Soudan/Soudan du Sud : Khartoum et Juba ont conclu un accord de principe sur le pétrole

Samedi 6 Février 2016 - 11:31

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Les ministres du pétrole des deux pays ont signé, le jeudi 4 février, un accord de principe sur le montant de la redevance que paie le Soudan du Sud au Soudan pour l’utilisation de ses oléoducs.

Les gouvernements des deux pays ont convenu que cette redevance, au lieu d’être fixe, serait désormais indexée sur le prix du brut. « Nous avons discuté et nous nous sommes accordés sur le principe d’une révision de l’accord », a déclaré le ministre sud-soudanais du Pétrole et des Mines, Stephen Dhieu Dau.

La signature de cet accord de principe était tant souhaitée par Juba puisque les oléoducs soudanais menant vers Port-Soudan, sur la mer Rouge, sont indispensables au Soudan du Sud pour exporter son brut. Ceci malgré le fait que Juba vend actuellement à perte son brut en raison de la chute des cours mondiaux et du montant de cette redevance, fixée jusque-là à 24 dollars le baril.

Selon le ministre sud soudanais la redevance « fluctuera à la hausse ou à la baisse, en fonction des prix du brut au niveau mondial.» Pour sa part, son homologue soudanais, Mohammed Awad, a indiqué que malgré la signature de l’accord de principe, les détails techniques s’y  rapportant doivent encore être établis.

Lors de la proclamation de l’indépendance le 9 juillet 2011, après des décennies de conflit avec le Soudan, le Soudan du Sud avait hérité de 75% des réserves pétrolières du Soudan pré-sécession. Mais, enclavé, il continue de dépendre des infrastructures soudanaises pour exporter son pétrole. Ce qui fait que l’économie du plus jeune pays du monde, qui a replongé en décembre 2013 dans la guerre civile soit maintenant au bord de l’effondrement. En témoigne le fait que la production de pétrole - dont le Soudan du Sud tirait 98% de ses recettes à son indépendance - a diminué de plus de la moitié pour s’établir à environ 150.000 barils par jour. A cela s’ajoutent d’autres problèmes qui ont également un des conséquences néfastes sur son économie : la livre sud-soudanaise a sombré, l’inflation s’est établie à plus de 100 % sur un an en décembre et le pays manque cruellement de devises.

En janvier dernier, Global Witness, une ONG de lutte contre la corruption liée aux ressources naturelles, avait indiqué que le Soudan du Sud vendait son pétrole à environ 20 dollars le baril. Quant au ministre sud-soudanais du Pétrole et des Mines, Stephen Dhieu Dau, il avait estimé le même mois que l’arrêt de la production de brut de son pays était inévitable à court terme, faute d’un accord avec Khartoum sur une réduction de la redevance.

Les observateurs de la situation au Soudan du Sud ont avancé que ces derniers mois, Juba n’a pas pu payer cette redevance. Il s’agit donc de la conséquence de mauvaises années de gestion et de l’arrêt de l’exploitation du brut entre janvier 2012 et avril 2013, qui ont profondément affecté la production de brut du Soudan du Sud. Ce qui s’était soldé par d’intenses combats frontaliers avec le Soudan entre mars et mai 2012, puis par la guerre civile.  

 

Nestor N'Gampoula

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