Musique : l'Union des musiciens congolais invitée au 6e Forum mondial de musique

Jeudi 26 Septembre 2019 - 20:45

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Une délégation  a quitté Brazzaville pour Paris, en France, où elle va prendre part aux assises dont les travaux débutent ce 27 septembre pour s'achever le 2 octobre.

La mission que conduit Bernard Bouka, président de l'Union des musiciens congolais, est invitée par le Conseil international de la musique qui célébrera au même moment les 70 ans de son existence. La rencontre qui s'ouvre dans la capitale française est un haut moment d’échange autour des droits des artistes à travers le monde. Cinq  droits de la musique y seront évoqués dont deux concernant le Congo Brazzaville.

« Il s’agit de la liberté de créer, c'est-à-dire que l’artiste doit disposer de sa liberté. Et cela ne doit souffrir d’aucune injonction, d’aucune entorse. Vous savez que l’adversaire de l’artiste c’est souvent le gouvernant. Quand l’artiste pratique le réalisme critique, il dénonce les maux de la société. Souvent cela ne plait pas à tout le monde. Et le second droit, c’est de jouir de son œuvre à travers les droits d’auteur », a indiqué Bernard Bouka, lors d’un entretien avec Les Dépêches du Bassin du Congo.

Les acteurs culturels, en présence des experts du monde entier, perceront l’abcès afin de faire bouger les choses là où elles se bloquent, surtout en Afrique

« Nous allons approfondir les interprétations sur les conventions, parler de l’impact de l’internet et du numérique dans la gestion des droits d’auteur », a-t-il renchéri.

Bernard Bouka veut faire entendre la voix des artistes congolais et faire l’état des lieux des droits d’auteur dans son pays. Le Congo Brazzaville a un système réglementaire qui souffre de quelques anomalies en termes de la caducité de certaines dispositions de la loi de juillet 1982 ; une loi de cent sept articles parmi lesquels certains sont devenus caducs.

Rappelons que cette loi a été votée dans un contexte socioculturel régi par le monopartisme . L’artiste n’était pas aussi comptable dans les mécanismes de protection de ses œuvres. Le Conseil d’administration qui doit regarder cette situation n’est pas toujours installé.

L’Union des musiciens congolais pense, par ailleurs, qu’il faut refonder le système, revoir les textes et la vitalité des œuvres. Aussi se bat-elle pour que l’action des droits d’auteur ne soit pas affaiblie par des mésententes internes à l’organisation. L’Etat a suffisamment de puissance pour recouvrer leurs droits [d’auteurs] ainsi que les droits voisins que cette loi n’a jamais pris en compte alors qu’il dispose d’une bonne clé de répartition. L’organisation s’oppose à l’idée selon laquelle « il faut laisser les artistes gérer leurs droits ».

L’autre bataille c’est de militer pour que le Congo dispose d’un organe à statut mixte avec, d'une part, la présidence des artistes et de l’autre, la puissance régalienne de l’Etat.

La situation des droits d’auteur n’est pas commune à toute l’Afrique. Au Gabon, au Sénégal, en Algérie, en République démocratique du Congo (RDC), les artistes disposent d’une coopérative qui est rationnellement mise en place. Ils ont un tissu industriel des acteurs qui sont plus dynamiques et disposent plus de moyens.

Le tissu industriel de la RDC, par exemple, couvre tout le territoire et la contribution est importante. Il revient aux artistes congolais de mettre de l’ordre dans les médias avec les acteurs de la diffusion s’ils veulent contrôler l’exécution de leurs œuvres dans les médias.

« Ici, nous ne vivons qu’avec des forfaits. En dehors des forfaits, nous devons arriver à des droits rationnellement comptabilisés, que les régisseurs d’antenne notent ces droits avec une incidence financière pour que le bureau des droits d’auteur puisse les regrouper et les distribuer aux artistes », a indiqué le chef de la délégation.

Les artistes avaient demandé, depuis 1986, à l’Etat de gérer les droits d’auteur. Cependant, ce mécanisme peut être revu mais à condition de mettre en place une commission technique mixte qui regroupe les acteurs sociaux, les artistes, les administrations de l’Etat et les experts.

« C’est un domaine très technique qu’il faut regrouper des gens qui puissent faire un diagnostic et suggérer des solutions dans la réorganisation de notre système et aussi écouter la volonté des artistes concernés qui ont un mot à dire », a conclu Bernard Bouka.

Achille Tchikabaka

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