UDPS : l’après Tshisekedi, le sujet qui fâche

Samedi 18 Octobre 2014 - 13:15

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La bataille de la succession n'est pas encore officiellement déclarée mais elle est déjà une réalité vivante au sein du parti face avec, en arrière-fond, le séjour médical prolongé d’Etienne Tshisekedi à Bruxelles.  

Depuis qu’il est parti se faire soigner en Europe, précisément à Bruxelles, Etienne Tshisekedi est devenu presqu’aphone face aux grands enjeux politiques du moment. Si au début, l’on pouvait trouver des explications plausibles pour justifier le mutisme de l’irréductible opposant en tablant sur des restrictions médicales que requiert son état de santé, le silence prolongé de l’intéressé plus de deux mois après, commence à susciter bien d’interrogations dans le chef de ses partisans. Nonobstant les assurances de ses proches confirmant sa bonne santé sur fond d’une solide conviction relative à son retour imminent dans l’arène politique, les plus septiques pensent plutôt le contraire au point d’exprimer leur agacement face à la rétention volontaire de l’information. De Bruxelles, l’on apprend que l’accès au leader de l’UDPS n’est pas donné à tout le monde. Tout serait filtré. Même ceux qui se targuent d’être très proches de lui sont souvent éconduits à leur grand étonnement, apprend-on.

Si pour certains, le challenger de Joseph Kabila à la présidentielle de 2011 continue de recevoir des soins de routine à domicile malgré « quelques petits problèmes de tension », d’autres par contre pensent qu’il ne s’est pas encore tiré de son lit d’hôpital. Deux sons de cloche symptomatiques du malaise qui gangrène aujourd’hui l’UDPS.  Pendant que l’entourage immédiat d’Etienne Tshisekedi joue la carte de la tempérance évitant de dramatiser l’état de santé du vieil opposant, les militants et sympathisants du parti, eux, épient un plan visant à l’écarter sournoisement du jeu politique. En fait, le débat sur le remplacement éventuel du « lider maximo » à la tête de l’UDPS n’est certes pas à l’ordre du jour, mais soulève déjà des vagues au niveau interne avec, à la clé, des pics lancés contre son fils Félix Tshisekedi présenté, à tort ou à  raison, comme le virtuel successeur de son père. Selon certaines indiscrétions, un mini congrès anticipé serait même déjà envisagé sous sa houlette pour justement régler l’épineuse question de la succession. Le représentant de l'UDPS au Canada qui aurait fait fuiter cette information dans les médias en a payé le prix jusqu’à tomber en disgrâce vis-à-vis de la hiérarchie du parti.

Tous ceux qui redoutent l’avènement de Félix Tshisekedi à la tête de l’UDPS  n’apprécient guère les initiatives de ce dernier dont l’aura est en constante progression depuis qu’il a pris l’option de redynamiser les activités du parti à la base à travers ses récentes itinérances dans le Congo profond.  « Je suis prêt à servir les intérêts de mon parti en cas de besoin », n’arrête-t-il de marteler comme pour répondre à ses détracteurs pas du tout convaincus sur ses réelles intentions.  Alors qu’il clame tout haut ne pas vouloir se positionner comme le dauphin de son père, Félix Tshisekedi évolue dans un contexte plutôt favorable caractérisé par l’éviction des potentiels concurrents à l’image d’Albert Moleka limogé en mai dernier. Les adhésions massives suscitées autour de sa personne sont prémonitoires d’un succès garanti au cas où il exprimait officiellement ses ambitions.  

C’est dire que la bataille de la succession est déjà engagée au sein de l’UDPS et parait déjà gagnée d’avance par un Félix Tshisekedi de plus en plus volubile, entreprenant et actif sur le terrain. Il a le mérite de bénéficier de la caution de sa mère dont les prises de position ont toujours influé d’une manière ou d’une autre sur la marche du parti. Au-delà, d’aucuns pensent que ce parti, réputé républicain, a tout intérêt à régler cette épineuse question dans la sérénité en interrogeant ses textes fondateurs tout en évitant de sombrer dans la division à laquelle pourrait donner lieu un coup de force mal négocié.                  

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Félix Tshisekedi