Terrorisme : l’Italie fermement aux côtés de la France

Lundi 18 Juillet 2016 - 17:55

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Gouvernement, institutions et individualités ont exprimé leur participation au deuil de la France après l’attaque de Nice.

Le Premier ministre italien, Matteo Renzi, a réuni lundi à Rome, un conseil de sécurité pour passer en revue les mesures à prendre contre le terrorisme à la suite de l’attaque de Nice. L’Italie a été très fortement marquée par cet acte perpétré un 14 juillet à Nice, la plus italienne des villes françaises, et les réactions de l’homme de la rue et des politiques sont à la hauteur d’une participation plus de que convenance. Dès les premiers instants, le Premier ministre a twitté que le terrorisme ne vaincra pas. « Ils veulent détruire notre mode de vie et la démocratie », mais ils n’y arriveront pas, a fait comprendre M. Renzi.

Exprimant ses condoléances à la France, il a rappelé que la guerre qui est déclarée par le fondamentalisme islamique appelle à l’union des efforts. « Ces images de terreur vont et viennent dans la tête et font mal, mais les terroristes ne l’emporteront pas », a martelé M. Renzi. « Réagir est un devoir moral. Ne pas laisser les Français seuls, c’est l’engagement de l’Italie et de toute la communauté internationale. Comme l’a dit le président Hollande, la France est frappée mais elle sera plus forte que les fanatiques ».

A la suite et à l’image du Premier ministre, une longue liste de représentants institutionnels a adressé des messages émus à leurs homologues français. Présidents de conseils régionaux, leaders syndicaux, élus de l’Assemblée et du Sénat, leaders de tous bords politiques et jusqu’à l’Eglise catholique ont communié à la douleur de la France, le disant et l’écrivant de mille et une façons. Dimanche, devant une foule immense de fidèles venus Place Saint-Pierre pour l’Angélus, le Pape qui avait « condamné de la manière la plus ferme » cet acte, a redit qu’il était « proche de chaque famille et de la nation française toute entière. La douleur est vive dans nos cœurs après ce massacre… ».

Remarquable encore, a été la spontanéité de réaction de la communauté musulmane d’Italie. « Aujourd’hui est un jour deuil et de douleur pour le monde et en particulier pour nous musulmans. Vos morts sont nos morts », a expliqué dans un message Sharif Lorenzini, président de la Communauté islamique d’Italie (CIDI) et porte-parole du Conseil islamique suprême des Musulmans en Italie (CISMI). « Notre pensée va vers les familles des victimes et des blessés dans cette vile, aveugle et absurde attaque terroriste qui vise à semer les germes de la division sociale », a-t-il affirmé.

L’émotion en Italie est sans doute plus vive que partout ailleurs en Europe, en raison de la proximité géographique avec ce pays qui n’est « séparée » de la France que par les Alpes, cordon ombilical plus que barrière, chaîne montagneuse qui s’étend dans les deux pays. Mais pas seulement : jusqu’en 1860, Nice était une ville italienne. Aujourd’hui, une forte proportion de ses 350.000 habitants sont des Niçois aux noms typiquement italiens (ce qui a ajouté à la confusion pour le bilan des victimes et la distinction des nationalités,voir encadré). Actuellement, 30.000 Italiens (de nationalité) vivent de manière stable dans cette ville.

C’est pourquoi la probabilité qu’il y ait des Italiens morts dans l’attaque, de jeudi dernier, restait encore forte lundi. On continue, en effet, de rechercher des ressortissants dont on est sans nouvelle, ne sachant pas s’ils figurent parmi les décédés ou les blessés graves, dont on n’arrive pas à déterminer la nationalité. « Il y avait beaucoup d’Italiens sur la Promenade des Anglais hier soir, avec le risque qu’ils soient des victimes de l’attentat », expliquait dès vendredi Mme Serena Lippi, la consule générale de l’Italie.

Le deuil dans le drapeau

Le chroniqueur de radio italien était on ne peut plus émotionné. Au volant de son camion, le Tunisien Mohamed Lahouaiej-Bouhlel venait de, littéralement, faucher plus de cent personnes sur la Promenade des Anglais, à Nice. La directe depuis Rome était tout le temps interrompue par les mises à jour constantes venant de Nice, l’horreur se révélant dans toutes ses particularités seulement au fur et à mesure en ce 14 juillet, jour de la fête nationale française. Grande référence mondiale. Nous étions tous pendus aux journaux.

« Eh ! bien, amis auditeurs, je rectifie la nouvelle que je donnais il y a quelques instants: on a parlé de quatre Italiens morts dans l’attaque, il n’en est rien. A l’heure où je vous parle, il y a trois Italiens blessés certifiés, blessés mais pas décédés. La confusion vient de ce qu’à Nice il y a beaucoup de morts avec des noms à consonance italienne. Donc je redis, rassurez-vous : des blessés chez les Italiens, oui, mais pas de morts… ».

« Rassuré » que le mort puisse être de mon « ethnie », mais pas de mon pays ? Vraiment ? Etrange de voir comment les drapeaux peuvent déterminer les émotions.. Pour rassurer, le chroniqueur a voulu limiter sa compassion aux « Italiens de passeport », pas à ceux qui ont du sang italien dans les veines mais sont de nationalité française.

Curieux, le monde : de la Côte d’Ivoire de l’Ivoirité à la France du Front national, les origines, ascendances et descendances se choisissent des critères paradoxaux pour déterminer qui est mon compatriote. Né ici ou né de parents d’ici ? Naturellement, le chroniqueur faisait sa retransmission dans un contexte de grand stress qu’on peut comprendre, mais tout de même !

Lucien Mpama

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