Santé publique: l'absence d'un cadre juridique rigoureux laisse libre cours aux faux médicaments

Lundi 11 Mars 2019 - 12:45

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Pour la première fois depuis dix ans, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié des estimations sur les produits médicaux de qualité inférieure, faussement étiquetés, falsifiés ou contrefaits dans les pays en développement, ainsi que leurs conséquences sociales.

L’OMS reconnaît qu’il s’agit d’un problème majeur pour les systèmes de santé des pays en développement. En effet, un traitement sur dix commercialisés dans ces pays ne respecte pas les normes ou est un faux médicament.

Le résultat est terrifiant, car de plus en plus de malades exposés à ces faux traitements voient leur état de santé se dégrader, à moins qu'ils ne décèdent.  « Cela signifie que les gens prennent des médicaments qui ne traitent pas ou ne préviennent pas la maladie », déplore le rapport, qui dénonce un gaspillage d'argent pour ceux qui achètent ces produits médicaux « de qualité inférieure ou falsifiés qui peuvent causer des maladies graves ou même la mort », particulièrement dans les communautés pauvres.

Un deuxième modèle de l'école d'hygiène et de médecine tropicale de Londres estime que cent seize mille décès supplémentaires dus au paludisme pourraient être causés chaque année par des antipaludéens de qualité inférieure ou falsifiés en Afrique subsaharienne, avec un coût de vingt et un milliards de francs CFA pour les patients et les fournisseurs de services de soins de santé, en raison de l'échec du traitement.

Après avoir examiné une centaine d'études portant sur plus de quarante-huit mille médicaments, les experts ont découvert qu'un médicament sur dix dans les pays pauvres était faux ; 65% de ces faux médicaments sont destinés à traiter le paludisme et les infections bactériennes, endémiques dans les pays d'Afrique subsaharienne.

Les médicaments de qualité inférieure sont de plus en plus répandus, avertit l'OMS, qui appelle les gouvernements à prendre des mesures urgentes pour s'attaquer au problème.

« Les médicaments de qualité inférieure ou falsifiés touchent particulièrement les communautés les plus vulnérables », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS. « Ces produits ne font que prolonger la maladie, gaspiller de l'argent et éroder l'espoir. Au pire, ils tuent, causent de sérieux dégâts et attisent les flammes de la pharmacorésistance », a-t-il souligné.

Les antipaludéens et les antibiotiques sont les produits de qualité inférieure ou falsifiés les plus courants. D'autres vont du traitement du cancer à la contraception. « Les médicaments non conformes ou falsifiés ont non seulement un impact tragique sur les patients et leurs familles, mais ils constituent également une menace pour la lutte contre la résistance aux antimicrobiens, aggravant la tendance inquiétante des médicaments qui perdent leur pouvoir thérapeutique », a, pour sa part, estimé Mariângela Simão, sous-directrice générale de l'OMS.

Les médicaments non conformes aux normes sont des médicaments qui n'ont pas réussi à passer les tests de normes et de qualité. Ils doivent être distingués des médicaments contrefaits (falsifiés) qui sont délibérément et frauduleusement mal étiquetés.

Au total, le marché mondial de la contrefaçon de médicaments représentait soixante-quize milliards de dollars par an, selon un rapport de l'Iracm, via internet et des flux physiques. Le World economic forum va plus loin en chiffrant, en 2014, ce marché illicite à deux cents milliards de dollars.

Les médicaments de qualité inférieure ou contrefaits sont un problème répandu notamment en Afrique.

Noël Ndong

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