Lire ou relire : « Les paradis fragiles » d’Huppert Malanda

Vendredi 16 Octobre 2020 - 13:47

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Ce recueil de poésie de cent-vingt pages, publié aux éditions Flammes vives, est l’un des chefs-d’œuvre de l’illustre poète franco-congolais.

Le livre est subdivisé en cinq parties, précédées par une prose poétique faisant office d’avant-goût. Dans l’esprit des poètes de la Négritude, Huppert Malanda pose le décor à travers les « Paradis liminaires » pour baliser l’aube d’un temps nouveau et enchanté, loin du bruit des révolutions sanglantes.

Le premier chapitre du livre intitulé « Le tour du monde en 80 péchés » est dédié à Matondo Kubu Touré. Il est le portrait des fresques historiques du Congo, la patrie du poète. Avec des mots empreints d’une poésie majeure, l’auteur raconte la vie du Congo à sa manière, dans un style incomparable à nul autre.

Le second texte, « Elégie pour l’arbre qui mangeait ses fruits », dédié à Xavier Dianga, est un long cri d’indignation contre le martyre que l’Afrique fait vivre à ses enfants. Il s’agit entre autres de « Médi Ben Barka, Marien Ngouabi, Franklin Boukaka, Ken Saro Wiwa… plus une aumône de sang de cardinal pour donner au déluge une écume sans Noé » (p.54).

Le troisième, « Elégie tropicale pour le temps des vaches maigres », que l’auteur offre comme un bouquet de fleurs à Bertin Dzangué, est une peinture lugubre d’un continent aux réalités funestes. A en croire cet extrait : « Cette guigne est mon pays/ et ma civilisation/ un soir gribbeux, grumeleux/ un gag d’horizons burlesques » (p.72). Comme sa sensibilité fait plonger le poète dans un marasme d’Afro-pessimisme !

L’avant dernier texte, « Elégie pour l’envol de la tourterelle », est dédié à Anicet Douniama. Sur le fond d’une idylle, Huppert Malanda opère une croisée magique entre la vie intime et le fait social. Il conjugue subtilement heur et malheur dans le même récit, au point que ni l’amour ne perd sa sublimité, ni la guerre ne voit sa laideur atténuée.

Et le texte de la chute, « Lettre ouverte à l’obscur Galiléen », destinée à Bruno banghana, n’augure guère l’espoir attendu face au sinistre qui dégouline à travers une plume à la rhétorique inhabituelle. Et pourtant, la trame, un tantinet interpellateur, demeure attrayante au fil des pages. Huppert Malanda en décrivant l’Afrique de la sorte ne démérite pas d’être rangé dans le cercle restreint des grands poètes congolais de la fibre de Tchikaya U Tam’si, Winner Dimixson Perfection et Gabriel Mouènè Okoundji. Il est lauréat du prix de la Bibliothèque nationale de poésie de France et récipiendaire de la Médaille d’Honneur de la Francophonie.

Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

Couverture de l’ouvrage

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