Laetitia Kandolo: « Ce n'est pas le vêtement qui habille, c'est notre personnalité qui habille le vêtement »

Vendredi 3 Février 2017 - 21:30

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A 25 ans, Laetitia Kandolo lance la deuxième collection de sa marque de vêtements UCHAWI produite à Kinshasa. La styliste de la griffe franco-congolaise dessine une mode décomplexée pour sublimer toutes les femmes. Rencontre.

C'est dans la commune de Lingwala non loin du centre-ville, après l'académie des Beaux-arts et l'Ecole d'architecture qu'est produit la marque UCHAWI qui signifie « magie » en swahili. Une reconnaissance à son parcours semé outre le talent, de chance et de magie.

Petite Laetitia voit constamment sa mère et sa grand-mère coudre des habits. Son père, diplômé de l'INA (Institut National des Arts) à Kinshasa berce le foyer de musique. Une ambiance créative, où chaque enfant s'épanouit. « Ma sœur travaille dans la finance mais elle est capable de coudre une tenue. Mon petit frère fait de la musique. J'ai appris en famille à coudre juste pour m'amuser, j'ai développé par la suite mon coup de crayon », confie Laetitia.

La jeune femme a fréquenté les bancs de Mod'Art avant de finir avec un Bachelor en Fashion Business dans la prestigieuse ESMOD (Ecole supérieure des arts et techniques de la mode). Elle démarre en tant que styliste pour le magazine Ghubar avec Sarah Diouf. Son réseau se forge et son nom commence à circuler dans le milieu. Plusieurs équipes font appel à elle. Pendant trois ans, elle est chargée d'habiller Kanye West pour de grands évènements.  On lui compte également des collaborations avec Rihanna, The Black Eyed Peas, Beyonce, Madonna et récemment avec Shy et Thomas Azier.

 Si Laetitia a travaillé avec des Pop Star, elle n'en demeure pas moins humble, « un artiste reste un artiste et je ne suis pas fermée tant que nous partageons une vision commune. J'aimerais bien bosser avec Petite Noire, Gandhi, BADI, Baloji dont j'aime beaucoup l'univers. Sans oublier Maître Gims dont j'adorerais mettre en place une idée qui me trotte dans la tête depuis un moment», avoue la styliste congolaise.

Son aventure solo débute en 2015, alors qu'elle se rend seule à Kinshasa pour décrocher après ses derniers examens, mettre en pratique son savoir-faire, mais surtout pour faire son retour aux sources. Une vraie révélation pour la jeune femme de Rosny-Sous-Bois (93). « J'ai pris conscience que je participais à l'élaboration de collections des autres en oubliant mes propres rêves. J'ai eu la chance de côtoyer de grands noms de la mode avec qui j'ai beaucoup appris et qui m'ont permis de développer mon côté créatif », confie Laetitia. Elle conçoit dans la foulée sa première collection.

Les looks sont interchangeables pour une allure chic et décontractée le jour, et distingué le soir. On y retrouve un savant mélange de wax, de tissus orientaux et africains, mais aussi des tressages de matériaux et des tissus made in France. UCHAWI offre la possibilité d'un dressing complet avec des lignes de vêtements allant de 60 euros à plus de 300 euros. Toutes les pièces sont disponibles en boutique en ligne uniquement.

« J'ai pour objectif de faire voyager à travers la mode. UCHAWI est dépourvu de frontières. D'ailleurs l'Afrique a toujours été ouverte en matière de mode, et elle s'ouvre toujours plus rien qu'à travers les réseaux sociaux », affirme la styliste congolaise.

Son challenge est aussi celui des étudiants et jeunes diplômés de l'ISAM (Institut Supérieur des Arts et Métiers de Kinshasa) partenaire de la marque solidaire UCHAWI.

« Parfois les étudiants me disent qu'ils n'ont jamais travaillé les matières que je propose. C'est important pour moi qu'ils ne fassent pas seulement la production mais qu'ils apprennent. J'espère que produire sur place va éveiller d'une façon ou d'une autre l'industrie du textile au Congo et ailleurs en Afrique et emmener une autre image de ce qu'est la mode sur le continent. »

Ses modèles sont une ôde à la femme active, indépendante, intelligente qui n'a pas peur d'être bien dans sa peau. La femme peut sans complexe être sexy sans être vulgaire.

A elle d'ajouter, « Ce n'est pas le vêtement qui habille, c'est notre personnalité qui habille le vêtement. Tu peux porter un tee-shirt blanc et un pantalon noir et qu'on te dise que tu es super bien habillée comme tu peux porter une robe qui coûte 5000 euros et ne rien dégager."

 

Ekia Badou

Légendes et crédits photo : 

Image 1: Laetitia Kandolo Image 1 et 3: Campagne "Uchawi"

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