher par rapport à ceux importés.

Il s’impose à ce stade la nécessité d’accélérer la mise en œuvre de la PNAS. Nous en sommes tous conscients et espérons que cette rencontre aura été le point de départ d’un nouvel élan de cette politique en faveur de la scolarisation et de la réussite scolaire des enfants congolais.

L.D.B. : Actuellement, le programme ne couvre que six départements sur les douze que compte le pays. Quelles sont vos perspectives ?   

J.M.B. : La question de la couverture géographique est importante car elle est liée à celle des financements. S’il y a le décaissement effectif des ressources nécessaires, si nous arrivons à trouver le modèle financier, il serait possible de couvrir les douze départements du pays. Mais à l’heure actuelle, c’est un défi. Selon la PNAS, ce sont les six cent mille enfants du secteur primaire qui devraient être couverts par le programme d’alimentation scolaire d’ici à l’horizon 2025. Nous en sommes loin actuellement et avons discuté ces derniers jours sur les voies et moyens d’y arriver. Et nous pensons que c’est possible et nous devons nous doter des solutions. Nous continuons à travailler ensemble comme aujourd’hui dans les années à venir.

L.D.B. : Qu’est-ce que le Congo peut attendre du PAM concrètement ?

J.M.B. : Concrètement, vous allez voir que le modèle du PAM dans le pays va changer. Pendant de nombreuses années, nous avons souvent importé des aliments dans le pays, nous travaillons maintenant à l’introduction de la composante locale dans les repas que consomment les enfants à l’école. Nous sommes très fiers d’avoir commencé cela il y a quelques mois avec l’utilisation du haricot acheté auprès des petits producteurs de la Bouenza. Nous avons acheté six tonnes à Loudima, nous comptons en acheter une vingtaine au niveau de Boko-Songho.

Nous avons actuellement un modèle mixte d’alimentation scolaire qui allie une composante importée à cette production locale. Pour nous, l’enjeu c’est d’augmenter progressivement la proportion d’aliments qui est achetée sur le marché congolais dans la composition des repas dans les cantines scolaires pour arriver à une cantine scolaire où l’essentiel de l’alimentation est produit ici au Congo.

 

Propos recueillis par Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Jean-Martin Bauer ; signature de la convention de financement entre l’ambassadeur des Etats-Unis, le ministre Anatole Collinet Makosso et le représentant du PAM/Adiac

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