Mobile banking et cryptomonnaie : la fin de l’argent liquide est-elle proche ?

Jeudi 27 Juin 2019 - 22:07

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Martin, chef d’entreprise, la cinquantaine révolue, s’est retrouvé face à une difficulté un jour. Il devait envoyer de l’argent à son collaborateur à Pointe-Noire pour dédouaner de la marchandise. C’est là que son assistante lui a parlé de « Mobile money ». Sceptique au début, il en est devenu totalement accro.

Au cours de la dernière décennie, la téléphonie mobile s’est développée de façon exponentielle en Afrique, alors que le taux de bancarisation, lui, demeure faible. Ce contraste a donc créé les conditions idéales pour que le mobile banking se développe sur le continent africain. En effet, la téléphonie mobile présente plusieurs avantages pour l’usager : il réduit les contraintes géographiques et les coûts de transaction, tout en offrant aux banques commerciales une stratégie d’expansion à faible coût.

La pénétration de la téléphonie mobile dans les pays en développement a connu une progression rapide, avec des taux de croissance annuels compris entre 30 % et 50 %, voire plus dans certains pays. De nos jours, les moyens de paiement se dématérialisent de plus en plus. Même si l’argent liquide, le chèque ou la carte bancaire demeurent encore les moyens de paiement les plus utilisés en Afrique, les nouveaux moyens de paiement que sont le paiement mobile et le paiement en ligne prennent de plus en plus de place dans les habitudes monétaires des Africains.

Selon une étude, ces derniers n’hésitent plus à faire leurs achats en ligne et via un paiement dématérialisé. Derrière ces paiements, se cachent des gestes simples du quotidien comme le paiement d’une facture de courant ou d’eau via un portefeuille électronique, un virement à un proche ou le règlement d’une transaction en magasin avec son téléphone. Tout cela repose sur une habitude qui représente aujourd’hui tout notre mode de vie et de consommation : l’utilisation de supports multicanaux (ordinateur, téléphone mobile, cartes à puces, etc.) qui n’étaient pas initialement destinés à la réalisation d’opérations financières.

Facebook veut révolutionner la finance mondiale

Le réseau social américain Facebook a annoncé, le 18 juin, le lancement pour 2020 de « Libra ». Libra est ce qu’on appelle par cryptomonnaie, une nouvelle monnaie dématérialisée développée en partenariat avec une vingtaine d’institutions financières, comme Visa, Mastercard ou encore PayPal. Grâce à Libra, les utilisateurs du réseau social que l’on estime à plus de deux milliards sur la planète pourront envoyer de l’argent ou payer des achats sur des sites partenaires depuis les applications de l’écosystème bâti par le géant de l’internet, que ce soit Facebook, Messenger ou encore WhatsApp.

Pour le banquier Bruno Colmant, le Libra est une véritable révolution monétaire à ne pas prendre à la légère. « Avec Libra, le capitalisme crée sa propre monnaie privée, mondialisée et digitale, tout en connaissant ses clients mieux qu’un État ne connaît ses citoyens. C’est un nouvel ordre moral et marchand », indique-t-il. 

En parallèle de cette nouvelle concurrente au bitcoin, la mère de toutes les cryptomonnaie, Facebook a aussi développé « Calibra », un portefeuille virtuel qui permettra de gérer ses fonds en Libra. Comme le bitcoin, cette nouvelle cryptomonnaie n’aura pas d’existence physique. Pas de billets ou de pièces sonnantes et trébuchantes pour le Libra, qui ne sera pas non plus émis par des banques centrales, contrairement aux devises traditionnelles. Cette monnaie 2.0 sera créée par un consortium de vingt-huit partenaires, dont Facebook, les diverses institutions financières, mais aussi Uber, Spotify ou encore Vodafone, qui ont payé un droit d’entrée de dix millions de dollars pour participer au réseau Libra.

Il est actuellement possible d’utiliser des euros, des dollars ou n’importe quelle devise pour payer sur Facebook. Mais le Libra, comme les autres cryptomonnaies, présente un avantage : c’est un moyen de paiement qui permet d’envoyer de l’argent directement sans passer par un intermédiaire (comme les banques). Ainsi, l’utilisation du Libra doit permettre de réduire les frais de transaction généralement prélevés par les institutions financières. Ils ne disparaîtront cependant pas entièrement, mais Facebook a promis qu’ils seront bon marché et transparents.

Comme on le voit, les moyens de paiement évoluent avec les avancées technologiques qui se développent rapidement dans nos sociétés. Ils sont en train, au fil des ans, de changer nos habitudes. Même si les Africains restent encore très attachés à l’argent liquide et ne sont pas prêts de s’en séparer définitivement. La question est de savoir pour combien de temps encore l’argent liquide tiendra-t-il tête à l’argent virtuel dans un monde de plus en plus connecté ?

Boris Kharl Ebaka

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