Vatican : cinq ans d’un pontificat atypique

Jeudi 15 Mars 2018 - 17:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Voici cinq annnées que le pape François préside aux destinées de l’Eglise catholique. Lorsqu’il y arrive un 13 mars 2015, Jorge Maria Bergoglio est un parfait inconnu pour bon nombre de catholiques. Certes, l’alors archevêque de Buenos Aires, en Argentine, a déjà marqué l’histoire de l’Eglise de son pays par des prises de position équilibrées. Certes aussi, dans une Amérique latine où sont passés des régimes dictatoriaux suivis ensuite par des mouvements d’inspiration marxiste et souvent anticléricaux, les relations entre l’Eglise et les dirigeants politiques sont loin d’être simples.

 

 

 

 

 

 

Une théologie d’inspiration marxiste, la théologie de la libération, affaiblit l’influence des catholiques romains. Certains grands intellectuels catholiques s’y rallieront. Au Nicaragua, des prêtres catholiques rejoindront même le Mouvement sandiniste et deviendront de ministres du gouvernement de gauche. Mais en Argentine où la dictature militaire a lourdement sévi aussi, le cardinal archevêque de Buenos s’est tiré de toutes les embûches, ne se faisant pas le complice des thèses extrémistes, religieuses ou marxistes.

C’est ce qui fera basculer en sa faveur le choix de ses pairs réunis dans la Chapelle Sixtine, au Vatican, pour élire un nouveau pape après la démission du pape Benoît XVI. Ses premiers mots depuis le balcon de Saint-Pierre, le 13 mars 2013, vont donner le ton. Son nom de pape aussi. Il parle de lui comme d’un pape que ses pairs cardinaux sont allés « chercher au loin ». Il fait annoncer avoir choisi de s’appeler François, à l’instar du « petit saint des pauvres » d’Assise, celui-là même qui parlait aux oiseaux et qui est devenu le patron des écologistes.

En cinq ans, le nouveau pape aura pratiquement tout connu : des scandales de trahison de ses proches collaborateurs, de pédophilie de prêtres y compris d’un nonce qui mourra d’ailleurs en prison au Vatican où il a fini par l’enfermer, des difficultés pour gérer les institutions financières du Vatican, un début de fronde de théologiens conservateurs, etc… Le pape François a tenu bon. Il a mis en place un conseil de neuf cardinaux pour le conseiller dans les réformes inévitables ; un Africain, le cardinal Laurent Monsengwo de Kinshasa, en fait partie.

Communiquant une simplicité qui renforce l’impact de son aura, il effectuera un voyage historique en Afrique, y compris dans la sous-région  Afrique centrale où il choisit la République Centrafricaine pour poser sa valise, parce que ce pays est déchiré par des dissensions qui risquent de se transformer en guerre de religion. Il amorce la réconciliation avec les orthodoxes de Moscou, visite Cuba où il entrouvre le dégel des rapports de l’île avec les Etats-Unis, et aide à l’extinction de la plus ancienne rébellion en Colombie.

Il parle aux familles et dénonce une guerre mondiale par fragmentations qui frappe les pauvres. Il produit des textes de réflexion théologique, dont Laudato Si, sur la préservation de la Terre, « notre maison commune ». Le pape argentin, né de parents immigrés italiens, s’oppose sur la politique de l’immigration avec le président Donald Trump qui entend ériger un mur le long de la frontière avec le Mexique. Le changement radical induit par l’arrivée du pape François au Vatican a d’abord été marqué au cours de ces cinq ans par une communication simplifiée, inclusive, « à hauteur d’homme », disent les Vaticanistes. C’est un pape simple qui porte lui-même sa sacoche durant les voyages et qui continue de loger dans une résidence pauvre au Vatican, loin des or et des lambris des appartements pontificaux.

Célestin Loubeto

Notification: 

Non