Bassin du Congo : les forêts menacées de pertes majeures d’ici à 2050

Samedi 26 Avril 2025 - 15:53

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Une nouvelle étude révèle que le bassin du Congo a perdu plus de 352 000 kilomètres carrés de couvert forestier entre 1990 et 2020, soit environ 8,5 % de sa superficie forestière totale.

Si les tendances actuelles se poursuivent, entre 174 000 et 204 000 kilomètres carrés supplémentaires (soit 3,7 à 4 %) pourraient être perdus d’ici à 2050. Les principales causes sont la croissance démographique et les changements climatiques.

La recherche, dirigée par le Dr Yisa Ginath Yuh du WWF et de l’Université Concordia au Canada, a examiné les changements du couvert forestier sur une période de 60 ans. En utilisant des outils modernes comme les données satellites, l’intelligence artificielle (machine learning) et l’informatique en nuage (cloud computing), l’équipe a cartographié l’utilisation des terres et la déforestation en Afrique centrale.

L’étude couvre une superficie de 2,3 millions de kilomètres carrés, soit environ 57 % du territoire terrestre du bassin du Congo. Elle montre que la déforestation est principalement causée par l’agriculture industrielle, l’agriculture à petite échelle et l’expansion urbaine — des pressions souvent liées à des facteurs économiques plus larges. Entre 1990 et 2020, les pertes de forêt ont été en moyenne de 5,2 %, 1,2 % et 2,1 % selon les décennies.

« Si l’utilisation actuelle des terres se poursuit, nous pourrions perdre plus de la moitié des forêts restantes d’ici à 2050 », alerte le Dr Yuh, ajoutant que « Cela aurait des conséquences graves sur la biodiversité et entraînerait une hausse des émissions de carbone ».

Le bassin du Congo joue un rôle fondamental dans le stockage du carbone et la régulation du climat. Ses forêts aident à stabiliser les températures mondiales et abritent de nombreuses espèces uniques. Pourtant, la vitesse de la perte forestière s’accélère.

« Nous voulons que ces données servent à orienter une meilleure gestion des forêts », souligne le Dr Kouamé Paul N’Goran, responsable du suivi environnemental pour le WWF dans le bassin du Congo, poursuivant: « Nos résultats montrent l’importance de politiques de conservation renforcées, telles que celles soutenues par le programme Redd+ des Nations unies ».

L’étude met également en évidence le rôle des nouvelles technologies pour améliorer le suivi forestier. Grâce à des cartes haute résolution et à des modèles prédictifs, les chercheurs proposent de nouveaux outils pour aider les planificateurs de la conservation à prendre des décisions éclairées.

Le bassin du Congo est déjà au cœur de nombreux programmes de conservation. Cette étude apporte des données actualisées qui peuvent contribuer à renforcer ces efforts. « Perdre plus de 352 000 km² de forêt en 30 ans est un signal clair : il faut changer d’approche. Protéger ces forêts est essentiel, tant pour les populations que pour la planète », conclut le Dr N’Goran.

Signalons que l’étude a été dirigée par le Dr Yuh et une équipe de six scientifiques. Ils ont utilisé des outils de données avancés pour analyser les schémas de déforestation et fournir des informations pratiques pour orienter les politiques forestières et les efforts de conservation dans le bassin du Congo.

Fortuné Ibara

Légendes et crédits photo : 

Vue de la forêt de la Likouala/DR

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