L’économie italienne de plus en plus bénéficiaire d’une immigration en croissance

Mercredi 13 Novembre 2013 - 17:11

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Les étrangers deviennent une réalité économique qui compte dans la péninsule

Il y a beaucoup de cous tordus apportés aux idées reçues dans le rapport publié mercredi 13 novembre à Rome par l’Istat, l’institut italien de la statistique. Appuyés par les recherches menées notamment par l’Idos, une institution religieuse, et le Département contre la discrimination raciale, Unar, les résultats de ces études montrent une immigration supplétive du dynamisme économique. À rappeler que l’Unar relève directement du gouvernement italien, ce qui ajoute à la crédibilité de la réalité dépeinte.

L’Italie comptait, au 31 décembre 2012, 60 millions d’habitants parmi lesquels 5,18 millions d’étrangers. La première surprise dans ce tableau vient de la provenance de ces immigrés : l’Europe ! Plus de la moitié d’entre eux en effet (50,3% pour être précis), proviennent de pays du continent européen. Les Africains viendraient en deuxième position, mais loin derrière, puisque ne représentant que 22,2% de l’ensemble des étrangers (Marocains, Sénégalais en majorité), suivis de près par les Asiatiques (19,4%).

La photographie sociale ainsi capturée montre que la communauté étrangère la plus nombreuse en Italie est celle des Roumains qui sont près d'un million. Le nombre d'enfants étrangers nés en Italie a été de près de 80 000 l'année dernière, tandis que le total des mineurs étrangers est d'environ 1,15 million de personnes. C’est sur eux que pèse aujourd’hui l’issue d’une bataille âpre qui oppose partisans d’un droit du sol et tenants d’un droit du sang, pour leur octroyer la nationalité italienne.

La deuxième surprise d’importance dans cette réalité est que, finalement, l’immigration profite plus qu’elle ne coûte à l’Italie. Car, mis à part les interventions d'urgence dans le domaine de la lutte contre l'immigration clandestine, l'État italien a encaissé en 2011 environ 13,3 milliards d'euros en impôts, taxes et autres versements de la part des immigrés. À l’inverse, il a dépensé 11,9 milliards en leur faveur : le bénéfice net est donc en faveur des caisses de l’État, avec un solde de 1,4 milliard d'euros.

L’étude montre aussi un secteur économique florissant aux mains de l’immigration dans une Italie frappée, elle aussi, avec vigueur par la crise économique mondiale. Ainsi, il est indiqué que les entreprises étrangères sont près du demi-million (477 519), soit 7,8% du total, dans un pays qui enchaîne les licenciements dans les sociétés jadis porte-étendard de son savoir-faire. Leur taux de croissance serait de 5,4%, une valeur ajoutée qui devrait leur assurer, soutiennent les initiateurs de ces études, un plus grand soutien des banques et autres institutions financières.

Les chercheurs soulignent aussi que les aspirants-chefs d’entreprises étrangers se montrent disposés à s’engager dans des domaines novateurs et dans des activités d’import-export. Cela serait d’un égal bénéfice pour leurs pays d’origine et pour l’Italie. Sans parler des masses d’argent que les immigrés rapatrient chaque mois dans leurs familles de départ, palliant efficacement les lacunes de l’aide au développement. On en a une idée qui s’illustre à travers la formidable mobilisation des communautés philippines pour aider leur pays frappé par un méga-typhon, en attendant que l’aide internationale se déploie sur tout l’archipel.

Lucien Mpama