Processus électoral : l’opposition réclame l’audit du fichier électoral

Samedi 2 Septembre 2017 - 16:37

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Selon le Rassop/Limete, les statistiques avancées par la Céni n’inspirent pas confiance et nécessitent absolument un audit avant la publication officielle du fichier électoral.

Alors que le processus d’enrôlement des électeurs est en passe d’être enclenché ce lundi au Kasaï, des voix s’élèvent d’ores et déjà pour réclamer l’audit du fichier électoral. Le travail abattu jusqu’ici par la centrale électorale qui a avancé le chiffre de 40.000 électeurs (soit 98% d’inscrits), des statistiques qui se rapprochent de plus en plus de sa prévision initiale de 42.000 inscrits, demeure à ce jour sujet à caution. Des voix s’élèvent de plus en plus pour remettre en cause les chiffres brandis par la Céni qui, d’après l’opposition, ne jouerait pas franc-jeu dans le processus électoral. Au Rassemblement/Limete, en effet, on est convaincu qu’une fraude massive est en train de se préparer par la coalition au pouvoir avec le concours de la Céni comme maître d’œuvre via la reconstitution du fichier électoral. Ce dispositif important, gage de la crédibilité des élections, serait déjà corrompu, à en croire l’opposition radicale qui voudrait y voir clair. 

La Céni qui serait, d’après cette frange de l’opposition, un outil au service du chef de l'État, fait montre de peu d’empressement dans l’organisation des élections. « Tant qu’elle n’aura pas le feu vert de Joseph Kabila qui en réalité tient d’abord à changer la Constitution par référendum pour s’offrir le prétexte de se représenter pour un troisième mandat, la Céni continuera à tergiverser », a commenté un cadre du Rassop/Limete sous le sceau de l'anonymat. D’où le refus de ce regroupement politique de se faire représenter à Kananga où s’est tenue du 28 au 31 août, la tripartite CNSA-gouvernement-Céni chargée d’évaluer le processus électoral, estimant que celui-ci était biaisé du fait de l’instrumentalisation de la centrale électorale. Le Rassop/Limete pense que la majorité, qui n’a pas encore renoncé à son projet de référendum, serait prête à toutes les turpitudes jusqu’à tripatouiller le fichier électoral avec le concours de la Céni. Une vue partagée par les évêques catholiques qui, à la lumière des contestations formulées par l’opposition sur le fichier électoral, réclame dorénavant son « audit citoyen ». Cette démarche, à en croire la Conférence épiscopale nationale du Congo, viserait à calmer les esprits « vu que le report de la présidentielle au-delà des délais constitutionnels, à l'origine de la crise actuelle, avait été justifié par la commission électorale par la nécessité d'avoir un meilleur fichier électoral ». Et pour y arriver, un audit s’impose car les statistiques brandies par la Céni à ce sujet ne rassurent guère.

Des accroissements injustifiés

Le Rassop/Limete qui s’est procuré les chiffres du nombre d'électeurs, circonscription par circonscription, y a décelé des accroissements qu'il juge anormaux. C’est notamment le cas de la province de Sankuru ou de certains territoires de l'ex-province du Katanga où plus de 60 % d'électeurs supplémentaires ont été débusqués. Ce taux d'enregistrement aurait même encore augmenté pour atteindre les 180 % dans ces deux provinces, particulièrement au Sankuru où le corps électoral a réalisé un bond en avant en inadéquation avec le nombre des déplacés (21.000) provoqué par le déplacement des populations consécutifs à l’insécurité ayant prévalu au Kasaï ces derniers mois avec le phénomène « Kamuina Nsapu ». En outre, la découverte récente de 1.560 cartes d'électeurs sur le secrétaire particulier d'un ministre de la MP de passage récent au Sankuru n’a fait que renforcer l’inquiétude et exacerber les suspicions. De sorte qu’il ne serait pas surprenant de noter demain un écart considérable entre les données sorties des centres d'enrôlement et les chiffres que va présenter la Céni après nettoyage et dédoublonnage, lors de la publication du fichier électoral.

Outre cela, il est également fait état d’autres irrégularités telles que l'enrôlement de personnes non éligibles comme les mineurs, la minorisation expresse du corps électoral dans des provinces à faible potentiel électoral tel que le Kasaï qui représenterait moins de 2% de la population congolaise, donc sans impact réel sur la vie politique du pays. Étant entendu qu’à l’heure actuelle, personne n’est capable d'évaluer les chiffres produits par la Céni, l’audit du fichier électoral s’impose comme une donnée impérative. L’OIF, la Monusco, la Cénco et d’autres organismes spécialisés sont tenus à apporter leur expertise pour assurer une meilleure vue sur les opérations électorales en RDC.

Alain Diasso

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