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Philippe Mvouo à propos de la presse congolaise

Lundi 14 Octobre 2013 - 1:03

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Le président du Conseil supérieur de la liberté de communication, Philippe Mvouo, a élevé la voix, mardi 8 octobre, en parlant des médias congolais. Au demeurant, contrairement à l’idée vaguement partagée d’un pays pauvre en organes de presse, le Congo fourmille de chaînes de radio et de télévision et croule littéralement sous le poids des titres de la presse écrite.

Les chiffres rendus publics à l’occasion de la restitution par ce dernier des résultats du contrôle mené sur l’ensemble du territoire national parlent d’eux-mêmes : 61 chaînes de radio, 29 chaînes de télévision, 102 titres. De quoi couvrir amplement l’actualité nationale, car, en dehors des journaux qui paraissent pour l’essentiel à Brazzaville, au moins deux ou trois radios et télévisions sont implantées dans chaque département du Congo. Il y a donc là matière à fournir des emplois aux professionnels des médias, matière à constituer de véritables entreprises qui nourrissent leurs ouvriers.

Le problème, car il y en a un, n’est pas tant le nombre impressionnant de ces organes. Philippe Mvouo l’a souligné dans son discours de circonstance avec des mots qui ont pu heurter certains. Mais, peut-être, a-t-il laissé parler son cœur au regard du constat dressé par son institution d’après lequel la plupart des radios, télévisions et journaux, et même les imprimeries, évoluent dans la plus grande illégalité : défaut d’autorisation d’exercer, manque de siège, fréquences acquises de façon illicite, tels sont entres autres les griefs administratifs listés auxquels s’ajoutent bien d’autres d’ordres financier et humain.

Par contre, la profession est prise d’assaut par nombre de « participants » qui, pour être devenus tout d’un coup des éditorialistes ès qualités, n’apportent pas que du bonheur à la maison presse. Et Philippe Mvouo de sortir l’artillerie lourde : « La presse congolaise est malade, martelait-il. Malade de sa libéralisation qui n’a pas anticipé sur la protection du secteur, malade de sa pratique journalistique qui s’éloigne à corps perdu des principes cardinaux de la profession, malade du laisser-aller et du laisser- faire. » Cela a pu heurter, avons-nous souligné plus haut. Néanmoins la contestation de ce qui est dit peut avoir une contrepartie implacable : lisons, écoutons, regardons nos médias et prenons le temps de consulter les monitorings de l’Observatoire congolais des médias. Nous en tirerons de meilleurs enseignements.

Inutile, en tant que professionnels, de se mettre du côté du censeur, pourrions-nous dire. Non sans se soucier du fait que tels qu’ils « lynchent » les magistrats qui versent dans la corruption, les médecins qui repoussent leurs patients, les hommes en armes qui excellent dans le racket, les administrations qui voguent dans l’incurie, les gestionnaires de crédits publics qui s’en mettent plein les poches, les politiques qui recourent à l’intrigue pour éclipser l’autre ; tels qu’ils s’en prennent aux autres citoyens, les journalistes se mettront rarement à l’abri du regard de la société, surtout s’ils ont jeté par-dessus bord les principes élémentaires de leur métier.

Pour revenir à Philippe Mvouo et refermer à moitié le débat, le chef de l’organe de régulation des médias ne s’était pas armé que de critiques. À la décharge des entreprises de presse et de leurs fonctionnaires, il a plaidé pour que l’État leur accorde une subvention substantielle inscrite dans la loi de finances. À ses yeux, et il n’a pas tort, quelque chose pourrait peut-être évoluer dans la façon de produire des (presque) 2 000 hommes et femmes des médias catégorisés entre professionnels, non-professionnels, assimilés, indépendants et honoraires qui continueront, n’en doutons pas, de faire la pluie et le beau temps du « sacré » quatrième pouvoir : la presse !

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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