Les souvenirs de la musique congolaise : de l’Ok Jazz au Tout Puissant Ok Jazz, à l’ascension et la gloire du Grand Maitre Franco (2)

Vendredi 10 Novembre 2023 - 16:07

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Afin de sauver le navire Ok Jazz suite à la défection en avril 1959 de Célestin Kouka, Edo Ganga, Daniel Loubelo De la Lune, Saturnin Pandi et Jean Serge Essous qui regagnèrent Brazzaville où ils créèrent l’orchestre Bantous de la capitale, Franco recrute d’autres musiciens dont Joseph Mulamba dit Mujos, Jean Kwamy Munsi (chanteurs), Jean Tshamala alias Picolo (guitare acc), Léon Bombolo dit Bolhen (guitare solo), Alphonse Epayo (guitare basse), Simon Moke (maracasiste), Albino Kalombo (saxo).

En 1960, Franco après avoir recouvré sa liberté suite à son incarcération par les autorités belges retrouve Vicky Lomgomba et Brazzos qui lui étaient restés fidèles de retour de Bruxelles où ils avaient été choisis par Joseph Kabasele pour agrémenter, avec l’African Jazz, la manifestation culturelle de la table ronde politique belgo-congolaise convoquée à Bruxelles, du 20 janvier au 20 février de la même année, et à l’issue de laquelle Kallé lança la chanson « Indépendance chacha » qui connut un succès continental.

Dans la foulée, Jean Munsi Kwamy dit Kwamy Lasintura et Dihunga Djeskin (chanteurs) sont enrôlés dans l’Ok Jazz, de même que Simon Moke (maracasiste). Ainsi, le groupe fut composé de Franco (guitare solo), Vicky Longomba, Mujos et Kwamy (chanteurs), Isaac Musekiwa (saxo), Kalombo Albino (saxo tromp.), Bosuma Désoin (tumba), Léon Bombolo Bolhen (guitare solo), Lutumba Simaro et Brazzos (guitare accompagnement), Alphonse Epayo (guitare basse). Des chansons comme « Como Quere », « Jalousie ya nini », « Na banzi zozo », « Boka mopaya pasi », « Yamba nga na Leo », « Mobali ya ouilleur », « Amida moziki ya ok », réalisées avec la voix chaleureuse de Mujos, sont au top succès de l’Ok Jazz. A l’actif de ses enregistrements, le premier équipement musical de l’Ok Jazz acheté par Joseph Kabassele, fruit de la vente des disques de l’orchestre par les Editions Surboom, propriété de Kallé Djef.

En 1961, l’Ok Jazz est le deuxième orchestre congolais à se rendre à Bruxelles après l’African Jazz et créa par la suite son édition musicale dénommée « Epanza Makita » avec le concours de Thomas Kanza (personnalité politique de l’Abaco). Cette année fut marquée également par le come-back dans l’Ok Jazz d’Edo Ganga et Daniel Loubelo de la lune après un bref séjour dans l’orchestre Bantous de la capitale.

Suite à l’implosion de l’African Jazz en 1963 qui engendra la naissance de l’African Fiesta dans le champ musical kinois et dont les têtes d’affiche furent Rochereau, Nico, Déchaud, Roger Izeidi et Mujos (transfuge de l’Ok Jazz), des titres sublimes, entre autres, « Permission », « Na leli Leo », « Pesa le tout », produits par l’African Fiesta, font tabac et changent la donne musicale à Léopoldville. L’African Fiesta se positionne comme l’adversaire de l’Ok Jazz, une concurrence s’installa entre les deux groupes musicaux. Dans cette atmosphère, Kwamy quitte l’Ok Jazz et rejoint l’African Fiesta où il remplaça Mujos qui traversa le fleuve pour intégrer les Bantous de la capitale au début de l’année 1964. L’entrée de Kwamy dans l’African Fiesta fut marquée par un tube intitulé « Bélinda » qui connu un franc succès suivi de « Faux millionnaire » un autre tube dans lequel Kwamy fustigea le comportement de Franco son ancien patron pour promesse non tenue en termes de finances et matériel à son égard lors de son séjour dans l’Ok Jazz. « Faux millionnaire », chanson culte du Mbuakela ou diatribe dans laquelle Kwamy traita Franco de faux millionnaire, fut à l’origine d’une polémique entre les deux artistes musiciens. Franco n’étant pas né de la dernière pluie, comme une réponse du berger à la bergère, rétorqua dans la chanson ‘’Chicotte », et Kwamy enfonça le clou et lança « O niati liyanzi ». Ce fut la déclaration de guerre entre les deux protagonistes. Pour taire son adversaire, Franco mit sur le marché le tube intitulé « Course au pouvoir », chanson emblématique qui mit un terme à ladite guéguerre.

Nonobstant le départ de certains musiciens, entre autres, Bolhen et Vicky Longomba, qui créèrent l’orchestre Négro succès, l’Ok Jazz enregistra l’arrivée d’autres au cours des années 1963, 1964, 1965 et 1966 en l’occurrence Lola Djangi  alias Checain, Michel Boyibanda (ancien sociétaire du Négro Band et Bantous de la capitale), Youlou Mabiala (chanteurs), Verckys Kiamwangana (saxo) et autres vont gonfler le nombre des musiciens qui furent à l’origine de la gloire de Franco et l’épopée de l’Ok Jazz.

A suivre…

Auguste Ken Nkenkela

Légendes et crédits photo : 

L'artiste Franco/DR

Notification: 

Non