Irak : le pape François rappelle qu’on ne peut haïr au nom de Dieu!

Lundi 11 Août 2014 - 19:10

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Aux appels incessants à la fin des violences en Irak, le pape ajoute les marques concrètes de sa proximité spirituelle et matérielle vers les chrétiens persécutés

 

« On ne pratique pas la haine au nom de Dieu ! On ne fait pas la guerre au nom de Dieu ! ». Le chef de l’Eglise catholique a été  plus ferme dimanche. Devant des milliers de fidèles venus réciter avec lui la prière de l’Angélus sur la Place Saint-Pierre de Rome, le pape François a relevé l’injustice flagrante que représente le fait de chasser les chrétiens d’Irak et les minorités de ce pays de leurs terres ancestrales. Sous l’injonction et les violences exercées contre eux par les djihadistes de l’État islamique, un mouvement fondamentaliste, les communautés chrétiennes millénaires d’Irak quittent par milliers la plaine de Ninive. Partir ou périr, tel est le seul choix qui leur est laissé. Mais aussi celui de se convertir à l’islam.

 

« Chers Frères et sœurs, les nouvelles qui nous parviennent d’Irak, nous effraient, nous ne pouvons y croire : des milliers de personnes, dont tant de chrétiens chassés de leurs maisons de manière brutale ; des enfants morts de soif et de faim pendant leur fuite ; des femmes séquestrées ; des personnes massacrées des violences de tout type ; la destruction partout, des destructions de maisons, du patrimoine religieux, historique et culturel », a relevé le Souverain pontife sur la plus grande Place de Rome dimanche sous un soleil de plomb, en demandant à prier en silence pour ces chrétiens persécutés. « Tout cela offense gravement Dieu et cela offense gravement l’humanité », a ajouté le pape.

 

Mais le temps n’est plus aux simples imprécations. Le Saint-Siège a décidé de joindre l’acte de solidarité et la diplomatie agissante à la parole. Dès dimanche en soirée, le pape François a appelé le cardinal Fernando Filoni chez lui, à la Maison Sainte Marthe au Vatican, pour faire le point de la situation. Et ce lundi le haut-prélat, nommé « Envoyé personnel du pape auprès des chrétiens d’Irak », s’est envolé pour Bagdad avec dans ses poches et les soutes de l’avion des aides conséquentes pour les chrétiens d’Irak, ont précisé des sources officieuses au Vatican.

 

À la presse, le cardinal Filoni qui recouvre habituellement la fonction très importante de préfet de l’Evangélisation des peuples – en charge de l’évangélisation du monde ! – a expliqué que le pape qui quitte le Vatican ce mercredi pour un voyage d’importance en Corée, aurait tant aimé aller exprimer sa proximité spirituelle aux Irakiens en personne.  « Il me confie cette mission pour que je le fasse pour lui. Il s’agit d’une mission d’encouragement, d’aide spirituelle, morale et psychologique. Notre perception est qu’il n’est pas pensable de croire qu’après tant de difficultés l’Irak ne soit plus pour les chrétiens leur terre. L’Irak est par tradition un pays d’accueil où, historiquement et pendant des centaines d’années, les minorités et la majorité ont toujours cohabité. Ce serait un réel dommage qu’une telle richesse se perde », a –t-il dit.

 

L’envoyé du pape a fait part de la grande préoccupation de celui-ci sur cette situation qu’il suit au plus près, et de son souci de faire comprendre à tous les chrétiens persécutés que l’Eglise ne les abandonne pas à leur sort. « Ma mission sera aussi celle de sensibiliser les autorités ; de leur recommander le bien de ces populations et, en même temps, de voir comment aider concrètement dans cette situation, tout en remerciant tous ceux qui, autorités, organisations ecclésiastiques ou non, sont en train d’œuvrer pour ces pauvres gens », a ajouté le cardinal Filoni.

Lucien Mpama