Massacres de Beni : des mesures sécuritaires d’urgence s’imposent

Mercredi 17 Août 2016 - 17:39

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Les options levées lors de la dernière réunion du Conseil supérieur de la défense tenue à Goma sous la présidence du chef de l’État n’ont pas été divulguées. Toutefois, l’important dispositif sécuritaire observé à Rwangoma donne la mesure de la détermination de l’autorité d’en finir cette fois-ci avec les rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF), responsables présumés des massacres.  

Les évènements tragiques survenus le week-end dernier dans la ville de Beni au Nord-Kivu, précisément à Rwangoma, théâtre d’un nouveau massacre des civils, continuent d’alimenter la chronique. Depuis lors, une sorte de branle-bas a gagné l’espace politique sur fond de déplacement en série des autorités vers le lieu de la tragédie. Le Premier ministre Augustin Matata Ponyo, le vice-Premier ministre chargé de l’Intérieur Évariste Boshab, le chef d’État-major des Fardc le général Didier Etumba, le commissaire général de la police Charles Bisengimana et d’autres officiels ont tous mis le cap sur Beni au lendemain du massacre perpétré dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 août.

L’objectif de cette itinérance était d’avoir un aperçu général de ce qui s’est réellement passé pour mieux ficeler la réponse à donner à la problématique posée par les rebelles ougandais des ADF, responsables présumés desdits massacres. Déjà, à la veille de leur arrivée à Beni, ces différentes autorités ont assisté à une réunion du Conseil supérieur de la défense présidée à Goma (chef-lieu de la province du Nord-Kivu) par le président de la République, Joseph Kabila Kabange. Rien n‘a filtré de cette réunion de crise où il n’y a pas lieu de se méprendre, des mesures d’urgence ont certainement été prises de manière à résoudre définitivement l’équation ADF. En attendant, l’on note un déploiement massif des policiers et militaires autour de Beni, Butembo et d’autres localités environnantes.

C’est avec circonspection que la population locale observe la nouvelle donne sécuritaire que veut imposer le gouvernement dans la contrée tout en s’interrogeant sur son efficacité. La tragédie de Beni aura quelque peu écorné le capital de sympathie dont jouissait encore l’armée régulière dans la région, un crédit à mettre à l’actif du feu colonel Mamadou Ndala tué en janvier 2014 près de Beni alors que les Fardc se préparaient à lancer une opération contre les ADF. La disparition de cette figure emblématique de la lutte contre cette horde ougandaise avait ouvert la voie à sa résurgence au grand désenchantement d’une population locale livrée à elle-même. Ce récent massacre de Beni est révélateur, selon une opinion fortement répandue dans la ville, de l’inefficacité, ou mieux de l’impuissance des gouvernants et de l’armée nationale à établir l’autorité de l’État dans cette partie du pays.

D’où la fronde orchestrée par la population locale contre notamment les ministres de l’Intérieur et de la Défense qui, d’après certaines langues, n’ont pas prévenu ce scenario macabre alors que des signaux avant-coureurs étaient censés être décryptés à temps. L'alerte, dit-on, aurait été donnée suffisamment à temps sans réelle incidence sur le fonctionnement des forces de sécurité qui auraient relativisé la menace.  

 Excédés par le cycle de violence qui a cours dans leur contrée, théâtre depuis octobre 2014 de massacres essentiellement à l'arme blanche ayant fait plus de 650 morts, les habitants de Beni et Lubero ont écrit dernièrement au chef de l’État, Joseph Kabila, via des structures de la société civile, lui demandant de déplacer l’état-major des Fardc de Beni vers les localités proches des zones où se déroulent les opérations militaires. Bien plus, ils proposent à ce qu’il puisse déclarer, dans l’urgence, un État de siège à Beni pour permettre aux forces de sécurité un cadrage optimal de la ville afin de dissuader toute velléité d’attaque.  

Alain Diasso

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