Les immortelles chansons d’Afrique : « Ata ozali » de Franklin Boukaka

Vendredi 11 Août 2023 - 13:15

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Beaucoup plus connu dans le microcosme littéraire qu’il a marqué d’une empreinte indélébile, Henri Lopes a écrit le texte de la chanson « Ata ozali », parue en 1972 dans l’album le « bucheron » de Franklin Boukaka. Exécuté en Ré mineur, ce morceau joué exclusivement sur piano par Manu Dibango prône l’unité des Congolais.

« Ata ozali vili, ata mongala, ata mokongo, ozali kaka mwana Congo, ozali kaka mwana Congo, ozali kaka mwana Congo ». « Qui que tu sois, Vili, Mongala ou Mokongo, tu es Congolais ». Cette phrase qui conclut l’intention de l’auteur est corroborée par des motivations à la cohésion : « Solo zoba oyo alingi ko bunda na ndeko, tango nkoyi akoti na lopango ». « Est imbécile celui qui se met en querelle avec son frère pendant que l’ennemi arrive ». « Soki nkoyi a koti na ndako na yo, loba vili, loba lingala, loba kikongo, nkoyi ako yoka monoko yango te, nkoyi ako yokela yo mawa te, nkoyi ako liya se yo ». « Si le lion venait à t’attaquer même si tu parles ta langue vili, lingala ou kikongo, il n’aura pas pitié de toi. Il finira par te dévorer ».

En outre,  l’auteur édifie le peuple sur le douloureux passé commun des grands-parents : « Ba nbulumbulu ba kanga tata na yo, ba mema ye na Congo Océan, ba sala soni na mama na yo, ba beta fimbo na ndeko na yo, ba fingaki yo makaku ». « Les miliciens du temps colonial ont enchaîné et déporté ton père, ils ont violé ta mère, ils ont fouetté ton parent, ils t’ont insulté Macak ».   

Cette magnifique œuvre chantée en lingala a été magistralement interprétée dans l’irrésistible voix de ténor de Franklin Boukaka et l’intrépide doigté de Manu Dibango au piano. Parue sous les auspices du label « Phonogram » en format 33 tours, référencé SAF 50001, sa particularité est qu’elle s’ouvre et se prolonge par un Ré mineur pour se termine par un Ré majeur. Notons que la chanson « Ata ozali » fut interprétée en 1999 par le groupe de rap du Congo Brazzaville « Biso na Biso » dans l’album « Racines ».

Né en 1937, Henri Lopes est un écrivain de renom du Congo Brazzaville. Il a occupé de hautes fonctions politiques.  Premier ministre de 1973 à 1975, il est nommé en 1982 fonctionnaire de l’Unesco à Paris puis ambassadeur. Dans la littérature, il est auteur de : Tribaliques en 1971, Romance en 1976, Sans Tamtam en 1977, le pleurer-Rire en 1982, le chercheur d’Afrique en 1989, Sur l’autre rive en 1992, Les Lys et le Flamboyant en 1997, Dossier classé en 2002, Ma grand-mère bantoue et mes ancêtres Gaulois, en 2003, Un enfant de Poto-poto, en 2012, Le Méridional, en 2015, Il est déjà demain, en 2018. Dans le domaine musical on lui doit le texte de l’hymne national « Les Trois glorieuses », exécuté par l’ensemble Musical de l’Eglise Armée du salut.

Frédéric Mafina

Légendes et crédits photo : 

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