Portraits de la diaspora : le bon docteur Owaka

Samedi 13 Septembre 2014 - 4:30

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Gilbert Owaka est docteur en médecine depuis 1989 et spécialiste ORL depuis 1994. Après de nombreuses années passées à Nancy, en Meurthe-et-Moselle, ainsi que dans les Vosges, il a travaillé près de dix ans au centre hospitalier de Dreux, en Eure-et-Loir. Il est depuis trois ans installé à l'hôpital de Chartres en tant que praticien hospitalier à temps plein et exerce également une activité libérale à l'hôpital. Entretien

Les Dépêches de Brazzaville : Pouvez-vous décrire en quelques mots votre spécialité ?
Gilbert Owaka : Je suis spécialiste en oto-rhino-laryngologie (ORL). Il s'agit d'une spécialité souvent peu connue du grand public, pourtant pourvoyeuse de nombreuses pathologies. Le spécialiste ORL diagnostique et traite médicalement et/ou chirurgicalement les pathologies de l'oreille, du nez, de la gorge ainsi que de la face et du cou. Les études ORL durent de quatre à cinq années après les études médicales classiques.

Quelle est la plus grande joie que vous avez pu éprouver dans votre travail ? Quelles en sont les difficultés, les contraintes ?
La plus grande joie que j'éprouve dans mon travail est le soulagement que j'apporte au quotidien aux patients que je soigne et le sentiment du devoir accompli. Toutefois, dans cet exercice on rencontre quelques difficultés qui sont celles de tout médecin confronté à des situations telles que des diagnostics ou des traitements complexes, des patients en fin de vie, des relations médecin-famille nécessitant parfois une approche particulière... Les contraintes en ORL sont liées à la spécificité de ce domaine qui s'occupe des pathologies du carrefour aérodigestif, le but étant toujours, quelle que soit la pathologie, de préserver la vacuité et la perméabilité de ses voies assurant ainsi la préservation de fonctions fondamentales telles que l'alimentation et la respiration. Le spécialiste ORL doit donc être à l'écoute et disponible si l'état du patient l'exige. 

Quelques mots sur l'AIMCF France, association dont vous êtes membre fondateur. Quelles actions avez-vous pu mener au Congo ?
Depuis le début des années 2000, nous nous réunissions de façon informelle avec des anciens de l'Insssa (Institut supérieur des sciences de la santé) de Brazzaville. Ce n'est qu'en 2007 que l'AIMCF (Association des anciens de l'Insssa et des médecins congolais de France) est finalement créée et publiée au journal officiel de la République française.  Bien que notre association reste peu fonctionnelle au Congo pour des raisons logistiques, nos activités ont été nombreuses, dont un don de 2,5 tonnes de livres à la faculté de médecine et des sciences de la santé de Brazzaville en 2009, l’envoi de médecins pour les 50e et 51e anniversaires de l'indépendance du Congo, l’organisation de colloques (dont celui d'Orléans sur la médecine de catastrophe suite aux événements du 4 mars 2012 à Brazzaville), etc. J'ai participé également à des missions humanitaires au Congo organisées par d'autres associations, notamment à Dolisie. 

Quel regard portez-vous sur les hôpitaux du pays ? Avez-vous vu des évolutions positives lors de vos dernières missions humanitaires ?
J'ai travaillé pendant de nombreuses années dans différents hôpitaux du pays lors de ma formation à l'Insssa, et mon avis est celui d'un habitué des lieux. Le sentiment que l'on peut avoir est celui d'un certain recul sur le plan de l'organisation et de la prestation des soins, même si actuellement de nombreux efforts allant dans le sens de l'amélioration sont fournis par nos autorités. Le problème des plateaux techniques reste un point crucial dans l'amélioration des services apportés aux patients. Les missions humanitaires constituent une prise en charge ponctuelle des populations et ne peuvent remplacer des structures sanitaires pérennes. Cependant, ces missions par leur caractère philanthropique apportent un immense soulagement aux populations les plus démunies. Ces missions sont également l'occasion d'échanges et de rapprochement entre les médecins congolais de l'étranger et ceux évoluant localement. 

Comment se passe la collaboration entre les médecins congolais de l'étranger et ceux du pays ?
La collaboration entre les médecins congolais de l'étranger et ceux du pays est quasi inexistante à ma connaissance. On peut déplorer ce fait, mais il revient, à mon sens, à nous médecins de nous organiser sans attendre une tutelle quelconque.

Quel mot pour rassurer ceux qui voient les Congolais de l'étranger avec suspicion ou agacement (« lls se croient en France ! », etc.) ? 
Les Congolais de l'étranger sont avant tout des Congolais, et ceux restés au pays n'ont pas à éprouver d'agacement ou de suspicion vis-à-vis de leurs confrères de l'étranger. Ceux qui sont au pays ont fréquenté les mêmes écoles et obtenu les mêmes diplômes que ceux restés à l'étranger. Il n'y a donc pas à nourrir de complexes, même si ceux de l'étranger bénéficient d'un cadre de travail propice. Malgré cela, nous avons de grands professionnels de santé au Congo. 

Geneviève Nabatelamio

Légendes et crédits photo : 

Photo : Le Dr. Gilbert Owaka. (© DR)