Santé : l’Afrique et le virus zika

Mardi 23 Février 2016 - 16:07

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Le virus zika tire son nom de la forêt ougandaise où des chercheurs l’avaient identifié depuis 1947 sur un singe dans la forêt de zika, une petite réserve à 25 km de Kampala. Et depuis sa découverte sur l’homme en 1952, il circule sur le continent africain sans se faire remarquer. C'es ainsi que, le 1er février, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a qualifié l’épidémie d'«urgence de santé publique».

De source proche du dossier, il est signalé que si le virus Zika est connu en Afrique, celui qui frappe actuellement l’Amérique n’est pas tout à fait le même. « Il existe plusieurs génotypes du virus Zika : un génotype africain et un génotype asiatique », a expliqué le Dr Anna-Bella Failloux, entomologiste et directrice de recherche à l’Institut Pasteur. « S’agissant de l’épidémie en Amérique, on retrouve le génotype asiatique», a-t-elle poursuivi.

Les seuls cas ayant été signalés sur le contient depuis que l’épidémie frappe l’Amérique se trouvent au Cap-Vert. Et récemment, un premier cas a été confirmé en Afrique du Sud par les autorités de ce pays. Il s’agit d’un homme d’affaires colombien en visite à Johannesburg. Et selon le ministre de la Santé de ce pays, le malade est aujourd’hui guéri. Donc pour l’épidémie qui frappe l’Amérique, on ne sait pas s’il s’agit du génotype africain ou bien du génotype asiatique.

Carte de la présence du virus sur le continent africain

Aujourd’hui, l’une des principales préoccupations de l’OMS réside dans « l’association probable » du virus Zika avec des malformations congénitales chez des foetus de femmes malades et des syndromes neurologiques, même si pour le moment le lien de cause à effet n’a pas été établi. Dès le mois d’octobre, le Brésil avait tiré  la sonnette d’alarme face au nombre inhabituellement élevé de cas de microcéphalie chez les nouveaux-nés dans le nord du pays, une malformation congénitale qui se manifeste par une tête et un cerveau anormalement petit et dont l’augmentation de cas pourrait être liée à l’infection. Au total ont été enregistrés 270 cas confirmés de microcéphalie et 3448 cas suspects, contre 147 en 2014.

D’après le Dr Anna-Bella Failloux, de tels cas de microcéphalie n’ont jamais été signalés en Afrique. Du moins, on n’y a jamais fait attention, commente le médecin. Dans le cas du Zika africain, les symptômes se limitent à une petite fièvre, des éruptions cutanées, des douleurs articulaires pendant une semaine puis cela passe, a-t-elle ajouté. « Contrairement à la dengue ou à la fièvre jaune, le virus Zika ne tue pas », a insisté le Dr Anna-Bella Failloux. Déjà à l’époque, le virus avait été découvert par hasard alors que les scientifiques cherchaient à identifier celui de la fièvre jaune.

Y a-t-il un risque que l’Afrique connaisse une épidémie aussi grave ?

Sur le continent américain, les populations n’avaient jamais été exposées au virus Zika, contrairement aux Africains qui ont davantage l’habitude d’être exposés à ce genre de virus comme la dengue ou la fièvre jaune qui appartiennent à la même famille que le Zika, ou encore au Chikungunya, indique-t-elle. Les populations auraient ainsi développé des anticorps. Ainsi, pour la directrice de recherche de l’Institut Pasteur, « c’est ce qui pourrait expliquer pourquoi l’épidémie s’est étendue aussi vite » sur le continent américain. Mais le virus de génotype asiatique qui frappe ce dernier pourrait aussi avoir muté.

Si pour le moment l’Afrique a été épargnée, l’OMS a malgré tout fait part de ses inquiétudes en raison de la présence des moustiques porteurs du virus Zika  dans «  la majeure partie de l’Afrique, dans des pays d’Europe du Sud et dans beaucoup de région d’Asie, en particulier en Asie du Sud », a déclaré en début de semaine Anthony Costello, pédiatre et expert de l’OMS lors d’une conférence de presse à Genève.

Comment s’en protéger ?

À l’heure actuelle, il n’existe ni remède spécifique ni vaccin contre Zika, seulement des traitements symptomatiques. La présence du virus se détecte grâce à des tests sanguins. Toutefois, l’OMS a prodigué une série de conseils pour se prémunir du virus, qui se transmet par le biais d’une piqûre de moustique. La meilleure façon de se protéger de Zika consiste donc à tenir les moustiques à distance. Dans le détail, voici les recommandations de l’OMS : dormir sous des moustiquaires, appliquer des produits répulsifs, porter des vêtements (de préférence de couleur claire) couvrant le plus possible le corps, mettre des obstacles physiques : écrans anti-insectes, portes et fenêtres fermées, vider, nettoyer ou couvrir tous les contenants susceptibles de retenir l’eau et de favoriser la reproduction des moustiques.

On note aussi que cette maladie est en général bénigne et ne requiert aucun traitement spécifique. Les sujets atteints doivent beaucoup se reposer, boire suffisamment de l’eau et prendre des médicaments courants contre la douleur et la fièvre. En cas d’aggravation des symptômes, ils doivent consulter un médecin. Signalons que selon une haute responsable sanitaire américaine citée par l’AFP, deux cas d’infection laissent penser qu’une transmission par contacts sexuels est possible.

 

 

  

Faustin Akono

Légendes et crédits photo : 

Le moustique, un dangereux agent vecteur

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