Pointe-Noire : sept enfants victimes de la traite en instance de rapatriement au Bénin

Samedi 3 Août 2013 - 15:40

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Placées en famille d’accueil depuis octobre 2002 pour certaines et janvier 2013 pour d’autres, sept jeunes filles béninoises, dont l’âge oscille entre 11 et 16 ans, vont retrouver leur pays d’origine, pourvu que la justice s'assure auprès des présumés trafiquants de leur engagement de dédommagement

Recrutés depuis leur pays d’origine par des trafiquants sur la promesse d’une vie meilleure, des enfants ouest-africains et béninois, notamment, sont exploités diversement sur fond de maltraitance, dans la vente de marchandises, les travaux forcés et la prostitution. Pointe-Noire représente, selon les chiffres, le piédestal de ce phénomène au Congo, considéré comme pays de destination.

C’est également à Pointe-Noire que le ministère des Affaires sociales a placé le projet de lutte contre la traite des enfants, installé lui-même sous coordination nationale. Le rapatriement imminent des sept filles pour lequel le projet s’est inlassablement activé, après avoir retiré les enfants des mains des bourreaux et les avoir placés en famille d’accueil, ne devra souffrir aucun obstacle surtout si le tribunal de grande instance de Pointe-Noire appelle les présumés trafiquants au respect de leur engagement.

Le 11 juillet 2013, en effet, devant les responsables de plusieurs structures qui participent au projet de lutte contre la traite, ces présumés trafiquants ont librement pris un engagement signé pour le paiement de l’ensemble des frais relatifs au dédommagement et au rapatriement des enfants recrutés au Bénin et qui ont durement travaillé sous diverses formes dans une activité commerciale et domestique. Le souci pour les responsables locaux du projet, qui se sont investis pour que ces enfants puissent regagner leur famille biologique, est de voir leurs efforts réduits à néant. En effet, nombre d’actions intentées en justice par la coordination du projet pour des pratiques de traite d’enfants n’ont jamais produit d’effet.

Dans une lettre adressée au procureur adjoint prés le tribunal de Pointe-Noire, la coordination du projet souhaite voir le processus de rapatriement réalisé dans les délais : « Notre sollicitude est d’autant plus grande et urgente que les engagements signés par les présumés trafiquants pour le rapatriement des enfants risquent de ne pas être concrétisés dans les faits et dans les délais fixés par le ministère des Affaires sociales faute de moyens de coercition de notre part. Cela affaiblirait la puissance publique et annihilerait tous les efforts consentis par le gouvernement de la République dans la lutte contre la traite des enfants au Congo. » Les présumés trafiquants doivent dès maintenant réagir à trois engagements : préparer une valise, s’acquitter du billet d’avion pour le Bénin et des frais de dédommagement, entre 300 000 et 500 000 FCFA selon les cas. Ces frais ont été vus d’un commun accord entre les parties, en attendant les conclusions des enquêtes judiciaires ;

En 2011, huit enfants ont été rapatriés vers le Bénin par le ministère des Affaires sociales grâce à la mise en œuvre des instruments juridiques que sont les accords de coopération et autres plans d’action et feuilles de route en matière de lutte contre la traite des enfants signés entre les gouvernements de la République du Congo et celui du Bénin. Avec le rapatriement imminent des sept filles dont les familles biologiques ont été retrouvées grâce à la brigade des mineurs béninoise, la coordination du projet et le ministère des Affaires sociales viennent de remporter un défi. Mais s’il ne reste pour l’heure aucun enfant en famille d’accueil, la bataille est loin d’être gagnée. Les trafiquants, dont les intérêts surpassent tout, aiguisent certainement dans le silence des stratégies plus cruelles. Plusieurs enfants ouest-africains croupissent sous la coupe de ces trafiquants. L’étude menée en 2006 et publiée en 2007 par le ministère des Affaires sociales avec l’appui de l’Unicef a formellement identifié et analysé le phénomène. Il ressort de cette étude qu’environ 1 800 enfants sont potentiellement affectés par la traite transfrontalière.

Victimes de traite transnationale ou interne, les enfants exploités, qui évoluent dans des conditions de vie particulièrement difficiles, ne reçoivent la plupart du temps en contrepartie de leur labeur qu’un maigre salaire au vu de leurs longues journées de travail et de la pénibilité de celui-ci. En 2012, six plaintes ont été déposées au tribunal de grande instance de Pointe-Noire et quatre plaintes déposées depuis le 17 janvier 2013 par le ministère des Affaires sociales. Aucun procès n’a été tenu à ce jour.

Quentin Loubou