Interview. Patrick Bhayo : « Former, partager et transmettre l’expérience que nous avons acquise »

Samedi 31 Août 2019 - 16:02

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Actif dans l’univers du dessin animé depuis 2013, le jeune animateur 2D et 3D et réalisateur de films animés a lancé le Studio Mazzara qui est aussi un centre de formation en animation. Cette initiative a pour vision de poser les bases d’un grand studio d’animation pour dynamiser cet univers pas assez développé en RDC avec un nombre minime de réalisations sur le marché.

L'animateur 2D et 3D Patrick Bhayo Le Courrier de Kinshasa (L.C.K.) : Qu’est-ce donc l’animation ?

Patrick Bhayo (P.B.) : C’est l’art de faire bouger les dessins, leur donner vie. Ce que l’on appelle communément le dessin animé.

L.C.K. : Qu’en est-il de votre parcours dans le milieu du dessin animé congolais ?

P.B. : Je l’ai intégré depuis 2013. J’ai contribué, en qualité d’animateur, à la production de la saison 2 de Bana Boul, le fameux dessin animé en lingala que les gens ont coutume d’appeler Dadou, du nom de l’un de ses principaux personnages. J’ai aussi travaillé dans pas mal de spots publicitaires animés, notamment Germol, mais il y a aussi le clip d’un chanteur marocain, Amine Aub. La vidéo de la chanson Jouj Kelmate avec des personnages animés est inconnue ici pour n’avoir jamais été diffusée sur les TV locales. Par ailleurs, je travaille sur un projet personnel qui porte sur une série d’animation de contes congolais en cours de production.

L.C.K. : Pour les profanes, quelle est la différence entre l’animation en 2D et en 3D ?

P.B. : Je vais donner une explication banale. Dans l’animation en 2D les images que l’on voit ressemblent vraiment à des dessins faits à la main qui bougent tandis que les personnages en 3D semblent plus réels. Il y a une impression de profondeur, on sait voir l’environnement, percevoir le mouvement de la caméra qui tourne dans tous les sens possibles. C’est ainsi que l’on peut différencier la 2D de la 3D de façon banale. Et au niveau technique 2D veut dire deux dimensions et 3D, trois dimensions. En 3D, la notion de profondeur entre en jeu, les personnages peuvent se mouvoir sur la scène dans tous les sens. Tandis qu’avec la 2D, ils se limitent à monter et descendre, aller à gauche et à droite. Tom et Jerry, par exemple est en 2D et les dernières versions de La Belle et la bête ainsi que Cendrillon de Walt Disney sont en 3D.

L.C.K. : De quelle manière fonctionne le Centre de formation Mazzara ?

P.B. : Le Centre Mazzara a été lancé avec la première session de formation qui a duré un mois, du 20 juillet au 20 août. Elle a porté sur le logiciel Moho seulement. Nous avons déjà commencé la seconde session depuis le lundi 26 août. Nous comptons y intégrer d’autres logiciels comme After Effects, Premiere Pro, Photoshop, Illustrator ainsi que Blender, un logiciel 3D.  Un aperçu d’une journée de formation au Studio Mazzara

L.C.K. : Faut-il avoir un profil particulier, être déjà artiste ou étudiant à l’Académie des beaux-arts, par exemple, pour s’inscrire au Centre Mazzara ?

P.B. : Non, il n’est pas dit qu’il faut nécessairement être un artiste à la base. Le seul prérequis c’est qu’il faut juste avoir des connaissances en windows, savoir utiliser un ordinateur. Par ailleurs, les meilleurs apprenants ne sont pas artistes mais plutôt ceux qui sont passionnés par le montage ou l’animation et veulent atteindre leur objectif.

L.C.K. : Que devient-on capable de faire au juste en un mois de formation ? N’est-ce pas un peu court pour prétendre devenir animateur ?

P.B. : Avec Moho, le logiciel avec lequel nous avons débuté, l’on apprend à dessiner ou à reprendre son dessin avec ce logiciel, cela s’appelle le building. Le dessin est construit avec les outils de Moho pour en avoir une version logicielle. L’on apprend à poser les bones, ce sont les squelettes qui vont permettre d’imprimer un mouvement aux dessins, les faire bouger. Ce qui donne vie au dessin, un objet, un animal ou un personnage humain. Donc, à la fin on parvient à faire l’animation d’un personnage.

La formation en cours au Studio MazzaraL.C.K. : La formation à Mazzara ne consiste-t-elle qu’en animation ou s’étend-elle à l’écriture et l’ensemble d’autres outils nécessaires à réaliser un dessin animé ?

P.B. : Pour l’heure, nous nous focalisons sur l’animation. C’est la base. Nous avons décidé de nous y lancer après s’être rendu compte que très peu de gens s’y intéressent car nous avons rencontré pas mal de soucis à mener à bien certaines productions. Nous avions éprouvé de sérieuses difficultés à recruter du personnel véritablement qualifié. Mazzara s’est fixé comme objectif d’emmener plus de monde à s’intéresser à cette pratique de l’animation, ce métier assez passionnant d’animateur. En outre, pour assurer la survie de notre studio, il faut des personnes compétentes pour cela, il nous est paru impérieux de former, partager et transmettre l’expérience que nous avons acquise de sorte à détecter les talents et les intégrer dans notre groupe. Notre vision est de mettre en place un grand studio d’animation pour œuvrer véritablement dans ce domaine qui n’est pas assez développé dans notre pays, la RDC. Il souffre d’une carence de réalisations, il y en a très peu. Nous espérons faire en sorte que dans un avenir proche Mazzara devienne un grand studio d’animation en Afrique et dans le monde, pourquoi pas ? Peut-être faudra-t-il organiser un autre module pour l’écriture du scénario ou le story-board, mais pas seulement car dans la chaîne de production d’un film animé, plusieurs métiers interviennent.  

Propos recueillis par

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : L'animateur 2D et 3D Patrick Bhayo Photo 2 : Un aperçu d’une journée de formation au Studio Mazzara Photo 3 : La formation en cours au Studio Mazzara

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