Kananga : un journaliste s’échappe des griffes d’un général furieux

Mardi 29 Août 2017 - 17:25

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Édouard Diye Tshitenge a été poursuivi par des militaires sur ordre d'un général des Fardc alors qu'il s'apprêtait à faire la restitution du colloque ayant accouché du Manifeste du citoyen signé à Paris le 28 août par diverses associations et mouvements de la société civile congolaise.

Les habitants de Kananga étaient témoins lundi 28 août d’une scène assez rocambolesque avec, pour acteurs principaux, un journaliste et un général de l’armée. Le journaliste répondant au nom de Diye Tshitenge faisait partie de la délégation de la société civile ayant effectué lé déplacement de Paris où s’est tenu dernièrement un forum ayant accouché du « Manifeste du citoyen », une sorte de vade mecum du citoyen congolais. Pour respecter le rituel qui veut qu’il puisse faire la restitution de son voyage de Paris à ses compatriotes restés au pays et surtout leur expliquer la quintessence du « Manifeste du citoyen » signé par une dizaine d'associations et mouvements demandant une « transition citoyenne » sans Kabila, Diye Tshitenge (directeur de la radio Kasaï Horizons) a tenu à se plier à cette exigence. Aussi a-t-il réuni le lundi dans la cour de la paroisse catholique Saint-Marc de Kananga une belle brochette des Kanangais en vue de leur restituer ce qu’a été le colloque de Paris. 

Alors que les invités commençaient à se pointer au lieu de la conférence, le général Marcellin Assumani Issa Kumba (commandant du secteur opérationnel des Fardc) escorté par ses gardes fera irruption dans l’enceinte de la paroisse pour s’enquérir de l’objet de la conférence. Tout bonnement, il se dirigea vers le journaliste à qui il demanda des explications. Ce dernier se plia volontiers à cette injonction en donnant les motivations de cette conférence sans pour autant convaincre le général qui ordonna aussitôt au public de vider les lieux et aux responsables de la paroisse de fermer la grille. « Vous voulez appeler la population à la révolte contre les institutions du pays », a-t-il lancé au journaliste tout en rappelant la situation sécuritaire encore fragile au Kasaï. Alors qu’il s‘apprêtait à sortir de la paroisse, le journaliste avait été poursuivi par une foule nombreuse qui voulait connaître le contenu du « Manifeste de Paris » qu’il tenait par devers lui. Il en distribuait quelques exemplaires au vu du général qui avait ordonné aussitôt son arrestation immédiate. 

Prenant ses jambes à son coup devant des militaires qui le pourchassaient, le journaliste avait pris la direction du siège de la Monusco situé à quelques encablures de la paroisse et se projeta à l’intérieur de la Cour. C’était sans compter avec la détermination des militaires qui avait terminé leur course-poursuite à la barrière, juste à l’entrée des installations de la Monusco. Il s’en est suivi une altercation entre le personnel onusien et les militaires commis à la garde du général. Ces derniers ont fini par lâcher du lest et se sont retirés après s’être rendu compte de l’inutilité de leur démarche qui, vraisemblablement, n’allait aboutir à rien. Puis, ils se sont confondus en excuses, regrettant au passage leur agissement. Jusque lundi soir, le journaliste Diye Tshitenge était encore dans les installations de la Monusco qui ne s'est pas prononcée sur l'incident.   

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Altercation entre la garde du général et le personnel onusien

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