Présidentielle : l'équation du candidat commun de l’opposition se corse

Jeudi 23 Août 2018 - 18:04

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Dégager une candidature unique au sein de la famille politique paraît de plus en plus comme utopique, à quatre mois de la tenue des scrutins de décembre. Plus le temps s’égrène, plus cette perspective tend à devenir quasi irréalisable.

L’édifice de l'opposition tend à se fissurer. La dernière sortie médiatique du secrétaire général de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Jean-Marc Kabund-a-Kabund, pour qui la seule candidature que son parti soutiendra pour briguer la magistrature suprême est celle de Félix Tshisekedi, ne rassure guère. Ce parti historique entend faire valoir sa grandeur à travers la lutte menée pour l’instauration de la démocratie en République démocratique du Congo, estimant qu'il ne pas se ranger derrière un autre candidat à la présidentielle que le sien. L’UDPS n'entend pas jouer le second rôle pendant qu’elle a la prétention d’être aux commandes de la République, entend-on des inconditionnels de ce parti qui ne jurent que par le nom de Félix Tshiskedi.

Quand bien même Jean-Marc Kabund-a-Kabund a voulu nuancer ses propos en les qualifiant de simple proposition, quitte à l’entériner par l’opposition dans son ensemble, il est clair qu’il s’agit là d’une perception largement partagée au sein du parti. L’UDPS, révèle-t-on, craindrait que le scenario de 2011 ne se répète avec des candidatures fantaisistes de quelques opposants qui ont fait le lit de la majorité, en refusant de se désister en faveur d’Etienne Tshisekedi comme convenu, juste pour lui faire ombrage.     

Les propos du secrétaire général de l'UDPS ont, comme il fallait s’y attendre, secoué l’opposition qui peine à se trouver un candidat commun alors que l'échéance du 23 décembre se rapproche inexorablement. Dans l’entendement général, le principe d’une candidature unique ne fait pas l’objet d'une quelconque contestation. Tous, à l'unanimité, plaident pour que soit dégagé un candidat unique susceptible de canaliser tous les suffrages afin d’assurer un triomphe électoral. Si, en 2006 et 2011, les forces de l'opposition sont allées en ordre dispersé relativisant ainsi leurs chances de remporter la présidentielle, cette fois-ci, elles entendent unir leurs forces face à une majorité compacte resserrée autour de son candidat. « Maintenant, il n’y a pas de deuxième tour à la présidentielle, nous devons y aller unis. Et non seulement pour la candidature unique à la présidentielle mais il faut aussi une stratégie commune de surveillance des élections : il y aura environ quatre-vingt-dix mille bureaux de vote, il faut avoir un programme commun », n’a cessé de marteler Eve Bazaïba, secrétaire générale du Mouvement de libération du Congo (MLC).

Gestion difficile des égos

D’autres partis politiques ont aussi donné de la voix, via leurs candidats à la présidence, adhérant ainsi au schéma de candidature unique. Une tripartite MLC-UDPS-UNC a même déjà eu lieu dans le but de donner corps à ce projet porteur d’espoir pour l’opposition. Reste qu’aucune consultation sérieuse n’a été amorcée depuis lors pour mettre autour d’une table les potentiels candidats, en attendant la publication, ce 24 août, de la liste définitive par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), en vue de matérialiser ce vœu. Pour l'instant, chacun des candidats à la présidentielle sous la bannière de l’opposition veut être considéré comme tel, avec ses ambitions et ses appétences somme toutes légitimes d’accéder à la magistrature suprême.

En témoignent les programmes politiques qu’ils vendent d’ores et déjà à l'opinion comme pour forcer la note. L'idée d’une table ronde émise par Moïse Katumbi qui tient mordicus à se présenter, lui aussi, nonobstant les récriminations dont il est l’objet de la part des autorités congolaises, se bute aux égos des uns et des autres, visiblement peu disposés à lâcher du lest. Déjà à ce jour, plusieurs coalitions électorales sont nées, conséquence du seuil de représentativité nationale fixé à 1% dans la nouvelle loi électorale. Cela requiert une mise en commun des énergies pour aboutir à la constitution des grands ensembles susceptibles de concentrer les suffrages et d’éviter toute dispersion nuisible et contre-productive des voix. Quitte à intégrer cette approche dans le chef des candidats de l'opposition qui ne semblent pas s’accorder sur le profil de celui qui portera leurs espoirs au scrutin présidentiel de décembre.

Des négociations au sein de l’opposition pour se trouver un candidat unique s’annoncent âpres, aussi bien sur le programme, l’offre politique à faire aux Congolais que sur les individus. Si Jean-Pierre Bemba s’est montré déjà flexible en déclarant être prêt à s’effacer au profit de celui sur qui toute l’opposition jettera son dévolu pour la représenter à la présidentielle, d’autres candidats préfèrent encore observer, attendant ce 24 août, la liste définitive de la Céni pour se prononcer. Dossier à suivre.     

 

Alain Diasso

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