Prochaine visite du président français au Vatican

Jeudi 9 Janvier 2014 - 14:39

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

François Hollande vient à Rome dans deux semaines. Il y rencontrera le pape François pour la première fois

Ce sera la première rencontre du chef de l’État français avec le nouveau pape. Le 24 janvier, les deux hommes vont enfin s’entretenir au Vatican pour, sans doute, évoquer les sujets prégnants du moment. Les relations entre la France et le Saint-Siège sont quelque peu particulières. « Fille aînée de l’Église », suivant l’expression du pape Jean-Paul II, la France s’est toujours montrée moins docile aux injonctions du Vatican sur les graves questions de société sur lesquelles l’Église se veut ferme.

Les unions entre personnes de même sexe ; la liberté d’avorter et les prises de position sur l’euthanasie ont rarement trouvé les deux parties rangées du même côté. Ainsi, le nouveau pape, dont pourtant beaucoup de prises de position suscitent un large écho de sympathie même dans les milieux laïcs, n’hésitait-il pas à recommander à des parlementaires français, en mai dernier, de veiller à « donner une âme aux lois » et quand elles ne répondaient pas à l’éthique, à « les abroger » purement et simplement.

Son ‘conseil’ intervenait dans le contexte de la légalisation en France des unions homosexuelles, des débats sur l’euthanasie et le suicide assisté, thèmes qui représentent des points de divergence continue avec l’Église. Benoît XVI avait, quelque temps auparavant, tout aussi fermement demandé aux évêques français en visite ad limina au Vatican en novembre 2012, de faire « entendre sans relâche » leur voix « dans les débats importants de société ». Et cette ligne tient depuis Jean-Paul II, au moins, qui interrogeait en 1980 : « France, fille aînée de l’Église, es-tu restée fidèle aux promesses de ton baptême ? »

Là où société civile et intelligentsia de gauche en France parlent de « droits », de « liberté », de « progrès », le Vatican répond constamment en écho « devoir », « sacralité de la vie », « indissolubilité du mariage » entendu comme « une union entre un homme et une femme ». Quand, en France, on brandit la pancarte pour le « droit à l’avortement », au Vatican on réaffirme que l’embryon est déjà un être humain complet ; avorter c’est tuer un enfant sans défense. Devant les évêques français, le pape Benoît XVI soulignait en novembre 2012 « l’énorme défi à vivre dans une société qui ne partage pas toujours les enseignements du Christ, et qui parfois cherche à ridiculiser ou à marginaliser l’Église en désirant la confiner dans l’unique sphère privée ».

Ces sujets de friction n’empêchent pas une collaboration heureuse et même une vraie convergence de vues sur d’autres thèmes tout aussi importants : le développement (en Afrique, par exemple) ; les changements climatiques ; la dette ; la pauvreté… Il y a deux semaines, le Vatican s’est « réjoui » de la libération au Nigéria du père Georges Vandenbeusch, prêtre catholique français enlevé au nord-Cameroun à la mi-novembre, libération intervenue avec sans doute le concours discret mais actif des services français et camerounais.

Enfin, il est à rappeler que les chefs d’État français sont de facto « premiers et uniques chanoines d’honneur » de la basilique patriarcale Saint-Jean-de-Latran, la basilique du pape à Rome. C’est ainsi que le général De Gaulle, Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, Georges Pompidou et François Mitterrand sont venus prendre, dans des modalités diverses, possession de leur titre à Rome. Après son élection, François Hollande a accepté le titre, mais n’a pas voulu venir à Rome prendre possession de la stalle, la distinction qui va avec.

Lucien Mpama