Les immortelles chansons d’Afrique : « Mulherengo » de Rigo Star

 « Mulherengo » est une chanson qu’on a souvent attribué à Koffi Olomidé pour l’avoir si bien interprétée. Parue dans l’album « Les prisonniers dorment », elle occupe la première place de la face B. Rigo Star, à travers cette chanson, utilise le monologue, un genre que l’on trouve au théâtre. Ici, le personnage principal est une jeune fille nommée Félie. Elle tient un discours à elle-même pour évoquer un passé et exprimer ce qu’elle ressent après avoir connu une déception amoureuse. Son problème c’est d’avoir aimé un « Mulherengo », c'est-à-dire un coureur de jupons. Au début de leur flirt, tout semblait parfait jusqu’au jour où elle tombe enceinte. C’est à partir de là qu’elle découvrira la face cachée de Moni Sokoto Mazala, son prince charmant. Elle ressasse toujours ce passé qui était si merveilleux. Elle pense aux promesses mutuelles non tenues, au projet d’avoir un fils dont le prénom de Roméo fut déjà trouvé.

Des phrases comme : « Ebale mozindo soki na yebaki ezalaka bolingo nde natiaki te mosapi », autrement dit « Si j’avais su que l’amour est un fleuve, je n’aurai pas mis mon doigt », « Ndako oyo kofandaka te oko yeba ndenge nini esika mayi eko tangaka », « Si tu n’habites pas une maison, tu ne peux savoir l’endroit où elle suinte  » montrent que cette jeune fille a appris de ses erreurs. Donc, les échecs peuvent se révéler comme de bons maîtres.

Cette œuvre dispose de deux parties. La première est chantée en homophonie et la seconde est un chant responsorial avec un chœur. Ici, la guitare solo est de Rigo Star, la rythmique de Do Akongo et la basse de Ngouma ; le chœur est constitué de Déesse Mugangi, Myriam Betty, Likinga Redo, Luciana et Dodo Munoko ; l’arrangement et la programmation sont de Maïka Munan et Manu Lima. 

De son vrai nom Adolphe Bamundélé Ifoli, Rigo Star naquit le 28 août 1955 à Léopoldville. Il doit son sobriquet au batteur des beattles Richard Starkey, alias Rigo star. Il débute sa carrière très jeune au sein d’un petit groupe du quartier Guiri-Guiri dénommé « Monano ». Ensuite, il va collaborer avec Aboumba, le frère cadet d’Abeti Masikini avant d’intégrer « Viva la Musica » pendant leur maquis. Il a été  plébiscité meilleur guitariste en 1977. En 1985, il a joué dans l’album « M-pokolo » de Tshala Mwana. Il a aussi arrangé deux albums de Mbilia Bel « Ironie » et  « Phénomène ». Dans ce dernier, il joue toutes les guitares et le piano. Décédé le 26 octobre 2023 après avoir atteint le cap de 68 ans, Bamundélé a largement contribué au rayonnement des artistes congolais et d’ailleurs.