Interview. S. Konde : «Je rêve d’organiser la coupe africaine des nations d'improvisation théâtrale»

Vendredi 30 Août 2019 - 13:28

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Originaire de la République démocratique du Congo, Sunda Masampu Ngonde, dit S. konde, est conteur, comédien, marionnettiste, directeur technique du Festival d'improvisation théâtrale en milieu scolaire (Fithéâs), fondateur de la Compagnie Théâtre de Marconte et initiateur de la plate-forme Notre Maison Crroeuart, qui a pour objectif de produire les artistes amateurs en quête de mécènes. De passage à Brazzaville, nous l’avons rencontré pour un entretien. 

*Les Dépêches du Bassin du Congo : Comment êtes-vous venu aux arts de scène ?

 S. Konde : Je n’ai pas choisi d'être artiste, mon rêve était de devenir footballeur professionnel car j’avais du talent dans ce domaine. Quand j’ai compris que l'art avait besoin de moi, j'avais tout abandonné pour ne pas me perdre dans la nature. En effet, j’ai eu le goût du théâtre à l'école primaire. Chaque décembre, l'Église catholique célèbre la naissance de Jésus Christ par un spectacle. J'étais toutefois retenu dans la sélection qui regroupait des quartiers différents. Ma carrière artistique a donc commencé dans la troupe théâtrale de la paroisse Saint-Alphonse de la commune de Matété. Quand j’ai entrepris d’étudier le théâtre à l'Institut national des arts (INA), pour mes parents et mes amis c'était la folie. Malgré le mépris de mon entourage et le manque de soutien, je me suis décidé de faire une carrière artistique, en m’isolant afin de mieux me focaliser sur cet objectif. Du théâtre, je suis passé au conte. Au départ, c’était dur pour vaincre ma timidité, à cause des moqueries de mes proches car je bégayais. Et la marionnette, c'était un moyen pour moi de créer un monde privé autour de moi. L'idée de créer la Compagnie théâtrale de Marconte n’est venue que plus tard en 2008 ; Marconte signifiait au départ « marmite des conteurs » et aujourd'hui c'est plutôt « marionnette et conte ».

*L.D.B.C. :  Quelles sont les expériences qui t’ont le plus marqué dans ton parcours d’artiste ?

S.K. : Plusieurs participations aux festivals en RDC et en dehors du pays m’ont permis d’acquérir beaucoup d'expérience à travers des échanges avec d’autres artistes. En 2010, j’ai bénéficié d’un atelier de conte dans la Compagnie Tam-tam Théâtre où j’ai connu le conteur togolais Allassane Sidibé, qui m’a beaucoup aidé à être le conteur que je suis aujourd'hui. J’ai aussi travaillé dans beaucoup de compagnies de théâtre et de structures culturelles. Mais mon passage comme formateur en arts de scène à l'école internationale américaine Tasok/Jewels, et à l’école française René-Descartes reste un moment inoubliable. Je suis un artiste pédiatre comme les autres m'appellent souvent car je travaille où je passe beaucoup de temps avec les enfants, pour les initier à l'art de marionnettes et conte. Une façon d’utiliser le théâtre, la narration visuelle et la marionnette comme outil pédagogique.

*L.D.B.C. : Avez-vous des souhaits ou d’autres projets ?

S.K. : Je porte chaque jour un rêve surtout pour mon continent, l’Afrique, voir comment le réunir artistiquement avec beaucoup d'ampleur comme on le voit au foot, en organisant la coupe africaine des nations d'improvisation théâtrale. Je souhaite de même réaliser un centre d'initiation en art de marionnettes et conte et faire de la Compagnie Théâtre de Marconte une grande industrie culturelle de marionnettistes. J'aime tellement le théâtre, j'aime la culture. L'art a pris toute ma jeunesse, je souhaite vieillir avec ce métier et mourir artiste. Dans les débuts, j'étais méprisé par ma famille à cause de ce choix, mais aujourd’hui tous sont fiers de moi. L’art m’a permis de visiter plusieurs pays d’Afrique et d’Europe, d’apporter du sourire aux gens, surtout de donner un sens à la vie de plusieurs enfants et jeunes de mon pays.   

Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

Sunda Masampu Ngonde

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