Publication: Hugues Ngouélondélé veut faire se bouger le PCT

Jeudi 6 Octobre 2016 - 12:59

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Une vieille machine en quête d’un bon coup de fouet ? Hugues Ngouélondélé présente, ce vendredi 7 octobre, son livre intitulé « Le Parti congolais du travail. Faire la politique autrement », paru il y a quelques jours, en France, chez Jaguar-Edition Conseil. De nombreuses affiches annonçant la nouvelle de publication sont placardées en plusieurs endroits de la ville de Brazzaville, capitale du Congo, dont le député PCT de la première circonscription de Gamboma, dans les Plateaux, est le maire depuis 2003.

Quatre-vingt-quinze pages, seize chapitres, le livre du membre du Comité central du PCT montré en photo costume-cravate, sur couverture fond noir, écrit à la première personne du singulier, est préfacé par un ancien du sérail, Camille Bongou. Il comporte un long extrait du discours prononcé par Léon Blum au 38è Congrès national de la SFIO (Section française de l'internationale ouvrière), le 1er septembre 1946, dans lequel il triturait les immobilismes. Un Avant-propos signé de l’auteur, puis deux annexes, dont le premier est une coupure de presse, et le second, l’entretien de Hugues Ngouélondélé, invité de l’émission de radio-Congo, « Face aux auditeurs », le 4 juillet 2014, complètent la mouture du texte. En voilà pour le décor !

Le vif du sujet ? Il renvoie à l’interrogation posée en ouverture du présent papier: Hugues Ngouélondélé n’est pas ancien dans le PCT, mais il revendique avoir quasiment « habité la maison » depuis son jeune âge, lorsque par les possibilités de l’histoire, son père, Emmanuel Ngouélondélé Mongo, devint, dans le courant des années 1970, proche collaborateur du président Marien Ngouabi, comme Aide de camp. Hugues Ngouélondélé intègre finalement l’ex-parti unique bien des années plus tard, et accède au Comité central de celui-ci à la faveur de son 6è congrès extraordinaire tenu en 2011. Il n'empêche qu'il en a étudié l'histoire. Les références aux analyses des présidents Marien Ngouabi et Denis Sassou N'Guesso sur le fonctionnement du PCT ou du pouvoir PCT épousent cette considération.

« À ceux qui auront tendance à me faire un procès d’ancienneté et d’expérience dans le parti… je m’inscrirais en faux face aux arguments d’éminents cadres qui font l’économie de la réflexion sur la nécessité de procéder à la refonte de notre maison commune (le PCT ndlr) au nom d’un conservatisme béat qui s’apparenterait plutôt à un désistement sournois », énonce l’auteur dans son prologue. « Pour ma génération, mieux que le témoignage, je suis sommé de susciter le débat, tel est l’argument essentiel de cette prise de position publique, qui est dans la posture de la modeste contribution d’un adhérent », ajoute-t-il.

Au fil des pages, Hugues Ngouélondélé plaide la survie de son parti. Il la croit possible à condition pour ce qu'est devenu à son avis le « patrimoine immatériel de tous les Congolais » de se remettre en question, et pour ses dirigeants, d’arrêter de faire semblant quand rien ne marche vraiment. « Tout devra être mis sur la table de discussion », explique-t-il, si le PCT veut vivre dans le siècle présent :  « le nom du parti, les emblèmes, les méthodes de travail, les équipes de travail, etc. ». L’auteur s’élève contre la sclérose qui s’est emparée du PCT, un parti qui, pour lui, ne parvient pas à s’ériger en une force de propositions pour accompagner l’action du président de la République. Bien au contraire, développe l'auteur, le débat de fond sur les questions d’intérêt national n’y est pas.

Hugues Ngouélondélé voudrait que la jeunesse prenne d’assaut le PCT mais récuse l’archaïsme de l’appareil, qui se contente « d’applaudisseurs » que de militants venus au parti pour y apporter de l’énergie. « J’ai la ferme conviction qu’il faut au président Denis Sassou N’Guesso un parti qui réussisse à devenir une formation politique de masse, avec un enracinement populaire réel et profond, dans laquelle les Congolais de tous âges, de toutes origines, de toutes conditions peuvent se rassembler, débattre, proposer, décider », confesse l’auteur.

Au-delà de cette critique sévère de l’action du PCT, le livre ouvre un débat, des débats, pourrait-on dire, sur le rapport du Congolais au travail : le travail au bureau, le travail de la terre, sans doute aussi le déficit de projection vers l’avenir. L’auteur s’offusque des expressions du genre « Le travail de l’Etat ne finit pas », « Ce sont les réalités du pays », souvent entendues dans l’administration publique. Ou encore, le défaitisme de ceux qui, voyant le pays doté d’infrastructures de base, maillon essentiel de son développement, louvoient de façon incompréhensible : « Allons-nous manger les routes ? ».

Hugues Ngouélondélé termine son ouvrage en compilant « Douze mesures urgentes », toutes tournées vers le nouvel habillage que devra présenter le PCT pour, reprenons sa propre expression, « faire la politique autrement ». Coup de pied dans la fourmilière, ce livre va ouvrir des débats houleux ! Ce qui annonce peut-être les couleurs…dans la perspective du prochain congrès?

Gankama N'Siah

Légendes et crédits photo : 

La couverture du livre

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