Saut-de-mouton Binza-Pompage : coup de colère des usagers une année après le début des travaux

Jeudi 18 Juin 2020 - 16:35

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Intégré dans le Programme des 100 jours du président Félix-Antoine Tshisekedi, l’ouvrage reste un projet inachevé ou presque. En effet, les travaux du nouveau Pont sont terminés effectivement, mais les voies secondaires, le parking, l’éclairage public et l’assainissement du milieu sont bloqués pour l’heure. L’engagement du gouvernement central de terminer les cinq sauts-de-mouton de Kinshasa avant le 30 juin semble bien compromis.

Au quartier Pompage, dans la commune de Ngaliema, et ses environs, l’heure est grave. La date du 30 juin approche à grand pas, et le saut-de-mouton érigé pour fluidifier la circulation dans la seule artère menant dans les quartiers populeux de Mazal, CPA ou Mbudi, à la commune voisine de Mont-Ngafula, est loin de devenir une réalité. Pour l’ancien ministre de l’Urbanisme, Thomas Luhaka, l’initiateur de la demande d’intégration du saut-de-mouton de Pompage dans le Programme des 100 jours du président Tshisekedi, l’objectif poursuivi était d’arriver à trouver des réponses durables au sempiternel problème des embouteillages qui débutaient dès 4 heures du matin. Bien qu’aucune étude sérieuse n’ait étayé une telle assertion, le début des travaux de construction de l’ouvrage a suscité tout de même une lueur d’espoir. Cette partie de la capitale a  enregistré un boom démographique sans précédent au cours des dernières décennies. Après deux cérémonies d’inauguration manquées et la stagnation constatée actuellement, les langues se délient pour dénoncer l’incapacité des décideurs à respecter leurs propres engagements.

Sur le terrain, la situation paraît presque invraisemblable. Chauffeurs de poids lourds, motocyclistes et autres passants se partagent d’étroits espaces de dégagement au moment où la partie supérieure du pont exécutée par CREC 7 est bien achevée mais reste bloquée sur décision de la haute hiérarchie. « Si ce pont était vraiment une réponse aux problèmes de la population, on n’aurait pas interdit la circulation automobile sur la partie supérieure pour la sécurité des usagers pendant les travaux de finition. Vous n’avez pas l’idée du nombre de poids lourds qui passent tous les jours par ici. Nous devons nous frayer des chemins parfois à quelques centimètres de leurs gros pneus. Qu’adviendrait-il le jour où les freins d’un de ces engins vont céder ? Il y aura des morts inutiles parce que les décideurs n’anticipent jamais les événements mais les subissent », explique Nancy T. Pour Marc D., un autre usager de la route, aucune raison plausible ne peut empêcher la circulation sur la partie supérieure. « Il n’y a qu’une seule route pour accéder à nos quartiers, et l’on se donne le luxe de la bloquer jusqu’à la fin des travaux. L’on nous demande de nous débrouiller pour passer de l’autre côté car ils n’ont pas prévu des voies sécurisées pour les passants. Nous avons vu les ministres et le gouverneur de la ville à Pompage. Malgré ces visites intempestives, il n’y a pas eu un seul centimètre de routes secondaires construit dans la partie inferieure depuis l’arrêt des travaux», s'est-il plaint.

Conçu au départ pour une durée de trois mois, le saut-de-mouton de Pompage, qui s’étend sur une quarantaine de mètres avec ses deux bandes, dépasse aujourd’hui les douze mois de travaux (date de l’inauguration des travaux  le 3 mai 2019) sans que l’on ne sache estimer le temps restant. « Nous sommes des centaines de personnes à nous engouffrer chaque jour au même moment dans un espace fort réduit. Au lieu de nous ouvrir le saut-de-mouton pour casser la forte promiscuité en pleine période de coronavirus, on nous envoie la police judiciaire pour contrôler le port effectif des masques. Mais les autorités elles-mêmes passent sur le pont. C’est désespérant », a-t-il déploré. Une affaire a suivre.
 

Laurent Essolomwa

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