Libre format : Alexandre S. Pouchkine, fondateur de la langue littéraire russe

Jeudi 2 Juillet 2015 - 18:08

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Très populaire en Russie, Alexandre Sergueïevitch Pouchkine, est célébré tous les mois de juin en Russie et dans d’autres pays du monde où la langue et la littérature russes sont mises en exergue. C’est le cas de la République du Congo, où le Centre culturel russe (CCR), a organisé tout récemment à Brazzaville, une activité pour célébrer cet illustre créateur, en présence du directeur de ce centre, Sergey Belyaev et des étudiants congolais bénéficiaires des bourses d’études en Russie ainsi que des autres apprenants de la langue et littérature russes. 

Véritable légende, Alexandre S. Pouchkine, à qui la cérémonie lui est dédiée, représente tout pour les Russes. Principal conteur pour les nouvelles générations, il est celui qui a transformé la langue russe, en la rapprochant de celle qui est parlée aujourd’hui. Il est donc le créateur de la langue russe moderne. A peine au lycée, le poète et dramaturge de l’époque des Lumières, Gavrila Derjavine, pressentait en Pouchkine, un génie. Toutefois, le style pouchkinien a sa beauté grâce à sa fameuse nurse Arina. Et Pouchkine a consacré tant de poèmes à sa nurse. D’ailleurs, pour  le professeur émérite à l’Université Lomonossov de Moscou, Vladimir Ielistratov, à la fois docteur en culturologie, écrivain, dit de Pouchkine : « Pouchkine n’a pas créé la langue russe, il a supprimé tout ce qui était inutile. Parce que des poètes comme Kheraskov et d’autres composaient dans un style redondant. Il a procédé à une intervention chirurgicale. Il a minimisé la langue dans le bon sens, éliminé des archaïsmes, des métastases de la langue russe, transformé le genre relevé en genre vulgaire - du point de vue des littéraires d’alors. Il a laissé dans le meilleur de la langue. »

Si Alexandre S. Pouchkine n’a pas inventé la langue russe moderne, comme on le prétend parfois, il a tout de même parachevé l'action de ceux qui luttaient depuis des décennies pour imposer le russe tel qu'il était parlé. Le deuxième mérite de Pouchkine est d'avoir libéré la littérature russe de l'influence étrangère. Il s'inspire des grands maîtres européens sans se faire l’imitateur de personne, contrairement à ceux qui l’avaient précédé. Sur son style, tous s’accordent à lui reconnaître une simplicité, une précision et une élégance extrêmes. Son écriture est celle d'un écrivain classique, héritier du siècle des Lumières, bien que vivant au cœur de l'ère romantique (l'influence de celle-ci ne se fait sentir que dans ses premiers poèmes).

Quel est le parcours d’Alexandre S. Pouchkine ?

Alexandre Sergueïevitch Pouchkine est un poète, dramaturge et romancier russe né à Moscou le 6 juin 1799 et mort à Saint-Pétersbourg le 10 février 1837. Férue d’art et de littérature, il est issu d’une famille de la noblesse russe, relativement aisée, notamment par sa mère Nadiejda Ossipovna Hanibal (1775- 1836) une des beautés de Saint-Pétersbourg et de son père Serge Lvovitch (1770-1848), major puis conseiller militaire, esprit libre et francophile. Passionné d'histoire et de généalogie, Pouchkine était particulièrement fier de son glorieux et célèbre aïeul, dont il avait hérité certains traits qui le distinguaient fortement de ses concitoyens : teint olivâtre, lèvres épaisses, cheveux crépus, ce qui fut lié avec ses origines africaines.

Comment devient-il un grand passionné de la littérature ?

