Interview. Tony Cassius Bolamba : "L'une des priorités du prochain gouvernement sera de rétablir la paix sociale"

Samedi 13 Avril 2024 - 17:45

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Candidat à la présidentielle de décembre 2023 et aujourd'hui postulant comme sénateur pour la province de l’Equateur, Tony Bolamba livre, dans un entretien avec le Courrier de Kinshasa, ses réflexions en rapport avec l'actualité politique de l'heure.

Le Courrier de Kinshasa (CK) : Que vous inspire la nomination de Mme Judith Tuluka à la tête du gouvernement ? Pensez-vous qu'elle incarne le profil idéal dont le pays a besoin en ces temps de basse conjoncture ?

Tony Cassius Bolamba (TCB) : Je suis très heureux que la République renoue avec ce que le maréchal Mobutu avait commencé. Savez-vous que, sous la deuxième République, la deuxième personnalité du pays était une femme ? Maman Nzuzi wa Mbombo étant vice-présidente du comité central, c’était la deuxième personnalité du pays. On a eu des grandes dames telles que Mamans Adrienne Ekila Lionda comme ministre des Affaires étrangères, puis ambassadrice, des dames comme Maman Florentine Soki Fuani Eyenga, etc. Depuis, les dames représentatives avaient disparu de la scène politique de notre pays. Quant à Mme Tuluka, je ne saurais dire si c’est le profil idéal ou pas devant la conjoncture, car je ne la connais pas personnellement ni sa méthode de travailler. Attendons ce que le temps nous dira ! Mais sa tâche ne sera pas facile si elle n’aura pas une bonne équipe pour l’accompagner.

C.K: Le président Félix Tshisekedi vient de nommer de nouveaux mandataires dans les entreprises publiques. Que faut-il attendre des nouveaux gestionnaires dans l'accomplissement de leurs tâches ?

TCB : De travailler avec abnégation. De mes principes, être président de la République, Premier ministre, DG, PCA, ministre n’est pas un honneur, c’est plutôt une mission. Je ne comprends pas pourquoi les gens fêtent lorsqu’ils sont nommés ou élus. Le pays est dans une situation économique, sociale, sécuritaire très difficile. Nos compatriotes doutent, ils vivent dans une déliquescence totale qui attire des ressentiments presque généralisés.

C.K: Sous quelle configuration voudriez-vous que le prochain gouvernement se présente en termes d'effectifs, de composition et d'objectifs ?

TCB : En termes d’effectif, une quarantaine des membres, de composition tous les Congolais de la patrie et non seulement des partis. Vu le contexte que nous traversons, un gouvernement d’ouverture sera très apprécié. La crise est profonde et multiforme. Le président a été réélu par les congolais de la patrie et non des partis. Il lui faut un gouvernement avec trois objectifs : rétablir la sécurité, répondre rapidement aux attentes sociales de nos populations et renforcer nos positions dans la diplomatie dans le monde.

C.K: Quelles pourront être les priorités du gouvernement Judith Tuluka 1?

TCB : Rétablir la paix sociale !

C.K: Le gouvernement a décidé dernièrement de la levée du moratoire sur l'exécution de la peine de mort. Cette mesure est-elle opportune ou non ?

TCB : Je suis un humaniste, je ne suis pas pour la peine de mort. En 2017, certains cadres du PPRD et un député équatorien aujourd’hui décédé n’arrivaient plus à voler l’Equateur. Ils ont monté un dossier avec des éléments fabriqués de toutes pièces, m’accusant de préparer un attentat contre l’ex-président Kabila. Après vérification et contre-vérification, il s’est avéré que leurs accusations étaient non fondées. Vous imaginez si cela était pris au sérieux et que j’étais condamné à mort, après comment allait-on me ressusciter si j’étais mort ? Nous devons faire très attention quand il s’agit des vies. La vie est sacrée !

C.K: La rébellion de l'AFC/M23 continue d'exercer une pression sur le gouvernement sur fond de menace insurrectionnelle. Pensez-vous que Corneille Naanga et les siens soient en mesure de réaliser leur dessein subversif ?

