Lutte contre la faim: aller au-delà de la simple dénonciation

Lundi 13 Juin 2016 - 16:35

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Le pape François s’est rendu au siège du PAM lundi, pour appeler le monde à se mobiliser concrètement contre la faim et les gaspillages.

La faim est une des plus grandes menaces à la paix et à une sereine cohabitation entre les hommes ; pour la vaincre, il ne suffit pas de la décrire ou de la dénoncer. C’est, en substance, ce que le pape François est allé rappeler à la communauté internationale lundi, lorsqu’il a pris la parole au siège du Programme alimentaire mondial, PAM. Le Saint-Père a invité à sortir des simples études académiques de description, des discours interminables quand le temps est à s’attaquer au concret des défis qui se posent à la famille humaine. D’ailleurs, pour en donner l’exemple, il a préféré remettre plutôt que lire le discours qu’il avait réservé au personnel du PAM – « trop ennuyeux !», a-t-il expliqué.

« La crédibilité d’une Institution ne se fonde pas sur ses déclarations, mais sur les actions réalisées par ses membres », a-t-il rappelé. Nous vivons dans un monde saturé d’images et d’informations, y compris sur le malheur et la souffrance des autres d’un bout à l’autre de la planète : mais cela ne contribue pas à nous rapprocher les uns des autres ; à susciter une culture de la solidarité. Au contraire, nous entrons dans une « naturalisation de la misère», a déploré le pape.

Or, « aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous contenter de connaître seulement la situation de beaucoup de nos frères ; il est insuffisant d’élaborer de longues réflexions ou de nous adonner à d’interminables discussions sur ces mêmes réflexions, en répétant sans cesse des sujets déjà connus de tous. Il faut ‘‘dénaturaliser’’ la misère et cesser de la considérer comme une donnée de plus de la réalité. Nous ne pouvons pas ‘‘naturaliser’’ la faim de tant de personnes ».

Le chef de l’Eglise catholique a poursuivi en rappelant quelques-unes de ses grandes préoccupations du moment. « Lorsque j’ai été à la FAO, à l’occasion de la IIème Conférence Internationale sur la nutrition, je vous disais que l’une des grandes incohérences que nous étions invités à assumer était le fait que, alors qu’il y a de la nourriture pour tous,  tous ne peuvent pas manger, tandis que le gaspillage, le déchet, la consommation excessive et l’utilisation de nourriture à d’autres fins sont devant nos yeux…  La terre, maltraitée et exploitée, en beaucoup d’endroits dans le monde continue de nous donner ses fruits...(Mais) nous avons transformé un don qui a une finalité universelle en un privilège de peu de personnes. Nous avons fait de ces fruits de la terre… des commodités de quelques-uns, en créant de cette manière l’exclusion », a dénoncé le pape.

Avant sa prise de parole, le Pape s’était incliné devant « le Mur de la Mémoire » du PAM à l’entrée, rappelant les noms des fonctionnaires tombés en mission. Il s’était fait présenter ensuite les différents ministres des Affaires étrangères ou de l’Agriculture venus à cette session annuelle du Conseil d’administration du PAM. Parmi eux, neuf proviennent de pays africains: Burkina Faso, Tchad, Ethiopie, Gambie, Lesotho, Somalie, Sud-Soudan, Bénin et Congo, représenté par le ministre des Affaires étrangères, Jean-Claude Gakosso.

 

Lucien Mpama

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