Justice : le parquet de Brazzaville déterminé à entendre le général Mokoko

Samedi 20 Février 2016 - 14:15

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Suite au refus manifeste du général Jean-Marie Michel Mokoko, candidat annoncé à la prochaine élection présidentielle, de se présenter à  la direction générale de la surveillance du territoire où il a été convoqué le 19 février, la réaction du procureur de la République ne s’était pas fait attendre. Dans une déclaration publiée ce vendredi, André Gakala-Oko a affirmé que la loi va s’appliquer dans toute sa rigueur.

L’on s’attend, dans les heures qui vont suivre, à ce que l’ancien chef d’état-major de l’armée congolaise soit, de gré ou de force, présenté aux autorités judiciaires. Une troisième convocation lui a été adressée samedi, aux dernières nouvelles, sans qu'il ne se rende auprès des services de la DGST, alors que l'étau s'était déjà desseré autour de son domicile, les forces de police se seraient retirées aux premières heures de ce samedi.

En effet, évoquant des informations qui, « si elles s’étaient avérées, mettraient gravement en danger les institutions de l’Etat et les fondements même de la nation, ainsi que la sécurité intérieure et extérieure de l’Etat », le procureur de la République a indiqué avoir prescrit, le 17 février courant, au directeur général de la surveillance du territoire (DGST) de procéder « immédiatement » à l’interpellation du général Jean-Marie Michel Mokoko, « procéder sans délai à son interrogatoire ainsi que de tout sachant et de déférer à son parquet le ou les concernés, après enquête ».

Ainsi, une convocation fut adressée au général, signée du colonel Elie Atipo Etou, directeur de la sécurité intérieure, en lieu et place du DGST, Philippe Obara, qui serait en mission à l’étranger.

Réponse de l’officier général et candidat à l’élection présidentielle : « D’abord en notre qualité de contractuel de l’Union africaine, nous avons le statut de diplomate et sommes donc couverts par les traités et conventions relatives à ce statut. Ensuite, en notre qualité d’officier général des Forces armées congolaises (FAC), nous pensons que votre demande à notre encontre ne répond pas aux procédures du règlement de discipline militaire général dans les FAC et la Gendarmerie nationale. Nous comptons sur votre respect de la légalité », peut-on lire dans une lettre, dont l’Union africaine était ampliatrice.

Un bras de fer ?

Après ces échanges épistolaires, l’on constatait vendredi soir que des forces de sécurité bloquaient l'accès à la résidence du général Mokoko située dans le centre de Brazzaville. Le procureur de la République, intervenu sur la télévision nationale, a déploré que le général Mokoko a refusé de comparaître, préférant envoyer son aide de camp. Il avait déjà donné le ton dans une déclaration écrite en rappelant que le Congo est un Etat de droit et que nul n’est au-dessus de la loi. « Par conséquent, la loi s’appliquera dans toute sa rigueur ».

Pas évident que cela débouche sur une épreuve de force comme le redoute certains. Jean-Marie Michel Mokoko  n’a manifesté l’intention de défier la force publique. Il avait déclaré à RFI que si les autorités venaient à l’emmener par la force, « il se soumettrait ».

Du côté de l’Union africaine, on assure que le général a démissionné, car il y a incompatibilité entre sa candidature à l’élection présidentielle et son statut de représentant spécial pour l'Union africaine en Centrafrique. Il n'est par conséquent plus couvert par son immunité.

L’ancien chef d’état-major des FAC avait annoncé, le 6 février, depuis Bangui en RCA, son intention de se porter candidat à l’élection présidentielle du 20 mars prochain au Congo. Il était rentré à Brazzaville le 9 février pour préparer son dossier de candidature et sa campagne électorale. Il entreprit des descentes à Makoua et à Mossaka dans sa région natale de la Cuvette, après un meeting au Palais des congrès de Brazzaville, le 13 février, qui avait mobilisé une foule importante.

Cependant, une vidéo le mettant en cause dans un projet de coup d’Etat contre les institutions en place, a été lancé sur les réseaux dans la foulée, alimentant la chronique au sujet de celui que d’aucuns considèrent comme un adversaire sérieux face au président Denis Sassou N’Guesso lors de ce scrutin.

Thierry Noungou

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