TCB : Je ne saurais penser à la place de mon frère et concitoyen Corneille Naanga et les siens. Mon plus grand souhait est que la paix revienne, la paix n’a pas de prix. Dans le monde, nous ne devons toujours pas vivre pour la raison, nous devons plus vivre pour la compréhension. J’ose espérer que dans les jours à venir, tous les Congolais se mettront autour d’une table pour parler sincèrement de la République. Tout conflit naît de frustration et de différentes divergences, nous devons moins frustrer les autres et faire de la RDC notre seul point de convergence. Tout ça ne peut arriver que si nous nous parlons entre nous en toute fraternité dans un esprit patriotique et citoyen ! Je vais d’ailleurs aller plus loin, je souhaiterais que dans les jours à venir qu’il y ait une rencontre entre le président Paul Kagame et notre président Félix Tshisekedi pour dissiper tout malentendu sur la crise à l’Est. Dans la vie, tout passe par le dialogue !

C.K: Qu'attendre de l'avènement des forces régionales de la Sadc en remplacement de celles de l'EAC au plan sécuritaire ?

TCB : Rien de spécial ni de particulier, la solution viendra de nous-mêmes, nous Congolais !

C.K : On parle de plus en plus d'un complot de coup d'État qui impliquerait l'ancien président Joseph Kabila. Comment entrevoyez-vous la perspective d'un retour éventuel aux affaires de ce dernier ?

TCB : Je fus élu gouverneur sous la présidence du président Joseph Kabila, et il n’est un secret pour personne que j’ai eu de rapports de collaborations très cordiaux et républicains avec lui, tout en entretenant des rapports très difficiles avec son entourage de l’époque truffé des truands dont la majorité a aujourd’hui rejoint l’Union sacrée. J’ai suivi comme beaucoup de Congolais, je présume, l’interrogatoire du monsieur qui était présenté comme conseiller de l’ex-président de la Céni, Corneille Naanga. En observant, en écoutant et en analysant les propos et le body language du monsieur qui était interrogé, ces propos accusant l’ex-président m’ont laissé très dubitatif !

C.K: Comment expliquez-vous les adhésions massives enregistrées de plusieurs cadres politiques du FCC/PPRD au sein de l'AFC ?

TCB : Je ne saurais répondre à leur place, comme je le dis souvent, chacun vient en politique avec son éducation, son parcours dans la vie, sa vision et son objectif. Moi je suis un mobutiste, unitariste, je viens d’une famille des nationalistes et panafricanistes. Mon seul objectif est de servir la patrie et l’Afrique dans le monde, avec abnégation !

C.K: La RDC continue de poser comme préalable à toute négociation avec le Rwanda le retrait des troupes du M23 de leurs positions actuelles. Une telle exigence est-elle réfléchie ?

TCB: J’ai participé à plusieurs négociations et gestions de crises à travers le monde. On finira toujours par arrondir les angles de tous les côtés des belligérants ; je suggère juste à mon pays de s’entourer des aguerris dans ce dossier très difficile. Le diable se cache dans les détails !

C.K: Le chef de l’Inspection générale des finances (IGF), Jules Alingete, est accusé par une organisation civile de corruption et de blanchiment d’argent. Quelle est votre réaction face à cette situation qui met à mal la patrouille financière engagée par cet organe anti corruption ?

TCB : Ne faut pas toujours croire à ces organisations de société civile, il faut toujours voir qui les finance avant de déduire !

C.K:. Quelles chances accordez-vous au deuxième et dernier mandat constitutionnel du président Félix Tshisekedi en termes d'amélioration du vécu quotidien des Congolais ?

TCB : Je ne saurais répondre à cette question.

C.K: Certaines langues parlent, d'ores et déjà, du diktat de l'UDPS et alliés qui détiennent aujourd'hui la majorité parlementaire. Comment l'opposition pourra-t-elle alors se comporter dans un pareil contexte politique ?

TCB : L’opposition ne peut que faire son travail, en s’opposant et en proposant. L’on ne peut s’opposer sans proposer ! Moi je reste dans la contradiction ! C’est aussi une force !

C.K: Votre mot de la fin

TCB: Je suis candidat sénateur pour la province de l’Equateur. J’ose croire que les députés provinciaux seront assez regardants pour que l’Equateur recouvre son honneur et sa dignité perdus !

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Tony Cassius Bolamba

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