Terrorisme : l’IFRI évoque le ralliement du groupe Mokhtat Belmokhtar Al-Mourabitoum à Aqmi dans une étude

Vendredi 27 Janvier 2017 - 15:29

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Menée par Marc Mémier, spécialiste des questions sécuritaires et groupes armés djihadistes dans le sahel, l’étude s’interroge sur les objectifs et les intérêts du deal signé entre le groupe de Mokhtar Belmokhtar, Al-Mourabitoun et Aqmi intitulée « AQMI et Al-Mourabitoun : le djihad sahélien réunifié ? »

 

L’auteur de l’étude  retrace la genèse d’Aqmi, reconstitue sa situation après l’opération  Serval au Mali, et s’interroge  sur la place et les garanties obtenues. Il rappelle les « luttes internes » qui ont débouché sur la création du groupe de Belmokhtar en 2013 et consacre la deuxième partie de son étude à une recherche approfondie et pertinente sur les objectifs et le fonctionnement interne d’Al Mourabitoun et ses « effectifs et sources de financement, sa place au sein d’AQMI », ainsi que son «  mode opératoire et ses principaux faits d’armes ».

L’étude décèle les implications du rapprochement entre les deux groupes, sur le plan organisation, opérationnel et global « sur la stratégie renouvelée d’Al-Qaïda face à la montée en puissance de l’EI sur ses terres », les tensions internes déclenchées lors du déploiement des opérations d’Aqmi dans la région sahélienne qui ont abouti à une  « véritable confrontation » entre les chefs de ce groupe concernant « la vision et l’agenda politique » d’AQMI.

Des confrontations qui se sont manifestées au niveau des relations entre les deux principaux commandants de la zone Sud, Mokhtar Belmokhtar et Abou Zeid, qu’entre l’émir d’Al Mourabitoun et le chef d’AQMI,  leurs divergences sur la « stratégie de financement et le mode opératoire à respecter », leur désaccord sur les dossiers stratégiques notamment sur  les prises d’otage, la fourniture d’armes, la sécurité des communications, la structuration du groupe.

Ainsi en août 2013 fusionnent, Belmokhtar - il n’était pas partisan frontale avec les forces françaises- et le Malien Abderrahmane Ould El-Amar - figure influente du MUJAO. Selon des informations diffusées par la section libyenne de l’État islamique en août 2015, le groupe aurait été créé en Libye où Belmokhtar est arrivé pour trouver refuge durant les premiers jours de janvier 2014. C’est alors qu’il aurait noué de forts liens locaux et se serait marié avec une femme d’une famille influente de la région. L’objectif affiché consistait en la mise en place d’un mouvement à l’échelon du continent « qui regroupe tous les moudjahidines et musulmans d’Afrique ».

D’où le nom « Al-Mourabitoun-Al-Qaïda pour le djihad en Afrique ». Sur le plan idéologique, il affirme s’inspirer de la doctrine d’Al-Qaïda et des Talibans dont l’action des leaders respectifs, Ayman Al-Zawahiri et Mohammad Omar (plus connu sous le nom de mollah Omar), est saluée. L’objectif étant de faire revivre la mémoire et le symbole de l’unité et de la puissance perdue et de « se prévaloir du grand destin de l’État des Almoravides dont les symboles étaient la science et le djihad ». Le nom de l’organisation est donc dans la compréhension des objectifs du groupe.

« Al-Mourabitoun » évoque la dynastie berbère des Almoravides qui régna entre le XIe et le XIIe siècle (1040-1147) sur un empire allant de l’Ouest du Sahara et du Maghreb jusqu’au Sud de la péninsule ibérique pour unifier les musulmans du Sahel et du Maghreb dans un même ensemble à partir d’une conquête partant du Sud (Sahel) vers le Nord (Maghreb).

On s’aperçoit que « la création du groupe est une manifestation d’une guerre de leadership ou celle d’un nouveau fanatisme local. La fondation d’Al-Mourabitoun répond à un projet politique et idéologique d’ambition continentale, réfléchi et à l’ancrage historique », conclut l’étude.

Noël Ndong

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