Vie associative : l’ADU veut intégrer la culture du « vivre-ensemble » au Congo

Mercredi 11 Juin 2014 - 14:12

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Apprendre à vivre ensemble est, pour l’association Désir d’unité (ADU) que préside Jean-de-Dieu Kourissa, un élément fort de l’unité nationale. Ainsi, pour marquer son entrée dans le cercle des associations congolaises, le président de ladite association a lancé, le 10 juin à Brazzaville, les travaux d’une journée scientifique portant sur l’unité nationale

Née du désir et de la nécessité de bâtir un Congo nouveau, cette association apolitique prône le vivre-ensemble, dans une vision d’unité ethnique, linguistique et dans un environnement social cohérent. Ainsi, la sortie officielle de l’ADU couplée au lancement de ses travaux a constitué un moment de vérité, illustrant les idéaux de cette association.

« Notre pays doit pouvoir se réconcilier avec son histoire et s’ouvrir vers un horizon pluriel né de cette même histoire en refoulant tout ce qui sert le champ de la division et de l’insécurité. Il est nécessaire de renoncer au repli identitaire, car ce phénomène émergent, persistant et antipatriotique semble aller de soi pour tous les Congolais — plus même entre les Congolais —, inaperçu et en passe de tomber dans l’oubli », a déclaré Jean-de-Dieu Kourissa, avant de poursuivre : « Notre société ne s’est pas encore donné les moyens suffisants pour concevoir ce devenir dans toutes les dimensions. C’est une réalité concrète qui dépend de chacun de nous, car le vivre-ensemble est un défi à partager ensemble. En effet, il est temps de sortir de la vallée obscure et désertée du repli identitaire afin d’emprunter la voie éclairée, celle de la sauvegarde d’une République digne ».

Cette première journée scientifique organisée par l’ADU sur le vivre-ensemble a amorcé une réflexion interdisciplinaire sur ses enjeux avec la collaboration de penseurs, d’étudiants et de citoyens. Le thème général, « Du repli identitaire au vivre-ensemble », a été enrichi par les points de vue des philosophes, économistes, historiens, juristes et linguistes, pour démontrer la complexité et l’intérêt du sujet. Dominique Ngoï-Ngalla, Mahamade Savadogo, Antonio Mabiala, Jean-Pierre Missié, Samuel Matabantu, Cyriaque Guy-Roger Gombé-Apondza se sont, entre autres, exprimés sur le sujet, chacun l'analysant sous tous ses aspects selon son domaine de savoir.

Cette rencontre des savoirs a permis aux participants de comprendre l’intérêt sinon l’avantage du vivre-ensemble, tant historiquement qu’économiquement et sociologiquement. Selon les intervenants, le vivre-ensemble est enrichissant dans bien des domaines. D’où l’idée que la redistribution collective et la reconnaissance doivent être mises en adéquation pour le favoriser.

Plusieurs thèmes ont été abordés dans une approche scientifique et sociologique de haute portée intellectuelle. Les exposés ont porté sur le repli identitaire vs la conscience historique nationale ; la place de l’autre dans la construction de la culture de la paix en Afrique ; le repli identitaire, une approche biblique ; identité culturelle et identités meurtrières à la lumière de la sociologie. Les conférenciers ont également présenté des communications sur des thèmes suivants : cadres juridiques et identité nationale aujourd’hui ; les fondements anthropolinguistiques du repli identitaire et ses difficultés ; le repli identitaire sur les performances économiques ; à propos des imperfections éthiques et des carences intellectuelles du repli identitaire au Congo.

Sur ces thèmes complexes et sensibles, les intervenants ont su donner du sens à cette problématique pour qu’enfin les Congolais vivent dans une co-relation plus paisible, bannissant les différences ethniques, sociales et linguistiques. Pour y parvenir, il est important, selon eux, de répartir les biens matériels et symboliques de manière équitable afin de concilier l’idéal patriotique avec l’intérêt de la Nation.

En guise de témoignage, les élèves de l’École militaire préparatoire Général-Leclerc ont, dans leur exposé, démontré comment leur école savait combiner le savoir-vivre au savoir-être, en excluant les complexes sociolinguistiques et ethniques. Ce témoignage des enfants de troupe a prouvé à raison que le vivre-ensemble est possible dans un pays où le repli identitaire trouve son expression en tout lieu.

Pour pérenniser son action, l’ADU, qui se veut un chantier de la réflexion, mènera une série d’activités aussi bien intellectuelles, scientifiques que culturelles et souhaite s’implanter dans tous les départements du Congo. Pour ce faire, elle mettra en place un comité scientifique auquel sera confiée la mission de définir les stratégies d’actions visant à lutter contre le repli identitaire.

Josiane Mambou Loukoula

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Le présidium des travaux. Photo 2 : Les participants à la journée scientifique (© Adiac).