Présidentielle en RDC : affluence inhabituelle au Beach de Brazzaville

Mercredi 19 Décembre 2018 - 18:45

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A quatre jours de l’élection présidentielle du 23 décembre attendue depuis deux ans, Kinshasa est sous une haute tension à la manière d’une crise post-électorale qui pourrait faire basculer, une nouvelle fois, le pays déjà mal en point. Ce qui pousse certains à le quitter pour observer de loin la situation depuis le Congo voisin.

D’après des informations recueillies sur place auprès du personnel de la sécurité et autres agents travaillant au Beach de Brazzaville, le nombre des voyageurs en provenance de la République démocratique du Congo (RDC) a ostensiblement augmenté depuis un certain temps.

Interrogée à  son arrivée, une Kinoise, la quarantaine révolue, a expliqué : « A Kinshasa, il règne un climat de peur, surtout depuis le début de la campagne électorale. Lorsque nous avions appris que certains pays ont décidé de rappeler leurs diplomates, nous avions eu peur. Je rejoins mes enfants qui sont déjà ici depuis trois jours chez une amie. Je préfère me mettre à l’abri que d’aller voter. Après les élections, nous repartirons… »

Parmi ces voyageurs, il y a ceux ou celles qui viennent à Brazzaville uniquement pour se ravitailler puis repartir aussitôt.

« Je suis commerçante. Je n’ai ni parent ni ami à Brazzaville. Chaque fois, je viens acheter ma marchandise ici. Mais cette fois, je viens me ravitailler parce que, bientôt, les prix de certains produits vont galoper à cause de ce qui se passe dans mon pays. J’ai peur », a confié Blandine, une commerçante, visiblement paniquée.

En effet, entre les violences pré-électorales et la destruction des machines à voter, les tensions ne cessent de croître en RDC. La désignation du successeur du président Joseph Kabila est l’enjeu de ce scrutin où sévit un climat de violence.

Signalons que peu avant, la campagne pour les élections présidentielle, législatives et provinciales prévues dimanche, avait pris une tournure inquiétante, émaillée de violences électorales et d'entraves aux déplacements des candidats. Chaque meeting se tenait désormais dans la peur. Dans certaines zones rurales du pays, un regain d’activité de groupes armés locaux laisse aussi craindre des perturbations.

C'est la raison pour laquelle, le gouverneur de la ville-province de Kinshasa, André Kimbuta, a suspendu, le 19 décembre, les « activités de campagne électorale » dans la capitale. 

Le gouverneur de Kinshasa motive sa décision par les « incidents et violences ayant causé des dégâts importants » dans la ville. « Les renseignements en notre possession attestent que dans tous les camps politiques, les principaux candidats à la présidence de la République, des extrémistes se sont préparés et se préparent à une confrontation de rue dans la ville de Kinshasa. Cette situation menace gravement la sécurité des personnes et de leurs biens », a-t-il assuré dans son texte. Le communiqué précise, par ailleurs, que les « recours aux médias » ne sont pas concernés par cette suspension mais essentiellement les meetings. Cependant, le camp de Fayulu dénonce « des prétextes fallacieux pour placer des embûches sur la campagne de l’opposition ».

Yvette Reine Nzaba

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