Pouchkine se réfugia dans la lecture. Lecteur passionné et insatiable, il pilla la bibliothèque familiale, s'attaquant particulièrement aux classiques anglais (Byron, William Shakespeare, Laurence Sterne) et français (Molière, Voltaire, Évariste Parny). Sa profonde connaissance de la culture française et son parfait bilinguisme (qu'il cultiva toute sa vie) lui valurent le surnom de Frantsouz parmi ses camarades du lycée de Tsarskoïe Selo. Alexandre Pouchkine étonnait aussi  son entourage par son aisance à improviser, comme à réciter par cœur des vers innombrables ; sa mémoire était infaillible, sa vivacité d'esprit remarquable. C’est dans le parc du palais impérial, qu'il dit avoir connu sa première inspiration poétique. Dès 1814 son poème « À un ami poète » est publié dans la revue Le Messager de l'Europe. Ces vers, déclamés lors d'un examen de passage, lui valent l'admiration du poète Gavrila Derjavine.

En 1817, il intègre le ministère des Affaires étrangères ; une sinécure. Suivent trois années de vie dissipée à Saint-Pétersbourg. Durant ce temps, il rédige des poèmes romantiques inspirés par les littératures étrangères et russes. Il rencontre aussi les grands noms des lettres russes contemporaines, comme Karamzine ou Vassili Joukovski. Ses poèmes sont parfois gais et enjoués, comme Rouslan et Ludmila. Bien qu'incontestablement libéral, Pouchkine n'est pas révolutionnaire, ni même véritablement engagé politiquement, contrairement à nombre de ses amis qui participent aux mouvements réformateurs qui culminent avec la révolte décabriste. Mais bien plus tard, il passa six années d’exil, qui lui permirent de s’inspirer davantage et de voyager dans le Caucase et en Crimée, à la découverte de la campagne russe profonde. En 1826, une fois matée l'insurrection décabriste, Nicolas Ier, nouvel empereur de Russie, fait revenir le poète à Moscou. En audience privée, il lui offre le pardon, à condition qu'il renonce aux débordements de sa jeunesse. Et, puisque le poète se plaint de la censure, l'empereur, posant au protecteur des arts, lui propose d’être son censeur personnel. Pouchkine n’a pas le choix : c’est ça ou le retour en exil. Il accepte.

Ainsi débute pour le poète une nouvelle phase de persécution politique. Pouchkine doit rendre compte de ses moindres déplacements aux autorités. Son activité littéraire est étroitement contrôlée. L'empereur va jusqu’à donner des conseils artistiques à son protégé : ainsi, à propos de Boris Godounov, « Faites-en un roman à la Walter Scott ! » Et le comble est que, simultanément, il passe pour un odieux collaborateur du despotisme aux yeux des libéraux, qui le considéraient comme l'un des leurs. Pouchkine reprend sa vie oisive et dissolue. Il accompagne aussi l'armée russe de Paskevitch dans sa campagne militaire de 1828-1829 contre l'Empire ottoman. Cette aventure lui inspire un récit, Voyage à Erzurum, mais lui vaut aussi de nombreux démêlés avec les autorités, qu'il n'avait pas jugé bon d'informer de ses déplacements. Sur le plan littéraire, il achève Poltava (1828), poème à la gloire de Pierre le Grand.

Persuadé que le mariage était pour lui, la voie du bonheur, Pouchkine jeta son dévolu sur une jeune beauté moscovite, Natalia Nikolaïevna Gontcharova, avec laquelle ils se marient le 18 février 1831 à Moscou. Pendant cette période, Pouchkine, en pleine maturité littéraire, entame son œuvre en prose. Les Récits de feu Ivan Pétrovitch Belkine et compose aussi le célèbre poème du Cavalier de bronze (1833). Alexandre S. Pouchkine était déjà considéré au moment de sa mort comme le plus grand écrivain russe. Les circonstances de sa disparition étant dramatiques (tué lors d’un duel aux pistolets), il a été transformé en véritable légende. Alexandre S. Pouchkine bénéficie toujours d'une énorme popularité en Russie.  

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : le directeur du CCR, les étudiants et apprenants de la langue russe devant le buste d'Alexandre S. Pouchkine Photo 2 : Alexandre S. Pouchkine

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