Opinion

  • Réflexion

La France au lendemain du 14 juillet

Dimanche 16 Juillet 2017 - 16:30

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


En affichant ostensiblement le 14 juillet, sur les Champs Elysées à Paris, les liens d'amitié qui unissent depuis plusieurs siècles la France et les Etats-Unis d'Amérique, le nouveau président français a posé ostensiblement l’une de ses cartes sur la table de jeu des relations internationales.

Il a tout d'abord rappelé à ceux qui seraient tentés de l'oublier qu'au-delà des querelles souvent mesquines qui opposent les grandes puissances les rapports de confiance tissés tout au long de l'Histoire demeurent plus vivants que jamais. Entre la France qui aida les Etats-Unis à prendre son indépendance et les Etats-Unis qui lui apportèrent par deux fois une aide militaire décisive face à l'Allemagne, il existe une entente fondamentale que le temps ne peut, ne saurait détruire.  Et c'est bien ce qui a été marqué de façon claire vendredi lorsque les nouveaux locataires de la Maison Blanche et du Palais de l'Elysée ont salué les troupes américaines et françaises qui défilaient devant eux.

En choisissant la date très symbolique du 14 juillet pour affirmer devant les micros et les caméras du monde entier que le temps n'a en rien diminué la confiance réciproque des deux Etats, Emmanuel Macron a ensuite envoyé à la communauté internationale un signal fort. Face aux dangers de toute nature qui se profilent à l'horizon et qui naissent tout particulièrement de la vague terroriste en Europe, au Moyen-Orient, en Afrique, les Etats-Unis et la France joindront leurs efforts, coordonneront les moyens dont ils disposent afin de prévenir les dérives qui pourraient provoquer une nouvelle crise mondiale de grande ampleur. Loin de les diviser la tension présente les unit plus que jamais.

Dans le moment très particulier que nous vivons avec le rééquilibrage des rapports de force sur l'échiquier mondial, avec la montée de menaces difficiles à combattre sur toute l'étendue du globe, avec l'émancipation d'un tiers-monde qui fut longtemps dominé par les puissances du Nord, avec une mondialisation qui favorise le progrès économique et social mais qui génère aussi de dangereuses dérives, l'affirmation publique et la démonstration militaire de cette unité n'a rien de théorique. Elle lance un avertissement clair à ceux qui pensent que le temps présent efface le temps passé.

Si Emmanuel Macron, qui est un pur produit de la puissante machine étatique française, a choisi d'affirmer la posture régalienne qui est désormais la sienne, cela alors même que ses prédécesseurs jouaient la carte inverse - celle de la normalité pour l’un, de l'agitation médiatique pour l’autre - c'est assurément parce qu'il est convaincu que seul le renforcement des liens tissés par la longue et douloureuse histoire de l'Europe permettra à la France de franchir les obstacles qui s'élèvent aujourd'hui sur sa route.

Soit dit en passant et pour conclure provisoirement sur le sujet mais sans le moindre doute concernant la justesse d’un tel raisonnement sur le plan stratégique, le nouveau président de la République française va devoir marquer de façon toute aussi claire que l'Afrique reste pour la France un partenaire incontournable.  Comment s’y prendra-t-il pour le faire ? Nul ne saurait le dire avec certitude, mais l'on peut tenir pour certain qu'il rappellera un jour prochain à ceux qui seraient tentés de l'oublier que si la France est devenue une grande puissance et a survécu au drame des deux guerres mondiales c'est d'abord et avant tout parce qu'elle s’est appuyée sur l’Afrique et les Africains.

La Case de Gaulle, le Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza, la Basilique Sainte-Anne à Brazzaville sont là pour en témoigner. Chacun de ces lieux façonnés par l'Histoire rappelle que la France doit pour une large part sa position, son influence au soutien que lui apporta cette partie du monde dans les moments difficiles d'un passé qui n'est pas si lointain.

Emmanuel Macron, qui veut manifestement inscrire sa présidence dans la durée ne manquera pas de s'en souvenir alors que s’écrivent les premières lignes de la première page du chapitre qui lui sera consacré dans l’Histoire de la France.

 

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Notification: 

Non

Réflexion : les derniers articles