Le pape, ému, appelle à avoir une pensée pour les chrétiens d’Irak

Lundi 21 Juillet 2014 - 10:55

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La chasse aux chrétiens dans la ville irakienne de Mossoul préoccupe fortement le souverain pontife

Une délégation d’évêques chaldéens irakiens est arrivée en fin de semaine dernière au Vatican, porteuse de très mauvaises nouvelles. Dans la ville de Mossoul, la deuxième plus grande ville du pays après Bagdad, les chrétiens ont été priés de plier bagage et de déguerpir. Les djihadistes de l’État islamique, qui contrôlent la zone et y ont appliqué un khalifat régi par les seules lois de l’islam, avaient donné jusqu’à samedi 19 pour que chrétiens, juifs et autres croyants non-musulmans s’en aillent.

« Nous leur proposons trois choix : l’islam, la dhimma et, s’ils refusent ces deux choix, il ne reste que le glaive », avait précisé le communiqué de l’État islamique distribué jeudi et lu dans les mosquées. Ceux qui refusent de se convertir à l’islam doivent payer l’impôt islamique, la dhimma, ou s’en aller. Les patriarches et évêques de l’Église chaldéenne, une branche catholique présente en Irak depuis les temps bibliques, sont désormais en errance dans le monde, à travers une région où les tensions, y compris sur fond religieux, ne manquent pas (Syrie, reste de l’Irak, Palestine, etc.).

Prenant en compte cette situation, le pape François s’est montré très ému dimanche, lors de la prière mariale de l’angélus sur la place Saint-Pierre, où étaient rassemblés des milliers de fidèles venus des quatre coins du monde. « J’ai appris avec préoccupation les nouvelles qui arrivent des communautés chrétiennes de Mossoul, en Irak, et d’autres régions du Proche-Orient, où depuis le début du christianisme elles ont vécu avec leurs concitoyens en offrant une contribution significative au bien de la société. Aujourd’hui, elles sont persécutées, nos frères et sœurs sont persécutés. Ils sont chassés, ils doivent quitter leurs maisons sans pouvoir rien emporter. »

Le chef de l’Église catholique est sorti du texte qu’il avait préparé pour s’adresser directement aux fidèles présents : « Vous qui êtes sur cette place et vous qui nous suivez à la télévision, je vous invite à penser à ces communautés dans vos prières. Je vous exhorte aussi à persévérer dans la prière pour les situations de tension et de conflit qui persistent en différents endroits dans le monde, spécialement au Moyen-Orient, mais aussi en Ukraine. Que le Dieu de la paix suscite en tous un authentique désir de dialogue et de réconciliation. La violence ne peut être vaincue par la violence. La violence ne peut être vaincue que par la paix. »

Cette situation de violences et de persécutions contre les chrétiens en Irak intervient alors que durant la semaine écoulée, le Vatican avait de nouveau invité les musulmans à coopérer avec l’Église catholique à la paix dans le monde. Dans un message de fraternité pour la fin du jeûne du ramadan, le cardinal français Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, rappelait aux musulmans : « Chrétiens et musulmans sont frères et sœurs dans la famille humaine. »

« Nous nous sentons responsables, d’une manière particulière, de ceux qui ont le plus besoin d’aide : les pauvres, les malades, les orphelins, les immigrants, les victimes du trafic des êtres humains et tous ceux qui souffrent de dépendance quelle qu’en soit sa nature […]. Puisse notre amitié nous inciter à toujours coopérer pour faire face à ces nombreux défis avec sagesse et prudence. Ainsi, nous contribuerons à réduire tensions et conflits et à faire progresser le bien commun. Nous démontrerons aussi que les religions peuvent être une source d’harmonie pour le bien de l’ensemble de la société », soulignait encore le cardinal Tauran.

Lucien Mpama