Le pape réaffirme que les religions n’ont pas une vision conservatrice du mariage

Lundi 17 Novembre 2014 - 19:00

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Une conférence rassemble chrétiens, juifs et musulmans au Vatican sur le thème de la complémentarité entre l’homme et la femme.

A priori les trois religions monothéistes des chrétiens, des juifs et des musulmans sont d’accord sur leur approche face au mariage et à la famille. Les « trois religions du Livre » comme on dit (expression qui ne plaît pas trop aux catholiques) estiment toutes trois que l’union sacrée en vue de fonder une famille repose sur la réalité incontournable d’un père et d’une mère élevant les enfants, dons de Dieu, dans l’amour.

Aussi ne s’attend-on pas trop à ce que ce mercredi, jour de la fin du colloque de trois jours ouvert au Vatican ce lundi, l’inévitable communiqué final des travaux dégage des aspérités de langage. Au moins sur la famille. Mais sur le thème choisi des travaux, à savoir La complémentarité entre l’homme et la femme, les approches des trois religions peuvent se démarquer les unes des autres même si, d’une manière générale, les opinions antireligieuses contemporaines, sont unanimes à estimer que les religions sont également rétrogrades lorsqu’il s’agit de parler de la femme et de son rôle dans la société (ou dans la religions elle-même).

Aucune d’elles ne réserve une prépondérance au leadership de la femme en leur sein : pas de femme prêtre, pas de femme rabbin, pas de femme imam ! Les anticléricaux occidentaux s’appuient sur ce trait pour critiquer vertement la religion, surtout chrétienne, très prolixe à parler de la femme mais frileuse à lui réserver un rôle autre que secondaire dans ses instances. Dans ces milieux, le langage nouveau introduit par l’actuel pape qui invite à une « réflexion théologique sur la femme dans l’Eglise » a semblé indiquer une inflexion.

Ce sont aussi, sans doute, ces milieux qui ont vite fait de présenter le synode sur la famille tenu au Vatican le mois dernier comme le point de départ d’un magistère nouveau (enseignement du pape) sur ces questions. Les vifs débats suscités par l’attitude face à l’homosexualité ou aux homosexuels chrétiens ont pu un moment donner l’impression que le pape François pouvait « ouvrir la vanne » sur de nombreuses questions de société qui continuent d’opposer au sein de l’Eglise catholique (et qui agacent passablement les Eglises du sud de la planète qui estiment généralement que les préoccupations de leurs fidèles sont loin de la pastorale aux couples-gays).

En ouvrant lundi le colloque actuel au Vatican, le pape François a pourtant donné à comprendre qu’il n’entendait pas sacrifier la doctrine de l’Eglise catholique au profit de modes aléatoires. « Les enfants ont le droit de grandir dans une famille, avec un papa et une maman, capables de créer un environnement idoine à leur développement et à leur maturation affective », a rappelé le pape (sans doute à l’endroit des tenants de l’hypothèse selon laquelle une famille était seulement une communauté d’amour, constituée indifféremment de personnes de sexes différents ou de personnes, hommes ou femmes, de mêmes sexes).

Aux participants au colloque interreligieux, le pape a tenu des propos très explicites: « Nous ne devons pas céder au piège d’être qualifiés par des concepts idéologiques. La famille est un fait anthropologique et, par conséquent, un fait social, culturel. Pour notre part, nous ne pouvons la qualifier par des concepts de nature idéologique, qui n’ont de force que pendant un temps dans l’histoire puis finissent par  s’effondrer. On ne peut parler de famille conservatrice ou de famille progressiste : la famille, c’est la famille ! »

Le chef de l’Eglise catholique tord ainsi le coup à qui lui prêtait des velléités « progressistes » l’éloignant. Eventuellement, de la pratique séculaire, et « conservatrice » supposée, de ses prédécesseurs. La famille, a-t-il réaffirmé lundi, apporte sa contribution essentielle à la société. Le mariage est fondé sur la durée et non pas seulement « sur l’émotivité ou les nécessités contingentes d’un couple », a rappelé le pape. En un mot, le mariage est sacré et il n’a que faire des modes passagères!

Lucien Mpama